Le Havre de Aki Kaurismäki en décalage avec cette époque !

Force est de reconnaitre que la période que nous traversons est une période tourmentée où règne en maître la violence. Devenus presque tous adeptes de la méthode brutale particulièrement en vogue, du plus grand au plus petit, on tente de régler ses problèmes par la force de ses biceps, faisant toujours preuve d’imagination fertile face à tout obstacle ! Qui d’user de chars, de lois, de karcher, qui de tabasser, d’étrangler, de tuer et tout cela sans complexe comme si telles étaient les nouvelles normes !

Même des prêtres se sont mis au diapason flirtant allègrement avec ces bizarres méthodes de traitement. En effet, la basilique de la nativité à Bethléem qui a vu naître Jésus est soumise à un strict règlement avec répartition de l’espace comme des heures de prières entre église grecque-orthodoxe, catholique et arménienne.

Hier, lors des séances de nettoyage de la basilique, post célébration de Noël par les prêtres, l’empiètement de l’un d’entre eux au-delà des strictes limites de son espace a déclenché une bagarre à laquelle ils sembleraient devenus coutumiers et qui aurait dégénéré en une dramatique valse de balais stoppée in extrémis grâce à une intervention policière.

Abreuvés que nous sommes à longueur de journée par ce type d’informations, le film du cinéaste finlandais, le Havre mérite le détour. Pour son "blues, soul et rock’n roll", cette étrange ville portuaire à la saisissante lumière pâle a été sélectionnée par Aki Kaurismaki pour y tourner son film. Violence, artifice, effervescence bourdonnante y sont bannis au profit de l’authenticité se déclinant sous toutes ses formes à travers l‘amour, l‘amitié, la solidarité.

Juste un marginal qui troque sa vie éprouvante d’écrivain contre celle d’un cireur de chaussures perdu au milieu du Havre avec une femme, un chien et quelques amis aussi paumés que lui. A l’heure où sa vie précaire commence à s’atrophier encore plus avec la nouvelle de l’hospitalisation de sa bien aimée, il croise un autre naufragé de la vie, un clandestin africain recherché par la police qui l‘emportera dans un vertigineux tourbillon devenu comme un anesthésiant contre sa sourde peur.

Une action contemporaine qui se déroule dans un décor d’une grande sobriété venu des années 50 où avec extrême finesse et pudeur, sont traités certains thèmes qui sous tendent la condition humaine que sont la maladie, la souffrance, la peur, l’angoisse… Et ioujours allant à l’essentiel, sans nul superflu, sans la moindre recherche esthétique, sans trop de mots quand juste un échange furtif de regard, un sourire suffisent. Film plein d’émotion avec quelques notes légères d’humour faisant office de soupape en cas de débordement. Film qui tranche tant avec l’actualité, avec l‘époque où il est de bon ton de se montrer agressif sous peine d‘être taxé de mièvrerie…

 

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