Le projet mer Rouge-mer Morte et la colère des écologistes

Les conflits liés à l’eau ne manquent pas tant les pays riverains d’un fleuve peinent à se partager les ressources de manière équitable. Entre accroissement démographique, réchauffement climatique, pollution galopante, d’autres lendemains qui déchantent sont à prévoir pour certains, notamment autour du Tigre et de l‘Euphrate, du Nil, de l‘Hindus, etc. Et du Jourdain bien sûr qui n‘arrête pas de faire parler de lui. 

La volonté forcenée d’Israël de vouloir à tout prix s’accaparer des eaux du Jourdain au détriment de ses voisins, faisant fi du respect de l’environnement met désormais au grand jour les limites de cette démarche gargantuesque. La surexploitation à coups d’irrigations abusives du fleuve du Jourdain, qui prend sa source dans le mont Hermon, a fortement affaibli son débit, occasionnant au passage de graves répercussions à l’endroit de son embouchure qu’est la mer Morte. 

Logée au niveau le plus bas du globe, largement en dessous du niveau normal de la mer, la « Morte » s’est mise à manifester des signes de détresse à partir de la seconde moitié du XX e siècle : à ses problèmes issus d’un amont impitoyablement dénaturé et malmené, vient s’ajouter une intense évaporation des eaux, générée par les usines de production de sel comme par les fortes chaleurs ambiantes. S’ensuit de ce fait une baisse du niveau devenue chronique. En se faisant délester d’environ un mètre annuel de profondeur, la mer aurait toutefois perdu le tiers de sa superficie en l‘espace de 50 ans. 

Maintenant que cette mer est à bout de souffle, que son assèchement s‘avère inéluctable à faible échéance, voilà qu’un projet de sauvetage est mis sur la table dont le coût avoisinerait les quelque cinq milliards de dollars : baptisé mer Rouge-mer Morte, il aurait pour objectif de réapprovisionner en eau la mer Morte en se servant dans la mer Rouge, plus particulièrement au niveau du Golfe d‘Aqaba via un canal d‘une longueur de 180 km ; et de faire d’une pierre deux coups : au cours de sa trajectoire, l’eau en question transiterait vers une usine de dessalement et à partir de laquelle elle s’en ira alimenter, Israël, la Jordanie, la Cisjordanie, les deux dernières étant aux abois ! Seule l’autre moitié de l’eau salée parviendra à bon port afin de pallier au déficit de la mer qui se meurt à bas bruit. 

Déjà au début du XX e siècle Theodor Herzl avait eu la même idée ingénieuse avec la différence de se servir dans la Méditerranée, projet auquel s’était attelé Menahim Begin avant de démissionner face à son ampleur. 

Devant la complexité et la gravité des travaux nécessaires à sa mise en œuvre, les écologistes ont vite fait de tirer la sonnette d’alarme, freinant les ardeurs de ces gloutons entrepreneurs : le choc entre deux eaux issues d’écosystème différent risquerait encore de mal se passer en faisant des étincelles irréversibles ; donner un coup de grâce aux spécificités de cette mer, lesquelles la rendent unique au monde : son taux de salinité de 27, 5% alors que celui de la mer oscille entre 2 et 4% ainsi que sa forte teneur en oxygène contribuent notamment à lui conférer des vertus thérapeutiques très prisées. Sans oublier que la zone est réputée pour son activité sismique. 

La nature reprend toujours ses droits ; elle n’a de cesse de le rappeler à ces humains déchaînés mais en vain ; ils s’imaginent toujours être capables de tout maîtriser jusqu’à inverser les tendances naturelles, à force d’acharnement artificiel ! Mieux vaut prévenir que guérir : et quand cette règle de base n’a pas été respectée, l’acharnement est parfois plus périlleux qu’autre chose. Le combat qui s’annonce laborieux est loin d’être gagné.

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