Kingsman

Réalisateur : Matthew Vaughn

Date de sortie : 18 février 2015

Pays : UK

Genre : Action, Espionnage

Durée : 129 minutes

Budget : 81 millions de dollars

Casting : Colin Firth (Harry Hart/Galahad), Samuel L.Jackson (Richmond Valentine), Taron Egerton (Garry « Eggsy » Unwin), Mark Strong (Merlin)

L’espionnage : un sujet fréquemment traité dans la littérature, la BD et le cinéma. Les espions sont fantasmés, ils se transforment en héros d’aventures rocambolesques aux quatre coins du monde, usant de gadgets inédits et aux propriétés sans égales, se frottant à des organisations criminelles aux desseins destructeurs et tout cela dans le plus grand secret, une condition sine qua non pour que le commun des mortels ne se rende compte de rien. Le nombre de films d’espionnage depuis la création du cinéma ne se compte même plus et se démarquer de la masse n’est pas une chose aisée . Pourtant Kingsman de Matthew Vaughn y arrive royalement. 

Kingsman est l’élite des espions au service de sa majesté, toutefois c’est une élite vieillissante et qui se meurt prématurément lors de missions trop risquées contre des ennemis plus rusés. L’organisation doit se renouveler, pour cela elle met en place une sélection faite d’entraînements éprouvants, de mises en situation périlleuses afin d’éliminer progressivement les différents prétendants et trouver la perle rare. Dans les starting blocks, des élèves issus de prestigieuses écoles, Cambridge, Oxford, l’Imperial Institute, sauf lui, Eggsy dont la seule école est celle de la rue, de la petite délinquance et des bastons dans les bars, l’outsider parfait mais pas dénué de potentiel.

Kingsman est un véritable hommage aux vieux films d’espionnage avec leur légèreté et une certaine forme d’insouciance. Un parti pris revendiqué avec cette mise en abîme lors du dîner entre Galahad et Richmond Valentine, les deux ennemis parlent des vieux films considérés plus fun, moins sombres et moins réalistes, les comparant à ceux d’aujourd’hui jugés trop complexes. Kingsman remplit sa mission avec brio, c’est rythmé, c’est drôle, c’est gore, c’est divertissant, bref c’est peut être le meilleur film d’espionnage vu depuis des années et n’a rien à envier aux derniers James Bond et Mission Impossible réunis. Les combats sont très bien filmés, les chorégraphies sont maîtrisées, les ralentis appréciés pour comprendre ce qui se passe sous nos yeux. La caméra se place dans l’action en suivant les mouvements de près. La scène de baston généralisée dans l’église restera gravée dans les mémoires, tout dégénère dans un festival de bourre-pifs ultra violent et sanguinolent comme une fin d’Astérix sous influence Orange Mécanique. Le scénario est idéalement composé en deux parties. Celle traitant de la menace incarnée par Richmond et celle de l’entraînement des nouveaux. Cependant, elles ne sont jamais très loin l’une de l’autre et finissent par se réunir.

Kingsman  possède un atout indéniable : des personnages charismatiques. Tout d’abord, Eggsy, jeune paumé vivant chez sa mère, entichée d’un bon à rien de beau père, dans sa misère, il en devient attachant. Il incarne à lui seul la « discrimination positive », enfant des quartiers populaires réussissant à trouver sa place dans un monde dominé par des gosses de riches, troquant ses vêtements trop grands, trop moches pour devenir un parfait gentleman en costumes 3 pièces aux bonnes manières. Comme le dit Galahad, ce n’est pas avec de l’argent que l’on devient un homme respectable. Parfois la recrue idéale n’est pas là où on la cherche. On peut penser à Men in Black ou à Kick Ass (pas étonnant car le scénario des comics partagent la même signature, celle de Marc Millar) en voyant un petit jeune avec un grand bagout embarqué dans une histoire extraordinaire par un vieil agent aguerri. Ensuite, il y a Galahad, interprété par un Colin Firth synonyme d’élégance, de classe et de chic, le parfait anglais, la quintessence de l’english style. Puis, le grand méchant incarné par un Samuel L.Jackson tonitruant avec sa notion toute personnelle pour « sauver le monde » se résumant à  anéantir une énorme partie de l’humanité et préserver le reste dans une arche de Noé moderne. Seul hic pour ce vilain, il ne supporte pas la vue du sang, histoire de ridiculiser le personnage. A ses côtés, une étrange assistante cul de jatte qui a su faire de son handicap une arme fatale avec deux lames aiguisées greffées en guise de jambes, croisement entre Oscar Pistorius et Ichi the Killer.

Que serait un bon film d’espionnage sans les gadgets qui vont bien avec ? Pas grand chose, ils sont complémentaires! Chez Kingsman, ils sont nombreux, pas seulement des objets, des vêtements ou des armes, mais également des éléments décors. Lunettes pour faire des conférences à distance, des parapluies pare-balles, des fléchettes qui font perdre la mémoire, briquets grenades, plate forme de décollage pour jet privé sortant d’un jardin, etc. La liste est longue et variée et fait fantasmer petits et grands enfants. Bref, Kingsman est un très bon divertissement, ça pète, ça bouge, ça explose, c’est intéressant, certainement une des meilleures surprises de 2015.