Marguerite

Réalisateur : Xavier Giannoli

Date de sortie : 16 septembre 2015

Pays : France, Tchèque,Belge

Genre : Drame, Comédie

Durée : 129 minutes

Budget : 7,5 millions d’euros

 


Casting : Catherine Frot (Margueritte Dumont), André Marcon (Georges Dumont), Michel Fau (Atos Pezzini), Christa Théret (Hazel),

 

Le nouveau film de Xavier Giannoli, inspiré d’une histoire vraie, celle de Florence Foster Jenkins qui dans les années 1940 se prenait pour une mélomane accomplie puis connut une fin funeste, est un pure folie.n Pourtant pas évident de s’en apercevoir au premier regard. Les beaux costumes des Années Folles, la musique classique, les acteurs prestigieux, bref des ingrédients se prêtant plus à un marivaudage bourgeois. Cependant, le scénario révèle toute la substance de cette oeuvre loufoque. 

 

Paris est la capitale la plus vivante du monde dans les années 1920, un centre culturel bouillonant. Le lieu où naissent et prospèrent les artistes. Marguerite Dumont, une aristocrate férue d’opéras chantent régulièrement chez elles devant un cercle restreint de convives. Son rêve est de se produire, faire carrière et devenir une grande cantatrice admirée de tous. Un fantasme irréalisable, madame chante terriblement faux. Une barrière naturelle que tout le monde feint pour ne pas la froisser mais ce vaste mensonge ne peut durer éternellement. 

 

Autant le dire tout de suite, Marguerite est une vraie réussite. Il prête une véritable réflexion sur la folie en montrant que l’on est toujours le fou de quelqu’un d’autre. Dans ce film, les vrais fous ne sont-ils pas ceux qui entourent Marguerite, l’entretenant dans son délire ou bien est-ce elle qui ne voit pas la réalité ? Celle que l’on croit la plus folle est peut être la plus sincère de tous. Une sincérité attirante rendant le personnage sympathique et émouvant. On finit par comprendre pourquoi ses proches font minent de rien afin de ne pas la blesser. Un cercle vicieux en somme. Pire, il faut se méfier des personnes pleines de bonnes attentions, parfois ce sont les plus cruels. Il est beau de voir par quel déterminisme Marguerite souhaite accomplir son rêve, elle est prête à tout même au plus burlesque des entraînements. Ne voyant qu’il ne peut rien faire pour elle et étant l’objet d’un chantage malsain, Atos Pezzini prévoit des exercices aussi ridicule que stériles : se rouler par terre, se toucher les seins ou bien encore être face à un énorme tableau noir. Qu’on ne se leurre pas, tout cela ne suffit pas à faire d’elle une cantatrice. 

 

Les acteurs sont parfaits, Catherine Frot incarne merveilleusement cette femme de la haute société. Elle a tout l’argent du monde pour vivre heureuse mais son sourire et ses yeux trahissent une profonde solitude. Michel Fau, son professeur est magistral ! Il incarne cette star déchue de la musique classique avec toute la subtilité nécessaire. Malheureusement peu connu du grand public, il mériterait plus de reconnaissance car son jeu est d’une extrême justesse. Il est fantasque, tantôt drôle, tantôt triste et derrière ce physique de précieuse ridicule se cache un être bien plus sombre. Marguerite est un film où les personnages ont tous une réelle importance même si au final, on ne sait pas grand chose d’eux.  Ils passent, partent et reviennent, leur situation change mais sans trop savoir comment ni pourquoi, à l’image de cette jeune chanteuse dont la carrière commence au début du film et qui finit par devenir ce que Marguerite aimerait être. Puis il y a ces jeunes anarchistes interprétés par Sylvain Dieuaide et Aubert Leroy , adeptes d’un art surréaliste, cupides et voulant profiter de la crédulité de la baronne pour s’enrichir, deux clowns dont la douceur de Marguerite va changer. Xavier Giannoli est un habitué du genre, il aime narrer l’existence de personne un peu perdue, mal dans leur peau, rêvant d’un projet inaccessible et parvenant à embarquer toute une équipe dans leur voyage. 

 

Sur la forme c’est un régal ! Les musiques classiques sont enchanteresses, les airs d’opéra nous saisissent même quand ils sont interprétés par la baronne. Les costumes sont beaux et crédibles, on se croirait dans les années 1920. Finalement cette histoire abracadabrantesque est juste une histoire d’amour tragi-comique. Un amour mal compris aussi bien par l’un que par l’autre, entre Marguerite et son mari. Elle chantant tel un rossignol pour attirer l’attention de son époux, lui devenant de plus en plus exaspérer par l’aliénation de sa femme. Nous on rit, beaucoup, on s’attriste, pas mal, mais on garde la satisfaction d’avoir vu un bon film.