Interdiction de la crèche de Noël ?

Au nom de la laïcité qui a pour vocation première d’assurer le vivre ensemble, on pourchasse tous azimuts les contrevenants à ce principe avec des méthodes dignes de la police religieuse d’Arabie Saoudite. Nombreux partis en croisade contre ce fléau n’hésitent plus en cavaliers seuls à s’en prendre à tout ce qui de près ou de loin s’apparente à un symbole religieux. Du coup, un athéisme forcené plus dogmatique que le dogme religieux en soi vient prendre le relais avec la noble mission de garantir liberté, égalité pour tous… 

Après la chasse aux sorcières à laquelle nous assistons quotidiennement, voilà que pour faire preuve d’impartialité, pour faire taire les rivalités religieuses, les scènes de la Nativité sont circonscrites, bannies du domaine public. Recyclé, le sapin qui nous vient de la célébration païenne du solstice d’hiver ne peut plus abriter à son pied l’étable, la Vierge, le petit Jésus, les rois Mages, en cas d’exposition dans un espace ouvert au public… Sinon la justice s’en mêle via un recours devant tribunal administratif et le Conseil général de Vendée en a déjà fait les frais.  

Faire tout un tollé pour une crèche par conformité à la loi de 1905, seule garante de la paix civile semble pour le moins contre-productif. Le maire de Béziers, expert en zizanie, l’a bien compris et tente de ce fait d’exploiter au mieux le filon du ressentiment brandissant la menace du multiculturalisme, "phagocyteur" de l’identité nationale ! 

Le plus surprenant dans cette absurde polémique c’est que les pourfendeurs de crèche agissent sans doute par paternalisme exacerbé dans l’intérêt de communautés, lesquelles n’ont rien contesté, ni rien demandé, si l’on en croit la presse. On ne peut, en tout cas, pas faire mieux que démonter des crèches pour alimenter l’islamophobie comme pour faire le lit de l’intégrisme religieux. 

A croire que la loi en question est arrivée à expiration ou plutôt qu’elle fait l’objet de dévoiement forcené étant donné les problèmes et la cacophonie qui en découlent. La dimension consumériste réduisant désormais presque toutes les fêtes à leur enjeu de marché économique revêt un certain charme et aide à perpétuer les traditions. Beaucoup plus que les crèches. Les fêtes propres aux autres religions ne sont pas du tout en reste par rapport à cette forme de déviation.Reste à savoir si les manifestations ostentatoires de toute identité qui ont le vent en poupe ne sont là que pour pallier à un certain déficit beaucoup plus profond.