Le monde de Dory

Réalisateur : Andrew Stanton

Date de sortie : 22 juin 2016

Pays : USA

Genre : Animation

Durée : 97 minutes

Budget : 200 millions de dollars

Casting : Céline Monsarrat (Dory), Franck Dubosc (Marin), Timothé Vom Dorp (Nemo), Kev Adams (Bailey), Mathilde Seigner (Destinée), Philippe Lellouche (Hank)

Même si 13 ans se sont déroulés entre Le monde de Némo et celui de Dory, fictivement il n’y a eu qu’une seule année de séparation. Cette « suite » inattendue met à l’honneur un personnage secondaire du film original : Dory, ce charmant petit poisson chirurgien bleu souffrant d’un trouble de la mémoire instantanée lui faisant oublier toutes les choses qui se sont passées récemment. Véritable carton à sa sortie en 2003, cumulant plus de 937 millions de dollars, le pari est tout de même risqué. Bien qu’attachante, Dory saura-t-elle attirer des millions de spectateurs dans son aventure ? A cela se rajoute le choix du réalisateur également osé, Andrew Stanton. Même s’il a brillé avec Némo, il est aussi l’homme à l’origine de John Carter, véritable fiasco qui a coûté la tête du directeur de Walt Disney Studios, Rich Ross en 2012. 

Si le public visé par Le Monde de Dory ce sont les enfants, les plus grands, ceux qui ont grandi avec Némo par exemple, apprécieront de retrouver cet univers aquatique plein de pudeur et de candeur. Une attitude que l’on retrouve de plus en plus dans les films d’animation ces dernières années. Savoir toucher les petits aussi bien que l’enfant qui sommeille chez les plus âgés. Le monde de Dory est beau, drôle, intéressant, perçu comme une aventure, une quête afin de retrouver ses parents qu’elle a perdu de vue depuis son enfance après avoir été emportée par un courant. Premièrement drôle, en complément des nombreux gags on a les pertes de mémoire qui occurrent des scènes cocasses, un tantinet déconcertantes quand, par exemple, elle se présente plusieurs fois au cours d’une même conversation, perd le fil de ce qu’elle raconte, se transforme en moulin à paroles et ne parvient pas à suivre les consignes données dans des situations délicates. Ensuite beau, en 13 ans, il y en a eu des avancées techniques dans le domaine des images de synthèse et cela se voit même si Le monde de Némo reste un magnifique film. Les décors (fonds marins, intérieurs et extérieurs des bâtiments, paysages) sont de toute beauté, une mention spéciale pour la surface de l’eau qui est troublante de réalisme. Les personnages, quant à eux, que ce soient les humains ou les animaux, sont corrects mais pas fabuleux, restant très cartoonesques et dans les codes graphiques pixariens. On remarque un message écologiste sous-jacent quand figurent dans l’océan des voitures, des tankers, des déchets et des morceaux de plastiques piégeant les poissons. L’homme appose une empreinte indélébile partout où il passe.

La crainte principale était de voir une histoire inintéressante basée sur un compagnon de Némo, un doute rapidement dissipé tant l’histoire séduit. On entre rapidement dans cette chasse aux souvenirs, les flashbacks cadençant le déroulement du film, jusqu’au moment final. Le rythme est mené tambour battant, pas à un seul moment de décroche. Fort heureusement il y a des moments d’accalmie pour mieux repartir dans les péripéties. Il remplit parfaitement son rôle en véhiculant des valeurs pour les enfants, celle de la famille et de l’amitié, deux terreaux essentiels pour être heureux. A l’instar d’un Petit Dinosaure sorti en 1989, Dory voyage accompagnée d’une joyeuse bande, Marin, Némo, Becky, Hank, Destinée, Bailey, loin d’être des héros sans défauts, tous sont des estropiés de la vie correctement amenés dans le récit. Cette « suite » est très bon enfant, pas de grand méchant vil et malicieux, à part un calamar ronchon qui n’aime pas être réveillé en sursaut. Même ceux que l’on peut imaginer dangereux se révèlent être des alliés bien utiles pour Dory. Le seul ennemi est intérieur, logé dans sa tête : la mémoire. Oublier et c’est prendre le risque de se perdre, d’avoir une vie fade, solitaire et insouciante mais se souvenir, c’est avoir peur de ne plus voir ceux l’on aime. Encore une note positive car on apprend que la mémoire des sentiments ne disparaît jamais, elle s’obscurcit seulement.

Le monde de Dory est un film joyeux avec une fin heureuse et pleine de bons sentiments. On est loin d’une charge émotionnelle digne d’un Vice Versa ou d’un Là Haut, mais on sort de là le coeur emplit d’ondes positives et dans l’espoir d’un hypothétique troisième volet.