Un soir, en revenant du travail, je tombe par hasard sur le passage d'une petite Yéménite, âgée d'une dizaine d'années. Nojoud avait été, moyennant quelques deniers, mariée à un homme de 30 ans. Celui-ci avait promis à ces parents qu'il n'en ferait rien avant ses 15 ans. Or, il a consommé le mariage dès la nuit de noce.
Cette petite fille, à qui on a volé son innocence, s'est battue pour obtenir le divorce. Le cas de Nojoud est le premier dans le monde arabo-musulman. Il semble que cela commence très timidement à faire tache d'huile.
L'histoire de Nojoud m'a profondément ému. En effet, avoir un tel courage pour oser braver, non pas la religion, mais des semblants de tradition pervertis par la pauvreté à son âge est exceptionnel. Ce combat est un combat féministe, au sens noble, et je dirai même humaniste.
En flânant souvent à la Fnac, j'ai lu de nombreux témoignages de jeunes filles, Leïla, Souad, Khady, etc. qui sont mariées de force, brûlée vive, défiguée, mutilée, ou que sais-je encore. A chaque fois, la même émotion et la même colère contre les auteurs de ces souffrances.
Le combat pour les femmes, c'est à mon sens, le combat pour l'humanité.