Des larves au secours des plaies infectées !!!

Dans le domaine des plaies infectées, récalcitrantes, persistantes, ou dites chroniques et chez certaines personnes ayant des problèmes de cicatrisation, la médecine est souvent impuissante, du moins n’a-t-elle pas toujours à sa disposition des procédés ou médications suffisamment efficaces. Il est donc tout à fait judicieux de se tourner vers d’autres techniques, qui si elles semblent inattendues n’en sont pas moins intéressantes.

Celle dont je vais vous parler est j’en conviens peu ragoûtante, mais utilisée en France depuis 2006, dans nombre de centres hospitaliers, j’ai nommé la Larvothérapie.

Sous ce terme sont regroupés, la biochirurgie, la Luciliathérapie ou encore l’asticot-thérapie.


Il s’agit d’utiliser des larves de mouches (asticots) spécialement élevées pour permettre la cicatrisation, la détersion de plaies diverses (plaies diabétiques par exemple), d’escarres ou encore d’ulcères.

Il faut savoir qu’en Europe du nord la technique est répandue et permet de traiter de nombreux patients avec un succès total.

En France par contre elle est sujette à controverse, idées négatives et préjugés chez nombre de spécialistes.

Pourtant la larvothérapie n’est pas une science nouvelle, puisque un éminent professeur William Baer (1872-1931) chirurgien orthopédique à l’université de médecine  Johns Hopkins dans le Maryland, s’y était intéressé, après avoir constaté lors de la première guerre mondiale, la présence de larves dans des fractures ouvertes sur 2 soldats.

 

Son premier réflexe avait été de les chasser, mais il se ravisa bien vite en observant que les tissus infestés par les larves étaient d’une superbe couleur rose.

Il décida de les laisser faire leur "œuvre" et en arrivant à l’hôpital une semaine plus tard, les deux soldats ne présentaient aucun symptôme de septicémie, ni même n’avaient de fièvre.

Pourtant les deux hommes avaient durant plusieurs jours manqué d’eau et de nourriture.

Toujours est-il qu’ils furent sauvés, alors qu’à cette époque 70 à 80% des fractures ouvertes conduisaient à la mort.

 

Ensuite, toujours en utilisant la larvothérapie William Bear après la guerre (en 1928), soigna 4 enfants à l’hôpital de Baltimore, qui étaient atteints d’ostéomyélite.

Deux d’entre eux décédèrent du tétanos et le médecin comprit immédiatement, que les larves utilisées devraient à l’avenir faire l’objet d’une stérilisation préalable.

 

Bear commença par stériliser les larves de mouches par exposition au peroxyde d’hydrogène… Il y eut du mieux.

Ensuite pensa t-il (avec raison d’ailleurs) qu’il valait mieux stériliser les œufs et non pas les larves. Il utilisa alors une solution de chlorure de mercure et d’alcool… Le succès fut au bout !

On se tourna donc dans les années 1930 vers la larvothérapie, son efficacité n’étant plus à démontrer.

 

Une société américaine la Lederle Corporation se lança même dans la production de larves stérilisées qu’ils vendaient 5$ les 1000, soit environ 100 dollars d’aujourd’hui.

 

Vers 1940, l’ère des antibiotiques arrivant, les sulfamides devenant plus disponibles et la production de pénicilline  plus massive, on abandonna totalement la larvothérapie.

 

Mais aujourd’hui, tous ces produits devenant moins efficaces, face aux bactéries infectieuses de plus en plus résistantes, on en revient à cette technique, en plaçant des larves dans des sachets stériles, destinés à être appliqués comme des pansements sur les plaies.

L’espèce de mouche la plus utilisée pour la "production" est la mouche verte ou Lucilia Sericata.

A priori aucun risque sanitaire n’a été signalé, car tous les produits issus de la larvothérapie considérés comme des médicaments bénéficient des garanties de pharmacovigilance.