Lampedusa l’ultime voyage d’un rêve de liberté dans l’Île

de la porte d’une Europe honteuse autant qu’impuissante.

 

Voir aussi, Lampedusa la honte de l’Europe,

 

Lampedusa l’Île de l’espoir des migrants d’Érythrée, de Tunisie, de Somalie, de Libye….qui, au péril de leur vie, fuient leur pays pour un espoir meilleur sont traités, dans cette île, comme des bêtes, prolongeant ainsi leur calvaire comme s’ils avaient une pénitence à purger après avoir échappés à la mort ? On n’en fini pas de se remémorer le drame du 03 octobre qui s’est joué à quelques centaines de mètres des cotes de cette île ou périrent noyés quelques 366 personnes dont des femmes et des enfants. Ces migrants qui ne voyaient que leur salut firent le sacrifice de partir en confiant leur vie à ces passeurs de malheur pour joindre cette Europe via le port de Misrata en Libye. De l’Érythrée, de Somalie pays de famine de la Corne de l’Afrique suite à une sécheresse provoquant des dizaines de milliers de morts que pouvaient-ils espérer d’autre ? Mourir dans leur pays ou mourir en mer qu’elle différence si par chance ils atteignaient l’île de tous les sacrifices pour un bonheur hypothétique mais, Ô combien irréel ! Esclaves d’un coté ou esclaves de l’autre quelle différence ?

Le monde entier exprima sa colère jusqu’au pape qui dénonça l’indifférence du monde devant le drame qui se jouait dans cette Méditerranée devenue le cimetière sans croix de ces malheureux. On mesure la détresse de ceux qui arrivant dans l’Île se virent traités de façon inhumaine.

Le pire c’est que ce n’est pas la première fois que des camps de réfugiés, de prisonniers, de déportés sont traités de la sorte. L’humanité n’existe pas dès qu’il s’agit de donner une place à des malheureux et cela d’autant plus qu’ils sont noirs. Mais, cette fois-ci il a fallu une vidéo pour montrer «l’inmontrable».

C’est à la suite d’une vidéo prise par une camera cachée diffusée le lundi 16 décembre au télégiornale de Raï 2 que cette vidéo scandalisa l’Italie. On y voit des migrants faire la queue pour être arrosés par un désinfectant. Ces migrants nus faisant la queue dans une cour au milieu d’une foule de curieux en plein courant d’air arrosés par les employés du centre de rétention. Rappelez-vous, cette méthode de désinfection fut employée dans les camps d’extermination nazis mais pas au grand jour !

 

 

Les images furent filmées en cachette par le réfugié syrien, Khalid. «Nous sommes le 13 décembre, mais Khalid nous dit que cela arrive toutes les semaines pour lutter contre les maladies comme la gale», dénonça la Raï, qui a interviewé l’auteur des images. Les hommes furent soumis aux jets d’un produit désinfectant.

Le 17/12/13 La Stampa dans sa chronique titre sur la polémique de cette vidéo choc, les responsables gouvernementaux payeront.

«Nel filmato migranti nudi al freddo, in fila per essere spruzzati col disinfettante. Il ministro: accertare responsabilità. Boldrini: scene indegne di un paese civile».

Dans le film les migrants nus, en file, dans le froid pour être vaporisés par un désinfectant. Le ministre, accepte la responsabilité. Boldini, la présidente de la chambre des députés et ancienne porte-parole de la section italienne du Haut-Commissariat pour les réfugiés, «scène indigne d’un pays civilisé». De telles images ne peuvent laisser indifférent.

Le ministre de l’intérieur Angelino Alfano assure que ceux qui se sont fourvoyés payeront, ce que la ministre de l’immigration Cécile Kyenge approuva, ajoutant que c’est inadmissible dans un État démocratique. Dénuder une personne c’est la rendre «une non personne», lui retirer sa dignité. Quant au premier ministre Enrico Letta, le gouvernement fera une enquête approfondie et sanctionnera les responsabilités si elles sont avérées.

Le jeune syrien auteur du film, immigré au camp depuis plus de deux mois rapporta que des hommes et des femmes subissaient le même traitement humiliant trois à quatre fois par jour pour soigner la gale. «Les immigrants se présentent en file ou en groupe mettant à terre leurs vêtements pour être vaporisé nus du désinfectant». A chaque vague de migrants désinfectés les opérateurs qui gèrent cette opération distribuent des tricots propres livrés dans la cour d’une façon dégradante. Le maire scandalisé objecta qu’une intervention sanitaire ne se fait pas en plein air en vaporisant des personnes nues avec un tuyau.

Lampedusa et l’Italie eurent honte de ces pratiques déshonorantes, elles doivent changer.

Le centre d’hébergement n’a que 250 lits, alors qu’il y a plus de 500 migrants en majorité syriens et érythréens, une situation qui ne cesse de s’aggraver par l’afflux continu la rendant insoutenable. Ce centre est qualifié comme structure de premier accueil et les migrants doivent être transférés dans les 48 heures vers des centres adaptés sur le territoire national, mais ce n’est qu’un leurre. Quelques migrants sont encore présents depuis plus de deux mois, et les travaux d’agrandissement du centre sont bloqués depuis le 11 septembre à la suite d’un incendie dans une partie du centre, traduit de l’article de la Stampa.

Le drame de Lampedusa n’a pourtant pas ému le Conseil européen de Bruxelles au point que les chefs d’État et de gouvernement décidèrent d’attendre pour la surveillance des frontières. Pour la Méditerranée, et afin qu’elle ne continue pas a être le cimetière de ces boot-peoples. Ils chargèrent Frontex l’agence européenne des frontières d’orchestrer les opérations de surveillance et de sauvetage.

Frontex est responsable de la coordination des activités des garde-frontières dans le maintien de la sécurité des frontières de l’Union avec les États non membres, mais pas des opérations de sauvetage.

Frontex fut créée par le règlement (CE) no 2007/2004 du Conseil du 26 octobre 20042. L’agence est opérationnelle depuis le 3 octobre 2005. Son siège est à Varsovie. Sa fonction est d’aider les États membres à mettre en œuvre les règles communautaires relatives aux frontières extérieures et de coordonner leurs opérations dans leur gestion. Chaque État membre reste toutefois responsable de la partie de frontière qui se trouve sur son territoire. Frontex ne peut donc résoudre le problème de ces migrants qui s’embarquent en mer pour rejoindre les côtes italiennes. Son budget annuel est de 85 millions. Elle disposait en 2010 de 22 avions légers, de 113 bateaux et de 26 hélicoptères mis à disposition par les États membres, ainsi que de radars mobiles, de caméras thermiques et détecteurs de battements de cœur. L’agence met également à la disposition des États une force de réaction rapide, les «Rabits», Rapid Border Intervention Team, une équipe d’intervention aux frontières, composée d’un vivier de gardes-frontières européens. Surnommés froidement «les mains sales de l’Europe» par l’ONG Human Rights Watch.

Avec ces moyens Frontex aurait-elle pu éviter le drame de Lampedusa ? Gil Arias Fernandez, directeur adjoint de Frontex, répond, «il est évident que lors de nos opérations d’observation, si nous voyons des gens en difficulté, nous les sauvons. C’est une responsabilité humaine », en soulignant que l’agence européenne contribua à secourir 16. 000 migrants en 2013.

Eurosur, European Border Surveillance System, – système européen de surveillance des frontières, devrait aider à la surveillance. Dès le mois de décembre, ce système permettra de partager les données récoltées par les gardes frontières des États. Il n’en reste pas moins vrai qu’il est, malgré ces dispositifs, difficile de faire face à tout et d’éviter des drames comme celui du 03 octobre 2013.

c4nlogo