Le labyrinthe du silence, film de Giulio Ricciarelli

Sans la persévérance de quelques personnes dont celle d’un jeune procureur, Johann Radmann, (Alexander Fehling), le procès de Francfort 1963-1965 n’aurait sans doute jamais vu le jour. Peu fière de son passé peu glorieux, l’Allemagne de l’après-guerre aurait comme fait le choix de l’amnésie via l’ensemble de ses rouages institutionnels. Elle s’était donnée bonne conscience en s’engageant dans une politique de dénazification induite par le recyclage tous azimuts des hommes et des idées avant de se relever de son désastre. Alors que la génération des coupables était dans cette posture du déni, la jeune génération était gardée dans la plus totale ignorance. 

Ces redresseurs de torts partis seuls contre tous dans cette croisade devront soulever des montagnes pour briser l’omerta qui entoure cette tragédie, dont celle d’Auschwitz, dans laquelle une majorité d’Allemands étaient impliqués sinon par allégeance au troisième Reich du moins par panurgisme. D’ailleurs Johann découvrira, à sa grande déception, que son propre père n’avait pas été épargné par ce courant de pensée tout comme les plus communs des mortels de son entourage d’ailleurs. Seront exhumés des maillons et des maillons de la chaîne de destruction massive propres à conforter la théorie de la "banalité du mal". 

Ce premier film de Giulio Ricciarelli nous plonge à travers cette enquête périlleuse dans un pan peu répandu de l’Histoire nazie. La reconstitution en question s’arrête net à l’ouverture du procès au terme duquel quelque dix-sept SS seront condamnés alors que d’autres continueront de couler des jours heureux sans s’inquiéter. 

Si ce film a le mérite de soulever des questions inhérentes aux génocides dont celle de la valeur du devoir de mémoire, il souffre toutefois de sa longueur. La panoplie sélective des témoignages des survivants en vue du procès contribue aussi à alourdir ce drame d’autant que Giullio Ricciarelli  ne lésine pas sur l’usage de ce qui semble être son outil de prédilection, la grandiloquence musicale. Une des raisons de cette overdose est sans doute en rapport au phénomène naturel qu’est l’inéluctable érosion du thème malgré paradoxalement l’inoxydabilité de l’horreur. A noter un bon casting et un tout aussi bon scénario…

{youtube}7QnfGB_7CPg{/youtube}