Les Mutuelles de Bretagne au secours de Richard Ferrand

Par un communiqué, Les Mutuelles de Bretagne dédouanent leur ancien directeur général, le ministre Richard Ferrand, de tout soupçon d’enrichissement de sa compagne à leurs dépens.

Pratiquement toutes les formations politiques hormis La République en marche et le MoDem ont condamné, pour des raisons éthiques, l’acquisition par la partenaire de vie de Richard Ferrand d’un immeuble destiné à accueillir les locaux des Mutuelles de Bretagne alors dirigées par l’actuel ministre de la Cohésion des territoires. Mais pour le président et le secrétaire général des Mutuelles, l’opération immobilière s’est effectuée en pleine transparence. Cependant, le communiqué, diffusé via Le Télégramme de Brest et d’autres titres de presse, relève que les Mutuelles viennent d’acquérir leur siège récemment. Pourquoi donc avoir alors choisi, en 2011, de louer pour six ans leur ancien siège brestois après en avoir totalement financé la rénovation ? Qu’en pensent les adhérents ? Richard Ferrand fut directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1993 à juin 2012 et il est constant, soit reconnu unanimement, qu’il en avait redressé la situation. Sans doute en optant, selon le communiqué, pour « le choix de gestion de privilégier l’investissement dans l’outil de travail plutôt que dans l’immobilier ». Il reste que, depuis 1993, les mutuelles doivent constituer des réserves financières d’un même niveau que celles des diverses compagnies d’assurances, et que nombre d’entre elles se sont constitué un capital immobilier. Les Mutuelles de Bretagne auraient fort bien pu, en 2011, emprunter de quoi financer l’acquisition et la rénovation de leur siège et s’en retrouver propriétaires cette année. Elles souhaitent à présent « que cesse un feuilleton qui les prenne en otage dans un débat politico-médiatique ».

Renvois d’ascenseurs ?

N’empêche… On ne peut reprocher au mouvement mutualiste d’offrir à ses salariés et collaborateurs des conditions de travail convenables en des locaux conformes aux réglementations et confortables. L’immeuble de la rue George-Sand, acquis par la compagne de Richard Ferrand, Sandrine Doucen, est devenu un centre de soins infirmiers ; depuis, le siège a été transféré rue de Portzmoguer, toujours à Brest. Bel immeuble moderne, pas trop luxueux. Le président Rémi Salaün y est assisté par Joëlle Salaün, directrice générale (ex-dg-adjointe de son prédécesseur). Ce qui laisse présumer, peut-être à tort, que le conseil d’administration développe de longue date la coopération familiale. Pourquoi pas ? Rien de répréhensible. Cela dénote-t-il une conception particulière de la cohésion des aménagements des territoires, en mutualisant l’investissement et privatisant ses fruits ? Ce sera en tout cas un axe de réflexion pour les électeurs du Finistère qui sont nombreux à être adhérents de la mutuelle bretonne… Lesquels ont depuis découvert que l’ex-directeur général devenu député a continué d’être rémunéré par la mutuelle après sa démission, cette fois au titre de conseiller. Une façon d’illustrer et prolonger la devise de la mutuelle : « l’échange, l’entraide, la réciprocité ». Une mission qui lui a permis de conseiller à son tour l’Assemblée nationale avec une proposition de loi déposée en 2012 facilitant le développement de réseaux de soins par les mutuelles. Ce que font Les Mutuelles de Bretagne qui fédèrent dentistes, opticiens, soignants à domicile, crèches et résidences pour seniors (mais se sont désengagées de leur pharmacie mutualiste). Tout cela ne présente guère de caractère judiciaire susceptible d’entraîner une action pénale mais évoque très fort des renvois d’ascenseurs.