Turquie : la fin du Premier ministre Erdogan ?

 

Depuis que le Premier ministre Tayyep Erdogan a décidé de couper l’herbe sous le pied de son ancien "Pygmalion", le prédicateur Gülen, en le privant de ressources conséquentes du fait de son projet de suppression des établissements privés de soutien scolaire, tout va de mal en pis pour lui : c’est comme une avalanche de représailles qu’il subirait…

Après la gigantesque opération de démantèlement d’un réseau de corruption au sein de la classe politique, menée en décembre dernier sous l’égide d’un procureur proche du prédicateur, laquelle s’est avérée préjudiciable pour Erdogan et son parti l’AKP, revoilà ce dernier dans l’oeil du cyclone.

Pourtant le chef n’a pas lésiné sur les moyens pour se prémunir contre toute nouvelle attaque susceptible d’écorner un tant soit peu son image : offensive tous azimuts allant d’une purge de la police à celle de la justice en passant par un verrouillage forcené des libertés. Ainsi requinqué, le sultan se croyait à l’abri et prêt pour la reconquête des municipales du 30 mars ; c’était sans compter sur l’indéniable acharnement de ses détracteurs !

Les Turcs de la Place Taksim et d’autres se sont en effet délectés ces derniers jours en écoutant certains enregistrements qui leur ont été livrés en pâtures sur les réseaux sociaux : faisant tomber les masques, la mise sur écoutes de ces grands donne souvent lieu à des conversations croustillantes qui vont jusqu’à friser le surréel: le Premier ministre Erdogan demande de vive voix à son fils, Bilal, de surenchérir quant au montant jugé insuffisant des commissions à engranger pour leur propre compte ; ou bien encore il lui demande de faire preuve de célérité en mettant hors orbite judiciaire le milliard de dollars sonnant et trébuchant disséminé dans les coins et recoins de leurs quelques appartements.

Contestant l’authenticité de ces enregistrements, Erdogan crie haro sur la confrérie du prédicateur expatrié aux Etats-Unis :" montage immoral, attaque abjecte", se défend l’accusé tout outragé ! Le responsable politique a beau s’offusquer, les mécontents n’en sont pas pour autant convaincus ; depuis ces révélations tonitruantes, ils sont de plus en plus nombreux en Turquie à réclamer sa démission.

Au lieu de faire amende honorable ou même profil bas, le sultan poursuit sans ciller sa politique : il a promis d’ailleurs en cas de succès aux élections municipales d’aller encore plus loin : interdire et facebook et youtube ! En cas d’échec, il compte toutefois faire comme Lionel Jospin en quittant la politique. Des kyrielles de scandales éventés grâce à ces mises sur écoutes illégales d’élus.

Sans ces pratiques clandestines, que d’élus trempés jusqu’à l’os dans la corruption, continueraient en toute impunité de gouverner. Grâce à ces" zélés" qui encourent le pire en enfreignant ainsi la loi, on en saura un peu plus peut-être sur celui qui aspire à reprendre les mannettes de la France.