L’avenir des régions de montagne

 

 

 

Au début du 19ème siècle, les gens des vallées, dans les Alpes ou les Pyrénées,  vivaient sur les hauteurs, comme petits paysans de montagne, les vallées elles-mêmes étant impropres à la culture en raison des marais, moustiques et autres nuisances ayant cours à proximité des cours d’eau traversant ces vallées.

 

ET puis, avec le temps, après que des gens à l’esprit  éclairé auront entrepris les travaux d’assainissement nécessaires, c’est toute une population qui va s’installer en plaine ou au fond des vallées, et toute une économie qui va s’y développer, elle-meme reposant sur l’agriculture, la viticulture et les activités maraichères d’un côté, et sur l’industrie et l’artisanat de l’autre.

 

A partir de là, un nombre croissant de montagnards vont quitter leurs hauteurs et s’installer dans les plaines ou dans les vallées en raison d’un meilleur niveau de vie. Quant à ceux restés sur place, ils vont voir leur revenu péricliter, relativement à celui des autres régions,  pour une raison facile à expliquer : le terrain où ils habitent est si pentu, et les parcelles d’exploitation si petites, que toute mécanisation des activités est, là, chose fort difficile. D’où le rendement inférieur de l’agriculture de montagne, par hectare, par rapport à son homologue de la plaine ou du fond des vallées.

 

L’élevage représentera d’ailleurs l’essentiel du revenu du paysan de montagne, celui-ci faisant paître son bétail dans les alpages de haute montagne durant l’été, avant de réintégrer la cité ou le hameau alpestre ou pyrénéen avant l’arrivée de la prochaine neige. 

 

Et durant l’hiver, il ira couper du bois dans la forêt, l’industrie du bois devenant d’ailleurs, avec le temps, une activité prospère dans les régions de montagne, du moins jusqu’à la mondialisation des rapports d’échange et l’importation, dans les pays d’Europe de l’occident, des bois venus d’Asie ou de l’Europe de l’Est ou du Nord.

 

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Or ce décalage, entre les niveaux de vie à la montagne et dans les plaines, aurait probablement vidé les régions de moyenne montagne de ses habitants, si un facteur n’avait bouleversé leur propre vie : le tourisme.
 

C’est ainsi que de petits hameaux de montagne deviendront de grandes stations touristiques, grâce d’abord au ski, et, aussi, comme aujourd’hui , grâce à un tourisme fondé sur les parcours en montagne, à pied ou à vélo, de la part des promeneurs ou des compétiteurs qui participent aux courses spécialement créées à cet effet par les responsables de ces stations. (Certains grands champions de ski – Jean-Claude Killy, Marielle Goitschel  seront d’ailleurs les principaux promoteurs, par leur célébrité, de la station habitée par eux – Val d’Isère dans le cas de Killy, et Val Thorrens dans le cas de Marielle Goitschel). 

 

Car l’elément essentiel du développement touristique en montagne, est, depuis pas mal de temps déjà, ce ski qui a permis à toute une population de montagne de vivre très correctement, grâce à l’aménagement et à l’entretien de pistes de ski qui, avec le temps vont se multiplier et s’étendre un peu partout, au risque parfois de déséquilibrer le système écologique par la destruction de forêts qui constituaient jusque là des pare avalanches naturels. 

 

Mais qu’importe ce petit désagréement, puisque les pistes nouvellement créées, permettront, une fois balisées et contrôlées sur le plan de la sécurité, aux skieurs de rejoindre plusieurs vallées à partir des différents sommets où ils ont été emmenés grâce à des remontées mécaniques (télécabines, téléphériques, télésièges, skilifs, etc) toujours plus modernes et qui, pour cette raison meme, seront capables de transporter sur les hauteurs un nombre toujours plus impressionnant de skieurs, et ce dans un laps de temps de plus en plus court.

 

Et parce que ces installations coûtent aujourd’hui très cher, des sociétés d’investissement venues d’ailleurs prendront, dans leur financement, le relais des investisseurs locaux.

 

Et si la station est sise suffisamment en altitude, c’est toute l’année qu’elle donnera accueil aux skieurs, ceux-ci pouvant skier, sans interruption, sur les neiges éternelles adossées aux glaciers et aux sommets d’altitude.

 

A part cela, tout un secteur hôtelier et d’accueil va se développer afin de recevoir les skieurs durant l’hiver, ainsi que les randonneurs, avec leur famille, durant l’été. Et pas que ces catégories-là puisque certains hôtes de la station préféreront la vie nocturne aux plaisirs du sport.

 

Et la station de s’adapter en offrant de nouvelles opportunités à cette catégorie de visiteurs. C’est ainsi que certaines stations de ski sont devenues, avec leurs restaurants chics, leurs magasins chics, leurs discothèques chics, leurs night-clubs chics, des pôles d’attraction pour cette jet set dont les membres arrivent, durant les fêtes de Noël, sur les lieux, en avion, en hélicopter ou en limousine conduite par des chauffeurs privés, afin d’y claquer en quelques heures, pour le plus grand plaisir, d’ailleurs, des propriétaires des commerces de la station, des sommes d’argent qu’un paysan de montagne mettrait des dizaines d’années à gagner en vendant son fromage de chèvre ou d’une autre manière.

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Voilà pour le présent. S’agissant de l’avenir, les seules stations de montagne qui survivront, si le réchauffement planétaire n’est pas qu’un mythe, sont celles dont les pistes de ski sont situées entre 2’500 et 3’500 mètres d’altitude. Quant aux autres, elles mourront. Ou alors, pour ne pas mourir, elles devront réorienter leurs activités en misant, par exemple, sur des sports de riches tels que le golf, ou sur la mise à disposition, pour une élite de jeunes fils à papa, de collèges ou d’universités à la montagne aussi exigentes, pour l’obtention des diplômes, que les autres;  ou encore – comme c’est le cas, de nos jours, de Davos, en Suisse – sur l’organisation de congrès permettant aux "grands de ce monde" de respirer durant quelques jours l’air pur et frais de la rmontagne, et de mieux réfléchir, par conséquent, aux décisions importantes qu’ils seront appelés à prendre à cette occasion.

 

Et si les hôteliers ont de l’imagination, ils inventeront, pour leur hôtel (et pour peu qu’ils aient de l’argent) un design futuriste, avec murs vitrés, baies vitrées, et plafonds vitrés capables de recevoir la lumière du soleil durant la journée; ainsi que tout le confort et la gamme de services qu’un hôtel digne de ce nom doit offrir à ses clients : piscine, sauna, restos, bars, salon de coiffure, de massage, pièce de jeu pour les enfants, garderie, salle de projection ou de cinéma, etc. etc.

 

Les plus malins, ou futuristes, installeront même un télescope, dans leur hôtel vitré, ou sur le toit de celui-ci, permettant de scruter le ciel durant la nuit, pour le plus grand bonheur des "astrologues désastres" (comme diraient certains participants au présent site sur lequel le présent article est publié)