Mont-Louis, cité du Soleil-Roi et reposoir du Vilar d’Ovençà.

 

Sur un tertre commandant le Col du Jardo et, à l’Ouest, le haut plateau cerdan ; au Nord, la vallée glaciaire capcinoise ; et, à l’Est, l’échancrure haut-conflentoise, Mont Louis, ancienne place forte, en l’an 1679 créée par Sébastien Le Prestre de Vauban qui aurait parfaitement observé et compris l’importance de cette position, bassement stratégique et tout à fait inutile implantée en ce lieu, le site étant très mal choisi, celui du Pic Ballador, sur les hauteurs estavaroises étant, lui, plus judicieux, avec vue sur toute les Cerdagnes, et particulièrement sur Puigcerda, première ville espagnole, en outre importante ville de garnison, pour défendre la nouvelle frontière déterminée par le Traité des Pyrénées, en Novembre 1659, et certifiée par les Conventions de Céret, Mai 1660, et de Llivia, Novembre 1660, bâti à 1600 mètres d’altitude, porte le nom patronymique en l’honneur de Louis XIV, souverain régnant lors de sa construction, et amputant, de tout son terroir, la communauté et université du Vilar d’Ovençà.

 

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Pour son ingénieur concepteur, la cité devait être un excellent verrou de frontière qui n’a jamais eu, au cours des siècles, au cours des multiples incursions espagnoles, à servir, sa mauvaise implantation n’empêchant, nullement, les armées étrangères qui avaient toutes leurs aises, tous les espaces, pour le contourner, de s’introduire profondément dans le territoire français. Aussi, n’ayant jamais subi d’assaut, ses remparts son conservés intacts, de même que la porte de France, une porte unique en permettant l’accès, de même que les bastions et les échauguettes. Comme quoi, et en toutes époques, même les plus grands stratèges militaires peuvent commettre, imbus de leur personnalité, des bévues engageant les deniers de l’état, en toute impunité, et les impôts exceptionnels collectés, près les contribuables exsangues, pour l’érection d’une forteresse qui n’avait aucune raison d’être dressée en ce lieu aride et sec, son alimentation en eau potable se faisant par le truchement d’un puits unique et d’une roue selon le système de l’écureuil, actionnée par des forçats, pour en puiser le précieux liquide.

 

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Les seuls points positifs à retenir, sur ce fiasco défensif, le sont, d’une part, pour un centre d’instruction de commandos installé à l’intérieur de la citadelle, et, d’autre part, pour les visiteurs qui, accédant à la cité, s’immergent dans un village musée conservé en son état originel.. Même la restauration des maisons respecte, scrupuleusement, le site, par l’usage strict des matériaux de base, typiquement montagnards, pierres, schistes, granites taillés et couvertures en ardoises. Seules les nouvelles constructions, s’étageant en deçà des remparts, aucune d’entre elle ne formant verrue à l’intérieur de la ville fortifiée, ne sont pas atteintes par les restrictions concernant les constructions hors murs

 

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Sublime émerveillement, depuis les glacis s’offre, à la vue, le panorama grandiose du Cambre d’Aze évidé du cirque glaciaire aux apics vertigineux. Et…, dans une encoignure de la vallée, s’y nichant et si pelotonnant, se dresse la pointe d’un clocher, Planés. Son église est curieuse et sa conception, par son plan polygonal étoilé, aux six branches alternativement anguleuses et émoussées, en absidioles semi-circulaires, la coupole centrale posée sur trois demi-coupoles, surprenante. Que n’a-t-on pas épilogué sur son origine étrange ! Sur sa structure très rare dans l’occident médiéval !

 

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Dans le pays, on la dénomme la Mesquita, la petite mosquée, mais il s’agit, sans doute, la thèse la plus probable, d’un édifice roman inspiré par le symbole biblique de la Trinité. La tradition locale, s’en réfère à une légende rappelant, en ce lieu, la décapitation de Manuzza, commandant en chef de la garnison arabe de Llivia, stationnée à Bajande, aux « Camps de la Porte Caladissa », qui, pour avoir épousé la fille du Duc d’Aquitaine et embrassé la religion chrétienne, fut considéré comme traitre à l’Islam, et attribue son érection, en son hommage, aux sarrasins.

 

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En réalité, Manuzza serait mort, en Vallée de Font Vive, sur la commune de porté Puymorens, alors qu’il tentait d’échapper à ses poursuivants, le col tranché, avant qu’il n’eût pu rallier les troupes du Comte de Foix faisant mouvement dans la Vallée de Mérenx. Son corps aurait reposé dans une chapelle érigée, en bordure « del Camí del sofre », – le chemin du soufre -, antique « Via Tolosa », sur la commune d’Estavar, et détruite, au début du XXe siècle, par nécessité d’élargir le chemin donnant accès aux mines de lignite.

 

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Mais, mosquée ou symbole de la Trinité, nul n’empêchera les inconditionnels de l’une ou l’autre des théories, de continuer à en découdre.

 

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Jetant un dernier regard attendri sur la haute vallée de la Têt, une vallée où nombre de chemins se coulent à travers les herbages, les rochers, les nappes de genêts et les lisières des forêts, une large échancrure, une faille sismique, berceau d’un fleuve qui, plus d’un millénaire étant, depuis le Port d’Enforcat jusqu’à Olette, a porté le nom de « Valle Engarra », et tout du moins c’est ce que nous apprend l’acte de donation, par Béra, Comte de Razés et Conflent, l’an 846, de son alleu de « Kanaveilles », à l’abbaye de « San Andreu d’Eixalada. »

 

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Tête tournée vers cette saignée fluviale, défilent les vallées adjacentes encaissées, les murailles vertigineuses de rochers, les nombreux tunnels et les viaducs, multiplication d’œuvres d’art et d’architecture civile, de la touristique ligne de chemin de fer du Train Jaune de Cerdagne, et les précipices impressionnants du Haut Conflent. Mont-Louis et ses remparts, sa ville fortifiée et sa citadelle qui abrite, de nos jours, le « C.N.E.C. », le Centre Nationale d’Entraînement Commando, veille comme un sentinelle aveugle et sourde, défendue de donner l’alerte. Quel visiteur n’a jamais entendu parlé… « du puits des forçats ? » châpeauté de son énorme, sa démesurée et sa gigantesque roue de bois mue par la force de l’homme ? Elle devait permettre de puiser l’eau nécessaire, en cas de siège, aux troupes et à la population, dans un puits creusé, à même le roc, un travail de bagnard, au marteau et au burin, sur une profondeur de trente mètres. Elle devait…, mais Mont-Louis n’ayant jamais été assiègé, erreur dans le choix d’implantation de la place forte, elle n’a jamais fonctionné et n’a jamais vu l’ombre d’un forçat, aucun criminel condamné aux travaux forcés, à perpétuité, n’ayant jamais été interné dans la citadelle, qui lui fut attaché, bardé de chaînes, pour lui impulser et lui imprimer le moindre mouvement de rotation.

 

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La forteresse, en référence au désopilant rapport, établi par Vauban pour l’étude d’implantation d’un tel ouvrage, devait être un point d’appui avancé afin d’affirmer, d’assurer, de soutenir, de concrétiser et de défendre les nouvelles frontières définies par le Traité des Pyrénées signé sur l’Ile des Faisans, sur la rivière Bidassoa, le 7 Novembre 1659, et planifié lors des conférences de Céret, Mai 1660, et de Llivia, Novembre 1660. Le choix de Vauban, occultant d’autres sites militairement plus stratégiques, Concellabre, la Balladosa…, se porta sur la solane de la Cabanasse, sur un mamelon aride en surplomb du fleuve Têt, pour des motifs incompréhensibles de toute évidence, des raisons de commodité et d’accessibilité : voies de communication déclarées praticables en hiver, mais inutilisables cinq mois dans l’année, approvisionnements en eau, évalués conséquents, et en bois de construction, notifiés satisfaisants, en provenance directe, avec des interdictions de coupes à la population, de toute la Cerdagne et de la Val Carolan, le Conflent et sa sous-viguerie de Capsir, aucune forêt n’étant existante sur le territoire foncier de la communauté paroissiale de la Cabanasse.

 

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Un mémoire rédigé, en 1741, par Monsieur Sicart, Viguier de la Cerdagne Françoise, est explicite à ce sujet : « … Lorsqu’on batit le MontLouis, ou il est aujourd’huy l’on avoit projetté de le batir et l’on avoit meme marqué en deux diferents endroits, le premier appelé le Pla de Medes, dans la plaine de Cerdagne, a une demy heure de Puicerda, entre les vilages d’Hix, Caldegues, Palau et Osseja, sur un plateau qu’il y a entre Puicerda et Sainte Léocadie, et il est vray que de cet endroit un corps d’armée auroit pue passer pour aller en Conflent et Capsir, sans risque le canon de la place.

 

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« Le second endroit ou il avoit été projetté et marqué, est sur le plateau du Col du Rigat en allant de MontLouis à la Cerdagne à main droite, apellé Pla Baladors d’ou l’on decouvre toute la plaine de Cerdagne et auroit été mieux placé qu’a l’endroit ou il est aujourd’huy parce que de cet endroit il n’y auroit peu passer de troupes pour aller en Conflent et Capsir, qu’a la veue de la place et meme a la portée du canon.

 

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« Le MontLouis ayant été bati a cet endroit auroit comandé toute la plaine et auroit fait contribuer toute la Cerdagne jusques a Belver. S’il y eut des troupes ennemies en quartier dans la plaine, elles n’auroint point été en seureté. L’on auroit pue facillement les enlever. Derriere le plateau ou colline il y a un ravin ou peite vallée ou y passe la rivière d’Eyne du coté de septentrion, et qui degorge au village d’Estavar, et ou elle se joint à la riviere du Sègre.

 

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« Cette place auroit été a portée de toutes les avenues par ou les enemis auroint peu penetrer pour entrer de Cerdagne en Conflent et Capsir, et le passage de la Perche auroit été toujours libre et l’on n’auroit pas risquer les courses que diferents partis ont fait durant les guerres derniere sur le Col de la Perche; et ou l’on risquoit beaucoup d’y passer sans escorte. Dailleurs l’expérience a fait voir, durant les guerres derniers, que le MontLouis n’a été d’aucune utilité pour conserver la Cerdagne a lobeissance du Roy. Cent hommes des enemis seu sont rendus les maitres de toute la Cerdagne jusques au Col de la Perche, et quand on a voulu conserver la Cerdagne il a falu y entretenir un gros corps de troupe. La garnison de MontLouis quoy que nombreuse n’a jamais peu a cause de la distance peu conserver cette plaine; et au lieu que le MontLouis etant bati a cet endroit, la seule garnison auroit peu contenir tous les habitans du païs, et en temps de guerre les enemis auroint été en une grande obligation d’y tenir un corps de troupes et n’auroit jamais peu empecher la communication de MontLouis avec le Conflent et le capsir, quand meme ils se seroint emparés de Col de la Perche parce qu’ils n’auroint peu y faire passer de la subsistance et de leurs convoys que sous le canon de la place.

 

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« L’abondance auroit été dans la place en cause du voisinage des villages de toute la plaine de la Cerdagne particulierement de Llo, Rohet, Vedrinyans, Sellagouse, Ro, Err, Estavar et Bajande qui sont dans la plaine du coté du midy, qui ne sont qu’a une demy heure et le plus loin a une petite heure de cet endroit et du coté du septentrion, Targasonne, Eguet, Odello, Via, Bolquere et Eyne, qui ne sont pas plus éloignés. Ce qui auroit bien facilité aux habitans et a la garnison beaucoup d’aisance pendant toute lannée, ce qu’ils n’ont pas a l’endroit ou il est, et que pendant l’hyver les païsans y craignent beaucoup de passer le Col de la Perche se trouvant trop loin de la plaine étant plus a portée de Puicerda, et Llivia que de MontLouis.

 

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« Le MontLouis ou il a été bati n’en empecheroit pas si l’on vouloit la communication de la Cerdagne avec le Conflent parce qu’un corps de troupes pouroint passer sans etre veues du MontLouis, par Bolquere, et de la a la Borde dit de Cases, et de la a la Quillane et pourint monter par le Col de Caudies qui est vis a vis a la Quillane pour rejoindre le chemin de Llensades et decendre sur le Conflent. »

 

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Un camp provisoire fut établi dès l’an 1679 et les travaux commencèrent, sous la direction de François de Fortia Durban, suivant les plans établis par Vauban, et s’achevèrent, douze ans plus tard, en 1691. Pourtant un plan soulignait, en 1750, le peu d’avancement de la ville. Il faisait une distinction entre les maisons que quelques particuliers, « hommes de la communauté du Vilar d’Ovençà, un village circonvoisin à la place forte dont les habitants avaient été déplacés, leurs maisons ruinées par décision royale, abattues au canon, pour peupler la cité nouvelle », avaient bâties en maçonnerie et couverture d’ardoises suivant l’alignement planifié par l’ingénieur militaire et maréchal de France, et la grande majorité des baraques de planches dont le menu peuple, de la vulgaire piétaille, n’ayant pas, lui, au différent des nantis et des bourgeois largement récompensés pour l’allégeance au roi dont ils avaient fait preuve, bénéficié des mannes financières qui avaient été allouées « aux francisés », et il était dépourvu des moyens qui lui auraient permis de construire des habitations, selon les règles prescrites et en conformité avec l’architecture locale, haut conflentoise et cerdane, une architecture typiquement montagnarde.

 

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Fidèle et dévoué à son roi, pour l’honorer aussi en servile courtisan qu’il était, Vauban proposa à son Maître Tout-Puissant, à son « Seigneur Universel régnant après Dieu », de baptiser cette place forte du nom de Mont-Louis. Sa dénomination changea à la Révolution et, onze ans durant, elle s’intitula Mont Libre. De nos jours, Mont-Louis, ville entièrement construite sur la commune de la Cabanasse et, par décision royale, détachée territorialement de cette dernière, un confetti sur les cartes cadastrales, est une cité très animée et très accueillante.

 

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Avec son four solaire, le premier d’entre tous en activité et en exploitation, et le second dans le monde après celui, démontable et démonté, de Sorède, en Vallespir, dans le Massif des Albères, – un four construit et expérimenté par Manuel Antonio Gomes dit « Padre Himalaya », physicien portugais -, par une curieuse coïncidence, Mont-Louis rend hommage au Roi Soleil, son fondateur.

 

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En contre bas de l’inutile citadelle, gardienne des espaces vides, ses pieds baignant dans les eaux chantantes du Jardo, il se peut voir, signes intrinsèques d’une industrie, jadis prospère, les anciennes bâtisses, se dressant toujours fières et auréolées de leur gloire d’antan, de la sècherie domaniale de la Cabanasse, construite de 1894 à 1896.

 

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Elles produisaient, annuellement, cinq à six tonnes de graines de pins à crochet, une tonne et demie à deux tonnes de graines de pins sylvestres et, « l’arbre majestueux n’étant pas l’apanage exclusif du continent Nord-américain et des pentes Ouest de la Sierra Nevada, des Rocheuses, de la Californie et du Colorado, particulièrement, et de ses parcs, le King Canyon, le Yosémite, le giant Forest, le Tall Trees Grove ou le Great Basin », une centaine de kilogrammes de graines de Séquoïa sempervirens à bois rouge. La récolte des douze à quinze mille hectolitres de cônes, nécessaires à cette production, apportait du travail et des revenus substantiels à une main d’œuvre locale.

 

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Le progrès et la modernité, non le modernisme, aliénant les esprits, l’appât du gain détournant l’économie de ses finalités originelles, en 1962, la sècherie, hélas, ferma irrémédiablement ses portes. Elle laissa un village orphelin et anéantit les espérances d’une cité décapitée, vouée à sa ruine, au nom du Dieu argent et des grands argentiers pliés aux basses et abjectes menées politiciennes.

 

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Depuis la petite agglomération s’est refermée sur elle-même. Elle revit au rythme du système économique domanial, réminiscences d’un passé aux consonances moyenâgeuses. Son territoire communal, amputé, sous Louis XIV, de dizaines de « feixes », de prés de fauche et de pâtures, est divisé en terroirs de faible et moyenne étendue. Le propriétaire exerce une autorité discrétionnaire, agissant, en certains cas, selon sa volonté particulière, sur tous les habitants demeurant, y domiciliés, sur ses terres. Il y organise la production de céréales, herbe de fauche, paille et pommes de terre, et l’élevage de bovins, ovins et équins, et paie, souvent en nature, les hommes qu’il y fait travailler. A côté de ces terriens subsistent quelques artisans qui ont le tour de main, appliquant des techniques, fruit de longues expériences, et dont la connaissance est transmise, un maigre mais riche héritage, de génération en génération.

 

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Et les uns et les autres, ayant des besoins et des goûts traditionnels, vivotent, leur horizon étant de peu d’étendue. Aussi le village, au fil du temps et des jours, se meurt.

 

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Si les yeux se portent, alors, au loin, s’enfonçant dans la la large mais inquiétante et trouble, agitant les esprits, échancrure de la « Valle Engarra », le regard s’arrête sur un promontoire et, en son sommet, discerne des ruines. Là se dressait, jusqu’en 1654, une tour rectangulaire, comme l’étaient les tours les plus anciennes de la contrée, aux murs épais, élevés autour d’un espace libre restreint, quelques mètres de superficie, une tour armée de petites meurtrières. Malgré ces défenses rudimentaires et une poignée de combattants, elle subira, en 1654, un siège par l’armée et l’artillerie de Louis XIV et résistera pendant cinq jours avant de capituler. Puis, excepté un angle qui, depuis plus de trois cent ans, est toujours dressé, elle sera détruite au canon.

 

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Un minuscule et misérable hameau, un vilar, cité comme l’un des trente trois villages cédés à la France, par les souverains catholiques espagnols, lors de la Convention de Llivia du 16 Novembre 1660, s’abritait plus loin, on ne sait où. Mentionné dès l’an 952, dans un acte de donation faite, par la Comtesse Ava, veuve de Miron II, Comte de Cerdagne, à l’abbaye de Saint Michel de Cuixà, il a donné son nom à la tour d’Ovençà, tour dite du Vilar d’Ovençà. Par volonté royale, cette communauté d’âmes avait été transportée, après sa construction, sur la place forte de Mont-Louis et, pour éviter tout retour de la population dans le village abandonné, l’armée en avait rasé toutes les maisons d’habitation et leurs dépendances, l’infâme amas des ruines servant de carrière de pierres et de moellons pour alimenter le chantier et l’érection de certains des bâtiments de la citadelle.

 

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