Les origines de l’astrologie (5e article)

Dans le précédent article, je disais que des dieux comme Osiris, Haroéris, Seth, Isis et Nepthys, avaient été conçus,  directement ou indirectement, par le dieu Atoum, lui-même formant, pour l’avoir créée, une assemblée de neuf dieux qui tous jouaient un rôle particulier au sein de l’univers.

Il est vrai, dans d’autres récits, c’est Ré, lui aussi dieu soleil, qui avait créé le monde, et donc les dieux susmentionnés.

Il convient néanmoins de dire que le dieu soleil Ré n’était pas, conceptuellement parlant, le même dieu soleil que le dieu Atoum.

En effet, certains textes de l’Egypte ancienne nous informent que le dieu Rê incarnait, ou bien le soleil du jour, ou bien le soleil qui, une fois levé à l’orient, montait au zénith; comparé à un dieu soleil qui Atoum qui symbolisait, lui, le soleil de l’occident, ou, ce qui revient au même, le soleil à son coucher.

Voilà pour l’aspect exotérique de l’affaire. Quant à son aspect ésotérique (qui renvoie lui-meme à ce sabéisme qui,  dans l’esprit de nos ancêtres de l’Antiquité, était un mélange d’astronomie/astrologie), il se trouve que, dans l’esprit des prêtres égyptiens qui étaient initiés à ce sabéisme dont je viens de parler, les notions de jour et de nuit, ainsi que celles de lever et de coucher du soleil, avaient toutes un rapport avec la Voie Lactée située côté Taureau Gémeaux.

En d’autres termes, le soleil mourait, sous le nom d’Atoum, en pénétrant dans cette Voie côté Taureau, et renaissait, sous le nom de Ré, en quittant cette Voie côté Gémeaux, durant son propre déplacement le long de la ligne de l’Ecliptique.

ET parce que la première crue du Nil avait lieu quand le soleil quittait la Voie Lactée, ce même soleil, qui s’appelait Ré, était sur sa butte ou son rocher (en idiome local : benben), cette butte ou ce rocher qui représentait lui-même la Voie Lactée.

 

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Voilà pour ce qui concerne la distinction à faire entre Rê et Atoum.

S’agissant maintenant des dieux tels qu’Osiris, Haroéris, Seth, Isis, et Nephtys, ces cinq là apparaissent, dans tel récit de l’Egypte antique (voir à cet égard les oeuvres de Plutarque) comme des dieux qui étaient associés, pour chacun d’entre eux, à un jour épagomène.

Qu’est ce qu’un jour épagomène?

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un jour supplémentaire par rapport à un calendrier solaire qui, dans l’Egypte ancienne, reposait sur 12 mois de 30 jours, ce qui fait au total 360 jours.

Or, pour arriver à 365 jours, les Egyptiens ajoutaient chaque année,  plus précisément avant de débuter une nouvelle année, les cinq jours supplémentaires requis, chacun d’eux étant représentés par une divinité.

Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces dieux étaient eux-mêmes des planètes des étoiles ou des constellations, elles-mêmes ayant été conçues par un soleil qui s’appelait Atoum ou Rê, en concertation, lorsqu’il s’agit de Ré, avec un dieu Thot qui avait jouer aux dés avec la lune, et, qui en gagnant contre elle, avait exigé d’elle qu’elle affecte une partie de ses propres quartiers (de lune) à la création des jours épagomènes dont on a parlé tout à l’heure. 

 

Tout cela pour dire que les prêtres égyptiens de l’Antiquité avaient formulé, sous la forme d’un mythe ou d’un récit au caractère cosmogonique, un tableau dans lequel l’année solaire de 360 jours était représentée par le dieu soleil Rê (écrit également Ré, ou Râ), et le mois lunaire par la lune elle-même; ce qui revient à dire que l’astre de la nuit était lui-même associé, dans l’esprit des prêtres de l’Egypte ancienne, à la création de ces fameux cinq jours supplémentaires.

Et comme l’année solaire était également determinée par la circulation des planètes, et du soleil en particulier, le long de la ligne de l’Ecliptique, il se trouve que les cinq dieux susmentionnés, dans la mesure où ils  naissaient durant les cinq jours supplémentaires, précisément, étaient eux-mêmes représentés, probablement, par des planètes qui, au lieu de circuler le long de la ligne susmentionnée, s’étaient momentanément arrêtées, ou bien à l’entrée de la Voie Lactée située côté Taureau, ou bien à l’intérieur de cette Voie, permettant ainsi au ciel des étoiles (et, par conséquent aussi, à celui des constellations zodiacales) de se remettre d’aplomb avec le ciel des planètes (et du soleil en particulier).

 

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Et parce que la durée exacte de l’année solaire, au lieu d’être de 360 ou 365 jours,  est de 365 jours 1/4 et des poussières, les Egyptiens seront confrontés à un autre problème qui est le suivant :

Pour déterminer la durée exacte de l’année, ils s’étaient également fiés à cette premiere crue du Nil qui, en se renouvelant chaque année à la même période, représentait, dans leur esprit, le Nouvel An.

Or ce Nouvel An était marqué au ciel (du moins si l’on se positionne au Ier millénaire avant notre ère) par le lever héliaque de l’étoile Sirius.

Par là il faut comprendre que cette étoile se levait, le jour même de la première crue du Nil, une heure environ avant le lever du soleil.

C’est dire qu’un pareil lever deviendra, pour les Egyptiens de l’Antiquité, la borne étalon du Nouvel An.

Mais là est le problème : dans la mesure où le calendrier des Egyptiens était de 365 jours au lieu d’être de 365 jours 1/4 et des poussières; en fêtant, mettons, le 19 juillet (premier jour, associé au mot thot, du calendrier annuel) le Nouvel An, les anciens Egypiens ne voyaient plus, après un certain nombre d’années, à cette date-là, le lever héliaque de l’étoile Sirius dans le ciel.

Réciproquement, s’ils voulaient voir un pareil lever, et donc fêter le Nouvel An à cette occasion,  ils devaient  changer de jour.  

C’est ainsi que les Egyptiens apprendront à connaître la période sothiaque (à savoir 1260 ans) au terme de laquelle le lever héliaque de Sirius correspondait à nouveau, dans le comput de 365 jours établi par les Egyptiens, au 19 juillet, jour arrivée de la première crue du Nil.

 

Tout cela pour dire que le Nouvel An avait lieu à cette époque-là de l’année, chez les Egyptiens de l’Antiquité, une époque qui marquée par deux grands événements : d’une  part l’arrivée de la première crue du Nil, et d’autre part le lever concomitant de l’étoile Sirius dans le ciel (elle qui réapparaissait après une disparition de 70 jours – sauf erreur de ma part).

 

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Et qu’en est-il des Nouvel An des autres peuples de l’Antiquité?

C’est ce que nous allons voir dans un prochain article.