Suppression de la niche fiscale sur les jeux vidéo

[Maj du 25/04 : On vient d’apprendre que la Commission Européenne a finalement décidé de prolonger ce crédit d’impôt jusqu’en 2017. On se doute que pas mal d’acteurs de l’industrie ont dû faire beaucoup entendre leur voix pour en arriver là !]

 

Alors que le label « made in France » est au centre de toutes les conversations, l’Europe vient de mettre son grain de sel dans une niche fiscale jusque-là très appréciée.  

 

Depuis 2007, les studios installés en France bénéficiaient d’un crédit d’impôt réduisant de 20 % les coûts de production. Cette mesure a permis de rendre la France compétitive face à des pays proposant des avantages fiscaux alléchants comme le Canada. Cela a permis à Ubisoft de relocaliser une partie de sa production dans l’hexagone, même si l’entreprise a ouvert de grands studios outre atlantique. On ne va pas cracher sur 37,5 % de retour sur investissement grâce aux crédits d’impôts !  

 

Néanmoins, l’exception française a permis de sauver des emplois mais aussi d’endiguer la « fuite des cerveaux » que connaît la Grande Bretagne. Cependant, cette mesure s’arrêtait au premier janvier 2012 et même si de nombreux efforts sont faits pour tenter de la remettre en service, la situation semble bloquée.  

 

 

Une mesure discriminatoire :

 

La raison du mécontentement est économique : ce crédit d’impôt donne à la France un avantage majeur face aux autres pays européens. On parle donc vite de discrimination. Un mot très à la mode qu’on lâche un peu n’importe comment car personne ne parle de discrimination envers le reste du monde pour le Canada. Ce sont juste les méchants Français qui empêchent leurs gentils voisins de produire des jeux. Tant pis si tout le monde quitte l’Europe car plus aucune mesure n’incite à produire sur le vieux continent : au moins il n’y a plus de discrimination ! Une logique qui laisse perplexe mais qui fait vite s’énerver les studios ayant misés sur la France !

 

 

Guillaume de Fondaumière s’enflamme  

 

Le directeur général délégué et producteur exécutif de Quantic Dreams, également président de l’EGDF (European Games Developer Federation), estime que l’abandon de cette mesure est une « erreur historique ».

 

L’état n’a généralement pas le droit de proposer des aides dans la législation européenne mais cette mesure était considérée comme une exception jusqu’en 2012. Son succès lui a valu des jalousies mais rien n’empêcherait d’étendre ce crédit d’impôts aux autres pays. Cependant, l’Europe ne le permet pas. Une situation stupide qui provoque le déclin du vieux continent.  

 

Selon Guillaume de Fondaumière, les 2/5 des emplois perdus récemment en Europe dans le secteur ont été délocalisés à l’autre bout du monde. Si le Royaume Uni représente encore environ 40% des jeux développés en Europe, ce marché est sur le déclin et va avoir un fort impact négatif sur les autres pays. Il est plus que temps de réagir et de proposer des solutions pour rendre les pays européens plus attractifs aux yeux des studios de développement.  

 

Alors qu’on nous parle de crise profonde et durable qui pèse lourdement sur les travailleurs, on ne fait absolument rien pour sauver leurs emplois. Le « made in France » prend du plomb dans l’aile alors qu’il était reconnu pour l’industrie des jeux vidéo. Allons-nous longtemps laisser le reste du monde nous concurrencer sauvagement sans réagir ?

 

Source :

http://www.develop-online.net/news/39724/EU-wide-ban-on-game-tax-breaks