Ne plus voir le déficit de l’Assurance maladie en face

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a annoncé, au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, travailler sur l’idée que les dépenses d’optique (lunettes et lentilles de contact) pourraient à l’avenir ne plus être remboursées par la Sécurité sociale, mais par les mutuelles et assurances complémentaires.

Or, il faut rappeler que les frais d’optique, tout comme le dentaire, sont déjà terriblement mal pris en charge par l’Assurance maladie. L’économie réalisée ne serait que de 230 millions d’euros sur un déficit de près de 10 milliards d’euros annuels. Autant dire une broutille, mais qui, une fois de plus, fragilise les plus modestes tout en cassant la solidarité nationale, sans régler durablement le problème.

En effet, 8% de la population française, soit environ 5 millions de personnes ne paient pas de mutuelle complémentaire et ne peuvent bénéficier de la Couverture maladie universelle. Déjà frappées par les franchises médicales, le 1 ? non remboursé, les déremboursements réguliers de médicaments, ils n’auraient plus le droit d’avoir une vue correcte. Comme si avoir une bonne vue n’était qu’un luxe.

Si Roselyne Bachelot veut s’attaquer au prix des lunettes, elle doit s’en prendre à ceux qui en font le commerce et qui abuse du système. En effet, le prix des montures et des verres donnent à leurs fabricants des marges conséquentes.

Rappelons que l’Etat doit à l’Assurance maladie la rondelette somme de 5 milliards d’euros et qu’il ne lui verse pas l’intégralité des taxes sur le tabac et l’alcool, ce qui équivaut à 3 milliards supplémentaires. Ajoutons encore 3 milliards qui seraient perçus si l’on taxait les stock-options, suivant la proposition formulée en septembre 2007 par le président de la Cour des comptes, Philippe Séguin. Soit au total, la somme de 11 milliards d’euros en crédit au lieu des 10 du déficit.

"Les remboursements pour les lunettes et les prothèses, les Français ont un remboursement qui ne doit pas être supérieur à 30%, alors que le problème d’hygiène dentaire, c’est un problème de santé publique, on ne peut pas dire que c’est du confort, on ne peut pas se trimballer avec une dent qui manque, et pareil pour les lunettes, ce n’est pas une question de mode, c’est une question de nécessité. J’ai proposé qu’on porte les remboursements jusqu’à 50%", déclarait le candidat Sarkozy dans une interview au journal Le Monde du 23 janvier 2007, comme le rappelle l’Abécédaire de ses propositions sur le site de l’UMP.

Pour conclure, je tiens à rappeler qu’il faut diversifier les recettes de l’Assurance maladie et non rogner sans cesse sur les dépenses. La santé n’est pas une donnée que l’on peut compresser de manière comptable.

Jérôme Charré

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