Le Qatar s’empare de l’affaire des otages syro-libanais…

Pris en étau entre les deux géants que sont l’Arabie Saoudite et l’Iran, le royaume du Qatar loti sur une colossale poche de gaz se plaît à exhiber à tout va la puissance compensatrice que lui confère sa  géographie. Ayant déjà adopté une diplomatie d‘influence qui le rend présent sur tous les fronts de la scène internationale, le Qatar se veut plus conciliant depuis l‘arrivée au pouvoir en juin 2013 du cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani. 

Par la seule et inénarrable  voix d’Al Jazeera, Doha exerce une propagande politique de grande envergure. Quant à ses reluisantes acquisitions tous azimuts et de tous genres, elles nous sont égrenées quotidiennement  et se déclinent en une large palette de biens prestigieux touchant à divers domaines. En plus de l’exploitation de tous les vecteurs de rayonnement dont celui majeur du sport faisant de cet ancien désert l‘incontournable plaque tournante du monde arabe, le petit émirat semble mettre un point d’honneur à développer son rôle de médiateur au profit des dits règlements des problèmes régionaux. 

Le dernier en date remonte à celui du dossier des otages libanais d’Aazaz lequel était fomenté à des fins de discorde sunnito-chiite : la capture des pèlerins chiites par la brigade de la tempête du Nord afférente à l’ASL au nord de la Syrie lors de leur retour d’un voyage religieux en Iran a enfin pris fin après 17 mois de détention. Au terme d’un troc astucieux sous l’égide de  Doha en collaboration avec Ankara,  l‘opposition syrienne et le directeur libanais de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, les pèlerins, les deux pilotes turcs et nombreuses Syriennes ont recouvré la liberté. 

Une avancée qui a eu pour effet de relancer le dossier épineux de l’enlèvement à Alep en avril dernier de deux évêques, grec orthodoxe et syriaque orthodoxe. Sans revendication aucune de la part des ravisseurs et sans éléments nouveaux, le dossier peine à se dénouer d‘autant qu’en fonction de l’évolution de la crise, la zone du rapt a vu changer sa tutelle. D’après les observateurs, la zone du rapt serait sous l’influence de Tchétchènes plus enclins à des pourparlers avec la Russie qu’avec la Syrie ou qu’avec les acteurs arabes régionaux d‘où sa complexité. 

Sous l’impulsion du patriarche maronite Bechara Raï, le Qatar  soucieux de préserver  la chrétienté du Moyen-Orient a promis de mettre tout son poids au profit du dénouement de ce problème. D’ailleurs pour montrer son attachement à la cohabitation de ces deux communautés, l’émir a fait savoir qu’une église maronite devra bientôt voir le jour à Doha. Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim s’active à cet égard tout comme il l’a fait pour les pèlerins chiites, multipliant sans compter les contacts. 

Sous ces cieux où la défense de victimes ne s’exerce qu‘à la tête du client, heureuses sont celles qui peuvent s’adosser sur des poids lourds de l’univers politique. Sinon devant l’indifférence des géants, leur cause a de fortes chances de tomber dans l’oubli : nombreux sont ces Libanais disparus en Syrie depuis la guerre, depuis plus de deux décennies ; ignorant tout d’eux, à savoir s’ils sont morts ou vivants, leurs proches ne peuvent que se languir . Samir Kassab un cameraman de Sky News s’est volatilisé récemment en Syrie avec son équipe. Sa disparition ne semble pas perturber outre mesure les Autorités. A moins que ce ne soit là qu’une stratégie pour mener à bien l‘enquête…