Voyons ce qui nous unit avant ce qui nous distingue

par Élisabeth Badinter.

 

Le titre de la réflexion fait de suite penser à notre monde composé de milliards d’humains, et là, on se dit que le sujet est incommensurable tant ce qui nous distingue les uns des autres est bien plus important que ce qui nous unit.
Nous vivons sur la même planète mais pas dans les mêmes conditions. La terre est elle même injustice par les conditions naturelles qu’elle offre. L’humain du désert est forcément plus misérable que celui qui vit dans une région qui donne à boire et à manger. La nature, celle que nous connaissons, est donc inégale au point que nous sommes différents de mœurs, de pensée, de vie. Ce qui nous distingue est l’essence de cette nature. Elle joue d’abord sur nous mêmes, les races sont différentes. Elles s’expriment tout d’abord par le faciès, la taille, la couleur de peau.

Mais ce qui nous unit, tout en nous distinguant, et qui nous touche est celle de notre corps qui s’applique à tous les êtres humains sans distinction. C’est tout simplement selon la réflexion d’Élisabeth Badinter la différence homme-femme qui est la même quels que soient les continents. C’est là qu’elle intervient dans le cycle de voix de femmes sur la scène de l’Odéon à Paris, le Monde des livres et France culture.

Un entretien avec la philosophe a suivi la lecture de ses textes par la comédienne Nathalie Richard. « La différence des sexes est un fait, mais elle ne prédestine pas aux rôles et aux fonctions. Il n’y a pas une psychologie masculine et une psychologie féminine imperméables l’une à l’autre, ni deux identités sexuelles fixées dans le marbre. Une fois acquis le sentiment de son identité, chaque adulte en fait ce qu’il veut ou ce qu’il peut. En mettant fin à la toute-puissance des stéréotypes sexuels, on a ouvert la voie au jeu des possibles. Ce n’est pas, comme on l’a dit, l’instauration du triste règne de l’unisexe. L’indifférenciation des rôles n’est pas celle des identités. C’est au contraire la condition de leur multiplicité et de notre liberté ». Élisabeth Badinter, Fausse Route.

Analysons ce texte, quant à l’interview on peut se reporter au texte sur Le Monde.fr ou elle parle des apports des Lumières d’avoir fait entrer dans l’humanité des catégories de seconde zone, Condorcet, introduisant les droits femmes, des juifs et les noirs dans l’humanité toute entière. Son œuvre sur l’instruction civique est importante, sur l’indépendance de l’école en refusant tout dogmatisme.

La différence des sexes ne prédestine pas aux rôles et aux fonctions.

C’est écarter l’histoire du monde des humains. Si à notre époque la femme est émancipée et participe, dans les faits, autant qu’un homme à égalité de vie sociale d’un couple, ainsi qu’à la vie civile sous toutes ses formes, bien que ce ne soit pas le cas pour toutes, même actuellement, il en fut autrement tout le long des siècles passés. C’est ne pas se rappeler les doctrines des religions qui ont toujours considéré la femme comme étant l’organe à faire des enfants. L’homme étant dans ces doctrines le maître, celui à qui la femme devait faire obéissance. Sans remonter très loin, lorsque je me suis marié, il y a plus de 55 ans, le maire déclara à mon épouse ses devoirs en particulier de me suivre au domicile que j’aurais choisi, quant à moi, je lui devais assistance. A cette époque la laïcité n’était pas ce qu’elle est devenue, et l’église, par sa doctrine, était encore puissante dans l’esprit public. S’il est possible, actuellement, à une femme de devenir présidente de la république, dans les faits cela ne s’est encore jamais produit, le machisme est encore puissant. Une femme devant montrer plus de preuve de sa capacité qu’un homme pour s’imposer.

Élisabeth Badinter écrit comme une personne d’un haut niveau social quand elle clame qu’il n’y a pas une psychologie masculine et une psychologie féminine imperméables l’une à l’autre.

Si l’on entend par imperméable aucune osmose on se trompe. Sur bien des points de vie les psychologies se rejoignent, mais avec des sensibilités différentes. Le raisonnement d’un homme est différent de celui d’une femme plus souvent qu’on le croit, et celui de la femme corrige souvent celui de l’homme. Le temps ou la femme n’avait pas la parole est révolu dans nos pays dit modernes, non soumis à la doctrine religieuse. Mais si l’on regarde les pays musulmans la femme est encore très dépendante de l’homme. Il faut donc faire une distinction majeure, nous ne représentons avec nos libertés qu’une petite partie de l’humanité. Même chez-nous, dans bien des couples, c’est la femme qui suit son époux, par nécessité matérielle, ce qui permet au couple de tenir la longueur du temps.

Dès lors que la femme est maîtresse de sa condition matérielle, c’est à dire satisfaisant seule à sa propre existence, les psychologies sont différentes et cela se traduit souvent par une indépendance qui conduit à la séparation, puis au divorce. La libéralisation de la femme à l’égal de l’homme mêmes droits et mêmes devoirs, a conduit à l’explosion de la famille par les divorces ce qui n’est pas forcément un bien s’il y a des enfants.

En mettant fin à la toute-puissance des stéréotypes sexuels, on a ouvert la voie au jeu des possibles.

Il est vrai que la libération des sexes a ouvert la voie à des libertés qui étaient prohibées il y a encore peu de temps. Mais là, encore, si l’on regarde les pays ou l’identité homosexuelle est reconnue, on s’aperçoit qu’ils sont peu nombreux. Même en France, regardons le combat qu’il a fallu mener pour le mariage pour tous. La doctrine religieuse ne reconnait le fait homosexuel que depuis peu, par ce que même au sein de la curie romaine ces pratiques furent reconnues. Le possible comme l’entend Élisabeth Badinter, suppose que c’est la liberté d’assurer son identité sexuelle sans avoir à rendre des comptes. Mais comme dans tout, il y a toujours une contre partie, ce que l’on nomme la réaction à l’action en physique. Cette liberté sexuelle si tant est qu’elle devrait être raisonnée, elle permet tous les abus conduisant à des maladies comme le sida. Toutes libertés doivent être contrôlées par ce que l’humain ne sait se contenir.

Élisabeth Badinter paraît obnubilée par le problème du sexe quand elle écrit, ce n’est pas, comme on l’a dit, l’instauration du triste règne de l’unisexe. Comme pour tous les intellectuels le sexe serait la cause de tous les problèmes hommes femmes. C’est vrai jusqu’à un certain point, quand l’âge fait son œuvre le sexe devient secondaire par rapport à la santé. De plus c’est ignorer, que dans la vie, il y a bien d’autres préoccupations. Ces préoccupations sont surtout celles de ceux dont la vie tourne autour du sexe oubliant qu’elle offre bien d’autres moyens d’existence et d’expression qui permettent à l’homme et la femme de vivre en harmonie. Le sexe de la femme est plus compliqué que celui de l’homme qui ne peut toujours à cause de dysfonctionnements organiques pleinement satisfaire sa partenaire. Tous les hommes ne sont pas égaux dans l’acte sexuel, comme toutes les femmes aussi.