Nicolas Sarkozy tente-t-il de faire oublier son bilan ?

Dimanche soir, le Président, parlait sur 9 chaînes de télévisions.

Il n’est pas a parti en campagne, tout en en faisant « comme si » et en laissant entendre que ce serait pour bientôt ! Il a pourtant annoncé des mesures économiques importantes qui pourraient être un programme de début du nouveau mandat, mais surtout, il tente de tourner la page de son bilan, sans en faire état.

      A l’issue de l’interview du Président par quatre journalistes, plus personne n’a de doute sur sa candidature à la prochaine élection présidentielle, mais il n’est toujours pas « formellement » candidat !

      Le Président s’est voulu calme, détendu, affirmant que la crise financière était « stabilisée », mais ne se retournant pas sur son action depuis plus de quatre ans ! Non, il voulait être courageux et se tourner vers l’avenir ! Il voulait « expliquer » aux Français, toujours expliquer, au cas où ils ne comprendraient toujours pas que lui seul est capable de piloter le bateau France dans la tempête. Il s’est un peu repenti quand même sans aborder toutefois son bilan ! « Est-ce que j’ai des regrets ? – Oui », a-t-il répondu.

      Ce qu’il veut : « d’abord, agir avec lucidité et courage », sans doute pour qu’on oublie un quinquennat qui ne cesse pourtant de le rattraper ( le chômage en augmentation régulière, la dette qui s’accroît constamment, le "travailler plus pour gagner plus" qui n’a pas convaincu les Français, etc..) Ce qu’il veut, c’est ne pas apparaître comme un autre Président qu’on accusa « d’être un homme du passé devenu homme du passif » ! (il ne l’a pas dit, mais c’est bien l’impression qu’il a donnée à bon nombre d’observateurs !)

      Nicolas Sarkozy se veut dans l’action, mais certaines mesures ne risquent –t-elles pas de rester "de simples effets d’annonce", étant donné que la session parlementaire est suspendue début mars, en raison des élections. On est donc tenté de dire : encore et toujours des effets d’annonces, mais le bilan , Il ne reste finalement que cela au passif du Président-candidat !

      Le bilan, donc, il n’en parle pas et déclare : "j’ai le sens du ridicule. Ce n’est pas à moi de juger mon propre bilan. C’est aux Français de le juger". "J’accepte les critiques sur le sujet et que l’on me dise aujourd’hui que je n’ai pas fait assez". "J’avais cru comprendre que pendant cinq ans, le thème c’était: on en fait trop".  

      Même s’il voulait peut-être ne pas s’attarder sur son bilan, un examen attentif de ses déclarations télévisées peut laisser penser qu’il n’a pas pu y échapper totalement. Ainsi, le député-maire de Cherbourg, lors d’une conférence de presse au QG de campagne du candidat PS à l’Elysée a affirmé que «le candidat Sarkozy est apparu comme le cruel commentateur du bilan du président Sarkozy». Qu’il s’agisse de «la désindustrialisation», «de l’explosion du chômage», «du déficit de compétitivité» de la France par rapport à l’Allemagne «il a été extrêmement dur avec lui-même», portant «un regard extrêmement juste et très dur sur le bilan dont il est responsable», a-t-il ajouté.

      En 2007, Satkozy avait bien dit que lui « on le jugerait à ses résultats », mais le bilan de ses cinq années rend difficile de s’emparer de ce thème pour la campagne actuelle. Le critère principal, le chômage, devait être « réduit de moitié ». On sait ce qu’il en est ! Le candidat Sarkozy 2007 s’engeait à « aller chercher la croissance avec les dents », or on est proche de la récession ! la dette s’est accrue, mais on ne s’en souciait guerre lorsqu’on a accordé « des cadeaux fiscaux » au début du mandat ! Oui, mais la crise est passée par là, nous dit le Président et nous lui répondons : ce n’est pas une excuse !

      Alors, oui, cela va être très dur pour le Président candidat de faire oublier son bilan. Il ne suffira pas de se lancer dans l’action, comme une fuite à l’avant, d’agiter le drapeau de la crise et de tenter de faire taire ceux qui veulent qu’on reparle de son bilan dans cette campagne présidentielle.

 

Sources : Le Monde, Le Figaro, Libération,  le Nouvel Observateur.