Boulevard

Réalisateur : Dito Montiel

Date de sortie : 23 mars 2016

Pays : USA

Genre : drame

Durée : 88 minutes

Budget :

Casting : Robin Williams (Nolan Mack), Bob Odenkirk (Winston), Kathy Baker (Joy), Roberto Aguire (Leo)

Nolan Mack est un employé de banque modèle. 25 ans au même poste, à faire toujours les mêmes choses, avoir des ambitions ne semblent plus faire partie de son quotidien. Il mène une vie tellement rangée qu’il s’ennuie dans une forme de confort moribond, rempart à toute nouveauté. En amour ce n’est pas mieux, Nolan et sa femme font chambre à part, une finalité en somme pour tous les vieux couples qui ne s’aiment plus vraiment. Un soir alors qu’il rentre chez lui, Nolan prend une décision folle, il change d’itinéraire. Sur ce boulevard, il va faire la rencontre de Léo, jeune prostitué qui saura au gré de leurs multiples rencontres lui redonner goût à la vie. 

Tristesse et gâchis sont les premiers mots qui viennent à l’esprit. Pas à propos de la qualité du film mais vis à vis de Robin Williams. Tristesse de se dire que Boulevard est sa dernière prestation au cinéma et qu’une ombre posthume plane irrémédiablement sur lui (c’est également la raison non avouée de voir un film de ce réalisateur sortir en France, lui qui n’a jamais eu ce privilège). Gâchis de voir un acteur si talentueux, lui qui aurait pu faire encore tellement de choses, qui a su faire rire et pleurer les familles dans les années 1990 puis effrayer par ses personnages torturés dans les années 2000. Tout comme son personnage, Robin Williams incarne un Nolan attachant, gentil, diplomate, affichant un sourire mais est-il sincère ? Derrière, se cache un homme qui ne veut pas froisser, qui a «la phobie de faire du mal», respectant les convenances et cachant une profonde mélancolie.

Ce n’est pas le scénario de Boulevard qui assurera sa postérité mais bien ce qui a été écrit ci-dessus. Le film est certes beau et plein d’émotions, un joli drame sur un thème assez actuel, c’est à dire le coming out d’hommes et de femmes plus ou moins âgés qui osent enfin dire qui ils sont. Profitant d’une époque beaucoup plus tolérante sur ces questions qu’il y a 40 ou 50 ans. L’attitude du père grabataire traduit bien cela, lui au bout de ses forces, tourne sa tête de dégoût et de rejet quand Nolan lui avoue avoir ressenti de l’attirance pour un petit garçon sur la plage lors des vacances d’été dans les années 1960. Bien sur ce genre de révélation bouleverse toute une existence, pas seulement des parents (quand ils sont encore en vie) mais bien sur celle du conjoint. Où était la sincérité durant toutes ces décennies de vie commune ? Etait-il un « jouet » de substitution ? Ce qu’incarne parfaitement Kathy Baker quand elle apprend la vérité. Elle qui rêvait d’une croisière pour recoller les morceaux, là c’est son vaisseau qui sombre, une catastrophe pire que celle du Titanic. Si les deux comédiens principaux sont justes, c’est moins le cas de Roberto Aguirre, le jeune Léo. Même s’il révèle la vraie nature de Nolan, il reste effacé, à côté de ses pompes, arborant un visage figé d’indifférence. De plus ce personnage est un peu trop cliché, il introduit dans le film une dimension peu originale liée à la prostitution : le mac violent, l’argent sale, les problèmes familiaux, etc.

Il y a quelque chose de malsain, froid et austère dans Boulevard. Tout d’abord, vis à vis de la jeunesse, Nolan semble envieux des jeunes qui se bécotent joyeusement sur les bancs publics, de son meilleur ami (Bob Odenkirk en professeur désabusé mais drôle qui revit une nouvelle jeunesse avec une de ses élèves) avec qui, il ambitionnait de conquérir New York étant étudiant. Cette jeunesse est vue comme une source de regrets et d’amertume, mais sa jeunesse il la revit maintenant. Il ironise dans le miroir quand il souligne qu’il vient d’avoir son « premier cocard à 60 ans ». Deuxièmement, cette relation entre les deux hommes est assez perturbante. Si au début, Nolan donne l’impression de considérer Léo comme le fils qu’il n’a jamais eu, cela tourne vite en une sorte d’amour unilatéral.  Même s’il n’a pas d’âge, il est assez dérangeant de s’imaginer un homme de 60 ans avoir une relation avec un jeune adulte sortant à peine de l’adolescence. Au final, Boulevard est un film assez sombre, pas très gai mais qui profère une morale optimiste : être ce que l’on est et s’assumer pour être heureux.