Le tout nouveau testament

Réalisateur :Jaco Van Dormael

Date de sortie : 2 septembre 2015

Pays : Belgique, France, Luxembourg

Genre : Comédie, drame

Durée : 114 minutes

 

Casting : Pili Groyne (Ea), Benoit Poelvoorde (Dieu), Yolande Moreau (la femme de Dieu), Catherine Deneuve (Martine), François Damiens (François)

 

Le cinéma belge à la côte ces dernières années, les comédies telles que Dikkenek, JCVD ou bien encore Les barons,  reçoivent des critiques élogieuses du public. Cela peut être vu comme une forme de snobisme vis à vis du cinéma français dont les comédies ne sont pas toujours drôles, il faut bien l’avouer. La Belgique, pays de la farce et cela n’est pas nouveau. C’est sans parler des acteurs et actrices qui deviennent de plus en plus convoités en Hexagone, tellement que l’on en oublie leur nationalité. Après le séisme Mister Nobody, véritable fiasco financier mais film plaisant, Jaco Van Dormael revient avec un film aussi loufoque, cependant le pari est moins risqué, de part le budget réduit et son ambition mesurée. La qualité est elle au rendez vous ?

 

Dieu habite à Bruxelles dans un HLM de banlieue. Il est exécrable, déteste tout le monde, méprise Sa création, l’être humain et s’amuse à lui imposer des règles lui pourissant la vie. Envers sa famille, ce n’est pas mieux, avec sa femme il est odieux, à son fils Jésus, il ne réserve pas mieux et avec sa fille, Ea, il joue les pères séquestrateurs. Du bout de ses 10 ans, elle décide de partir de chez elle et créer son propre testament en réunissant 6 apôtres. Avant cela, elle joue un mauvais tour à son père en communiquant au monde entier sa date de décès. Un coup fourbe faisant perdre en crédibilité, la foi vacille.


Alors que retenir de cette folie belge ? Que des bonnes choses ! Le film est drôle mais pas que. Il offre une aventure existentialiste vue par les yeux d’une petite fille. Cela apporte une touche de légèreté et de comédie sur un sujet somme toute dramatique. Le tout nouveau testament invite à réfléchir sur les choses de la vie car nous sommes tous condamnés et nous allons tous mourir un jour ou l’autre. Ce fait même est une évidence mais savoir la date exacte a pour effet de pousser certaines personnes à sortir de leur monotonie. "Je ne vais tout de même pas continuer à vivre ainsi sachant qu’il ne me reste plus que quelques années à vivre !". Bref, une société désorganisée où la notion de travail perd de son utilité. Le monde sombre dans une véritable paranoïa, les plus désespérés prennent toutes les précautions pour déjouer le destin, en vain. A l’image de cette pauvre femme, pensant à tous les dangers de la maison, oubliant son armoire sous laquelle elle finit ! C’est également l’occasion de drames familiaux qui auraient du arriver, mais en sachant le moment précis c’est encore pire. Le caméo de Pascal Duquenne, acteur du 8ème jour, autre film de Jaco Van Dormael, dont la mère se contraint à étouffer pour ne pas le laisser seul quand elle disparaîtra avant lui. Outre cet aspect on rit quand même, les gags récurrents de Kevin se jetant sans cesse dans le vide afin de tester si son heure est venue ou non en est un exemple.

 

Le film est découpé en sketches, un apôtre, un sketch. Cela rythme le scénario et évite l’ennui. On fait connaissance de ces drôles de personnages tels que le puceau, l’enfant malade, la femme riche abandonnée, le tueur ou la manchot. Une fois les apôtres réunis, il est intéressant de les voir se rencontrer, voir leurs histoires s’entremêler, leurs destins modifiés et réunis grâce à l’entremise de la petite Ea. Son critère de recrutement très particulier et poétique se fait sur la petite musique qui se joue au fond du coeur. Chacun en a une, comme une mécanique forgée au fil des années d’existence produisant un son unique. La fameuse Cène de Léonard de Vinci se voit constemment modifier à chaque fois qu’un nouvel apôtre rejoint Ea. Au final ce ne sont pas moins de 18 convives qui s’invite, un chiffre censé porter bonheur selon la femme de Dieu. 

 

Jaco a su s’entourer d’un casting divin. Poelvoorde, Deneuve, Damiens, Moreau, entre autres. Pas tous exploités à leur juste valeur. Poelvoorde surjoue le colérique, il râle, crache son mécontentement et cela finit par fatiguer. Deneuve épate dans ce rôle où la rigidité du personnage casse complètement avec l’absurdité de son histoire d’amour. Damiens reste fidèle à lui même, toujours aussi juste, peu importe le rôle qu’on lui donne à jouer. Puis il y a Pili Groyne, l’actrice d’Ea, un personnage entre Miette de La cité des enfants perdus et Mathilde de Léon, donnant l’impression que le monde peut reposer sur ses frêles épaules, tellement que l’on en oublie qu’elle n’est qu’une petite fille.