COTE D’IVOIRE: Suspension de la presse proche de l’opposition

Cote d’Ivoire : la presse proche de l’opposition suspendue

Depuis le 13 septembre, une partie de la presse ivoirienne ne parait plus, interdit pour deux semaines. C’est une décision prise par le conseil national de la presse(CNP), organe étatique de régulation. Cette décision vise uniquement la presse proche de l’opposition, appelée encore presse pro-Gbagbo. Six organes au total sont concernés, et ce pour avoir publié, en quatrième de couverture, des photographies représentant Laurent Gbagbo et ses proches emprisonnés. Les légendes de ses photographies mentionnent les postes ministériels occupés par certaines de ces personnalités, pendant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011. Et notamment, que le Professeur Gilbert Aké N’Gbo a été le Premier ministre de Laurent Gbagbo. Pour le CNP, cette manière de traiter l’information est préjudiciable au processus de réconciliation nationale qui à vrai dire n’a jamais décollé. Estimant que les nominations de ces responsables au gouvernement, qui datent du 6 décembre 2010, ont été déclarées nulles et non avenues par une ordonnance d’Alassane Ouattara en avril 2011, l’organe de régulation accuse lesdits organes de vouloir entretenir la thèse de l’existence d’un bicéphalisme au sommet de l’état durant cette période.

Ce fréquent bras de fer entre le CNP la presse proche de l’opposition n’est que la partie visible d’un iceberg. En cote d’ivoire le militantisme politique a gangréné le journalisme à un tel point que dans les kiosques à journaux, on ne trouve que deux tendances diamétralement opposées. D’un coté la presse dite verte proche de la coalition au pouvoir, et de l’autre la presse bleue porteuse des idéaux de l’opposition incarnée par le FPI, parti de l’ancien président Laurent GBAGBO. Ce sont ces deux plumes acerbes de part et d’autre qui se disputent les faveurs de l’opinion publique.  Tous ces organes de presse sont financés par les hommes politiques qui ont une main mise totale sur les informations à divulguer. Les autres médias n’échappent pas non plus à l’omniprésence  de la politique. Une seule chaine de télé après 52 ans d’indépendance dans un pays comme la cote d’ivoire, a le droit d’émettre. C’est la télévision d’état qui ne parle que du président de la république et son gouvernement, au point de tomber parfois dans le culte de la personnalité. Les informations y sont contrôlées aussi et l’opposition n’y a pas sa place. C’est un phénomène national et tous les gouvernements qui se sont succédé en Cote d’ivoire ont gardé la même politique. Au niveau des radios, à part la nationale et quelques unes, toutes les radios de proximités sont interdites de diffuser des contenus politiques. Cette flagrante violation des droits à l’information qui dure depuis des décennies entretien un climat de suspicion générale au sein des populations. Les hommes politiques se servent du déficit de l’information pour manipuler les masses, en créant et entretenant des rumeurs qui plongent dans la psychose. La presse jusque là reste le seul moyen de vérification et d’équilibre de l’information par la confrontation des données. Mais lorsqu’une partie se retrouve spoliée sous des prétextes qui ne tiennent pas la route, on court tout droit vers le retour de la pensée unique. Et ceux qui dénonce ces suspensions ressassées argumentent qu’au-delà des raisons évoquée, c’est plutôt le succès de la presse proche de l’opposition auprès des lecteurs qui effraie les autorités.

Pour information la plus part des journaux suspendus sont en tête de pelletons des meilleurs ventes.