Un rite vaudou pour Ingrid Betancourt

À Cotonou, capitale économique du Bénin, des prêtres vaudou ont fait des offrandes en implorant leurs dieux et leurs ancêtres pour qu'ils viennent en aide à la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, otage des FARC depuis six ans.

Le rituel réalisé par des initiés au Benin, pays qui a vu naître cette religion en Afrique occidentale, faisait partie d'un programme de trois jours de méditation et de prière décrétés par le président de la République, Thomas Yayi, pour venir en aide à Ingrid Betancourt.

« Que l'amour et la compassion de Dieu touchent les coeurs de ceux qui ne comprennent pas encore que blesser quelqu'un c'est se blesser soi-même. » a lancé le grand prêtre vaudou Dah Aligbonon en tendant les bras vers le ciel, tandis que la foule répandait sur le sol, en signe d'offrande, des coquillages et du lait de vache.

Exceptionnellement, les sacrifices de poulets et d'autres animaux ont été omis de cette cérémonie, car, selon Dah Aligbonon, on ne doit pas verser de sang lorsque l'on demande aux âmes des ancêtres de faire régner la paix et le pardon dans le coeur des hommes.

De leur côté, les chrétiens et les musulmans du Bénin ont aussi organisé des séances de prière pour la libération d'Ingrid Betancourt.

Il est assez surprenant d'assister à trois jours d'une telle ferveur populaire en faveur d'Ingrid Betancourt dans ce petit pays, l'un des plus pauvres de la planète, où les gens ont sûrement bien d'autres problèmes à régler. Mais, comme le dit le prêtre Dah Aligbonon : « personne qui souhaite être heureux dans la vie ne devrait rester indifférent au drame qui se joue actuellement dans la forêt colombienne. »

Je pense que tous ceux qui, en France, critiquent l'action de notre gouvernement sous prétexte qu'Ingrid Betancourt est d'abord colombienne et qui estiment que Nicolas Sarkozy ferait mieux d'abord de s'occuper des problèmes et de la misère en France devraient prendre exemple sur le peuple béninois..

Ce n'est pas parce que nous avons aussi des problèmes qu'il faut être aveugle à ceux des autres.

Malheureusement, si ces pratiques religieuses ne vont sans doute rien changer au calvaire d'Ingrid Betancourt, elles ne peuvent pas faire de mal et hélas, résument peut-être tout ce que nous pouvons encore faire pour les otages des FARC, c'est-à-dire prier et espérer.