Bonheur d’un balayeur

De bon matin un balayeur des rues d’El Jadida, comme un soldat, travaille avec ardeur.


Il suit, indolent compagnon des vagues de la mer , le sillon des chaussées et des trottoirs.

Rares sont ceux qui le remarquent.

Pourtant son geste est manifeste, remarquable et bien divin.

Rien n ‘est laissé au hasard. Lentement il balaie, amasse et décharge la ville de sa corbeille.

Il apporte une nouvelle lumière. Un nouvel esprit.

Peu bavard , la tête bien droite sur les épaules, le balayeur des rues d’El Jadida est un grand monsieur.

A l ‘image d’une silhouette qui vient et qui disparaît comme par enchantement.

Quel est son secret ?

Je viens lui rendre hommage.

Je viens chanter sa joie de faire celle des autres.

Sa bravoure danse au milieu de toutes ses préoccupations.

Il salue à sa manière, l ‘espace d’une éternité, l ‘humanité engloutie par des rêves sans fin.

Cet homme habille avec coquetterie la cité de Mazagan d’une robe blanche et pure.

Jusqu’à la fin de ses jours, El Jadida lui sourira et lui contera sa plus belle histoire.

Histoire de connaitre ses hommes et ses femmes qui l ‘ont tant aimée.

Miroir et couleur de sa mémoire.

Un souffle d’air marin se fait sentir.

Les oiseaux battent des ailes au rythme des petits coups de balaie.

Un soleil rouge pointe de l ‘autre coté d’un océan bleu d’azur.

Le ciel s’ éclaircit.

Tout le monde est ravi !