Syrie : le virus de Qoussair se propage vers le Liban

Depuis l’assaut lancé par l’armée syrienne contre Qoussair, la ville n’a pas connu de répit. Qoussair ce corridor hautement stratégique entre la plaine libanaise de la Bekaa et le littoral syrien bastion des alaouites est devenu l’ultime lieu de convoitise. Il s’agit là du passage clé par lequel sont acheminés les combattants et les armes expédiés par le Courant du Futur et  ses partenaires pour venir à la rescousse des rebelles. La survie de chacun des clans dépendant de cette localité, tous les moyens sont utilisés pour saigner à blanc l’adversaire et personne ne s‘en prive. 

Pour en reprendre le contrôle, l’armée syrienne aux côtés des forces d’élite du Hezbollah a redoublé de violence face à des rebelles non moins tenaces épaulés eux par des mercenaires aux nationalités diverses. Qoussair est noyé dans un déluge de feu qui a fini par dépasser les frontières pour gagner Tripoli la ville frontalière du Liban : les sunnites de Bab el Tebbaneh et les chiites de Jabal Mohsen, reproduisent avec scrupule le macabre scénario syrien. Tripoli livrée à elle-même est devenue cette sinistre zone de non droit. Des hommes tombent, de jeunes réservistes sont aussitôt appelés à la mort pour les remplacer. 

Dans ce climat explosif, tous ceux qui veillent au grain ont haussé le ton. La politique du deux poids deux mesures opérant, seuls semblent faire mouche les hommes du Hezbollah alors que les djihadistes appartenant à l’obédience des monarchies passent comme lettre à la poste. A croire que certains combattants sont halals et d’autres harams ! 

Le Royaume-Uni est revenu à la charge pour exhorter l’Union européenne à exaucer ce vœu si cher à certains cœurs :  inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. La France qui, par rapport à ce sujet, avait jusque là fait preuve d’une extrême circonspection semble désormais cautionner cette option. Laurent Fabius l’a fait savoir. Le président Michel Sleiman s’est fait poliment remonter les bretelles par Barack Obama pour le non respect du Liban par rapport à la politique de distanciation préconisée. 

Tout laisse à croire que placé ainsi dans l’œil du cyclone, le Hezbollah est définitivement  frappé d‘anathème. Les efforts se conjuguent aussi bien sur le plan arabe qu’international pour lui asséner le coup de grâce ; sur le plan local la tendance s’inscrit dans le même registre se traduisant par un durcissement de la crise politique. 

Grâce à cette contribution hezbollahie, le régime de Bachar el Assad se serait ragaillardi  au point d’inquiéter tous ces pays dits Amis de la Syrie. L’objectif étant d’inverser le rapport des forces, les réunions se multiplient :  hier à Amman les Amis du peuple syrien se sont réunis et le Qatar par la voix de Hamad Ben Jassem Al-Thani a réitéré son intransigeance concernant le départ de Bachar el Assad, préalable pour toute sortie de crise ! 

Aujourd’hui a été lancé le coup d’envoi à Istanbul d’une série de réunions sous la houlette de la Coalition nationale de l’opposition syrienne : décrédibilisée par une série de couacs, l’opposition envisage d’élire un nouveau chef, histoire de se remettre en selle ; elle doit aussi et surtout réfléchir sur la question de son éventuelle participation à la conférence de paix dite Genève 2, de ses modalités, prévue pour le mois prochain. 

Dans le cadre de cette réunion, Moaz el Khatib, le chef démissionnaire de l’opposition syrienne vient de proposer un sauf-conduit à Bachar el Assad : "ce dernier aura la possibilité de quitter le pays avec 500 personnes choisies par lui, accompagnées de leurs enfants et de leurs  familles vers le pays qui acceptera de les recevoir". Une initiative personnelle de Moaz el Khatib qui devrait faire bondir le président syrien, lequel envisage de participer aux prochaines élections présidentielles de 2014 ! 

François  Hollande, « Ami de la Syrie », considère lui comme tous ses homologues que lever l’embargo sur les armes à destination des rebelles est un passage obligé ; seule « la pression militaire peut aider à une solution politique », selon lui. 

Al Qaëda est bien le résultat de cette vaste mobilisation qui avait été crée pour combattre l‘armée rouge. Apparemment, on a du mal à tirer des leçons de certains échecs cuisants. L’Histoire se répète. Les foyers de violence ne cesse de se multiplier et l’escalade semble avoir de bien beaux jours devant elle. Malheureusement. 

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