Le génocide Arménien, et ses implications politiques

et d’histoire.

 

 

Illustration du PETIT JOURNAL du dimanche 12 décembre 1915 Extrait : «Toutes les nouvelles, de toutes les sources, parvenues de Constantinople, de Smyrne, d’Angora, de Van, etc., etc., s’accordent dans la description des horribles scènes de carnage dont les victimes sont, depuis le début de la guerre, les populations Arméniennes de l’Empire. Les Turcs ont dressé un plan pour l’extermination complète des Arméniens et ils l’exécutent avec une sauvagerie qui fait dresser les cheveux sur la tête, avec des raffinements de cruauté dont l’histoire de l’humanité, même dans les siècles les plus reculés, donne peu d’exemples».

 

Support WikipediaCela s’est passé d’avril 1915 à juillet 1916. Les deux tiers des Arméniens qui vivaient sur le territoire actuel de la Turquie ont été exterminés au cours de déportations et massacres de grande ampleur. Entre 1.200.000 et 1.500.000 Arméniens ont été tués sur place ou sont morts au cours de leur déportation. Il fut planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l’époque, le Comité Union et Progrès, CPU, plus connu sous le nom de «Jeunes-Turcs», dirigeant l’Empire ottoman et engagé dans la Première guerre mondiale aux côtés des Empires centraux constitués par l’Empire Allemand, l’Empire Austro-hongrois, l’Empire ottoman, et le Royaume de Bulgarie. Ils étaient, à la Première guerre mondiale, opposés à la Triple Entente composées de la France, du Royaume-Uni et de la Russie impériale, ne pas confondre avec la Triple Alliance qui comprenait l’Empire Allemand, l’Empire Austro-hongrois, et la Royaume d’Italie, qui rejoignit ensuite la Triple Entente, voir 193 – Philippe Pétain, Maréchal de France suite 1.

 

Le génocide Arménien est considéré comme l’un des tout premiers génocides du XXème siècle, il coûta la vie aux Arméniens d’Anatolie et du haut-plateau Arménie.

 

C’est de l’histoire, mais, est-ce que la politique Française de décembre 2011 doit s’emparer de ce massacre pour je ne sais quel but ? Faire plaisir a Aznavour qui réside en Suisse ou il est l’ambassadeur de l’Arménie, ou tout simplement électoraliste ? Un peu des deux, contre la négation du génocide Arménien certes, mais aussi beaucoup électoral ? Il faut se poser la question à quatre mois de l’élection présidentielle. Engranger un maximum de voix Arméniennes surement, on recense en France près de 500.000 Arméniens, c’est bon à prendre pour l’élection. Nicolas Sarkozy, avant son élection, avait promis aux Arméniens de soutenir la négation d’un texte de loi spécifique sur la négation du génocide Arménien. Mais c’est franchement électoraliste de le programmer en ce moment, pendant cinq années il pouvait largement le faire. En outre, ce génocide est bien reconnu par nombre d’historiens. Alain Juppé ministre des affaires étrangères avait recommandé la prudence à Nicolas Sarkozy d’autant, que cette proposition de loi qui est l’œuvre de l’UMP, fit qu’il s’est ouvertement démarqué de ce vote déclarant depuis Bordeaux, «le Parlement a voté. Essayons maintenant de reprendre des relations apaisées. Ce sera difficile, j’en ai conscience, mais le temps fera son œuvre», a-t-il ajouté, jugeant «qu’il y a beaucoup de raisons de maintenir entre la France et la Turquie des relations de confiance et même d’amitié», mais appelant Ankara «au sang-froid et à la retenue». Mais aussi une connerie sans nom.

 

C’est la députée Valérie Boyer est à l’origine de la proposition de loi, elle a d’ailleurs reçu des menaces de mort et de viol. Je me dois de déposer plainte et je le ferais a-t-elle déclaré.

 

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Nicolas Sarkozy entouré de Charles Aznavour et du président Arménien Serge Sarkissian

 

Qu’est-ce qu’un génocide, le petit Robert écrit, c’est la destruction d’un groupe ethnique en peu de temps, et cite les Juifs et les Arméniens. Et c’est vrai que des enfants furent massacrés exterminés si ce n’était pour détruire la génération de ce peuple, le rayer de la terre.

 

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Rapport d’un Allemand témoin des événements de Mouch. J’allai trouver le Mutessarif et le priai de faire au moins grâce aux enfants, mais ce fut en vain. Il répondit que les enfants Arméniens devaient périr avec leur nation, référence, Massacres génocitaires.

 

S’il fallait condamner tous les crimes et génocides depuis que des hommes sont sur terre nous n’en finirions pas. Mais là, il s’agit de condamner la négation de génocide, cela va plus loin, c’est à dire est-ce qu’il y a eu ou non génocide ? Est-ce que la république de Turquie a été créée sur un génocide ? C’est la remise en cause de cette république, ce que les Turcs d’aujourd’hui ne peuvent admettre, mais ont-ils raison ? Ils ne sont pas responsables et ne sont pas accusés de ce génocide, ce n’est pas le seul État construit sur des guerres et des massacres, il est donc stérile de s’offusquer du vote des députés UMP qui n’est que de but électoraliste.

 

Le gouvernement Turc actuel n’a rien à voir avec celui de 1915 lors de la première guerre mondiale. Il n’est donc pas visé. Ne pas reconnaître, la qualification de génocide perpétré par les Jeunes-Turcs, nationalistes et progressistes, du Comité Union et Progrès opposé au Sultan Abdühamid II sous le commandement du ministre de l’Intérieur grand vizir Talaat Pacha, et de Enver Pacha l’un des officiers militaires de la révolution des Jeunes-Turcs, est une erreur.

 

L’histoire politique est la suivante.

 

Dès la fin du 19ème siècle, les Arméniens de l’Empire ottoman prirent conscience que leurs droits étaient bafoués par le sultan, et des groupes Arméniens, la plupart du temps révolutionnaires, se formèrent. Ils dénoncèrent les méthodes du sultan et voulurent la liberté pour tous ainsi que l’égalité entre Arméniens et Musulmans. Deux partis Arméniens se formèrent, le parti Armenakan est créé en 1885, et le parti Hentchak, la cloche, en 1886-1887, de tendance socialiste, ainsi que la Fédération révolutionnaire arménienne Dashnak en 1890, de tendance relativement indépendantiste. Les adhérents de ces partis ramenèrent l’espoir chez les Arméniens de l’Empire ottoman, principalement paysans. À l’inverse, l’émancipation voulue par ces partis sera l’un des principaux motifs pour les Jeunes-Turcs, opposées aux vieux du Sultan, de massacrer les Arméniens.

 

Le CUP reçu le soutien de nombreux mouvements représentant les minorités de l’Empire, y compris des mouvements indépendantistes et la Fédération révolutionnaire Arménienne Dashnak. Cependant, cette alliance de circonstance, contre nature, trouva sa limite dans une question cruciale, celle de la création d’un État arménien autonome ou indépendant.

 

Les Jeunes-Turcs parvinrent à renverser le sultan en 1908 avec l’aide des mouvements minoritaires, et dirigèrent alors l’Empire ottoman. Le CUP n’accepta pas la création d’un État arménien, et ceux-ci cherchèrent alors à nouer d’autres alliances dans la région, notamment auprès des Russes, sans succès d’ailleurs. Ce fut donc un conflit de leadership entre les Arméniens ottomans et les Jeunes-Turcs, que les Arméniens perdirent.

 

En 1909 il y eu en prélude du génocide Arménien les massacres de Cilicie, ou d’Adana, entre les 14 et 27 avril 1909. Ils s’étendirent aux zones rurales Ciliciennes et à différentes villes, Adana, Hadjin, Sis, Zeïtoun, Alep, Dörtyol. Environ trente mille Arméniens y laissèrent leur vie, dont vingt mille dans le seul vilayet d’Adana. Des troupes constitutionnelles Ottomanes participèrent aux massacres. Stéphen Pichon, radical de gauche, 1901-1907, alors ministre des Affaires étrangères, porta l’accusation à l’Assemblée française, séance du 17 mai 1909 :

«Il est arrivé malheureusement que des troupes qui avaient été envoyées pour prévenir et réprimer les attentats y ont, au contraire, participé. Le fait est exact».

 

Le premier novembre 1914, à Constantinople, actuellement Istanbul, Enver Pacha accusa les Arméniens de la région de pactiser avec les Russes. Le 8 février 1914, la Russie imposa au gouvernement Turc une commission internationale destinée à veiller aux bonnes relations entre les populations ottomanes. Les Jeunes-Turcs ravalèrent leur humiliation mais lorsque la Première guerre éclata, en août de la même année, ils poussèrent le sultan Mahomet V à entrer dans le conflit, aux côtés des Puissances centrales contre la Russie et les Occidentaux. Le sultan déclara la guerre le 1er novembre 1914. Les Turcs tentèrent de soulever en leur faveur les Arméniens de Russie. Mal leur en pris. Bien qu’en nombre supérieur, ils sont défaits par les Russes à Sarikamish le 29 décembre 1914. L’empire ottoman est envahi. L’armée Turque perd 100.000 hommes. Elle bat en retraite et, exaspérée, multiplie les violences à l’égard des Arméniens dans les territoires qu’elle traverse. Les Russes, à leur tour, retournent en leur faveur les Arméniens de Turquie. Le 7 avril 1915, la ville de Van, à l’est de la Turquie, se soulève et proclame un gouvernement Arménien autonome.

 

Les dirigeants du CUP décidèrent alors de profiter de l’occasion de la guerre pour résoudre définitivement, par l’extermination des Arméniens, la «Question Arménienne», Ermeni sorunu, qui, depuis le congrès de Berlin de 1878 stipulait, entre autre, que la Turquie devait accorder aux Juifs les droits civils et religieux au sein de son Empire, dont faisait partie la Palestine. Animés par une idéologie nationaliste Panturquiste, ils voyaient dans les Arméniens un obstacle majeur à leur unification ethnique en Anatolie et à leur expansion dans les pays de langue Turque d’Asie centrale, est l’un des points les plus épineux de la «Question d’Orient».

 

En février 1915, le comité central du parti et des ministres du cabinet de guerre, Talaat Pacha et Enver Pacha en particulier, mirent secrètement au point un plan de destruction qui sera exécuté dans les mois suivants. Il fut présenté officiellement comme un transfert de la population Arménienne que le gouvernement accusa de collaborer avec l’ennemi Russe, pourtant loin du front.

 

Voici le texte d’un télégramme transmis par le ministre à la direction des Jeunes-Turcs de la préfecture d’Alep, «le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l’âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n’ont pas leur place ici». En fait, la déportation ne fut que le masque qui couvrait une opération d’anéantissement de tous les Arméniens de l’Empire ottoman.

 

La politique d’arrestations fut en premier lieu vers les notables et intellectuels de Constantinople arrêtés les 24 et 25 avril qui, déportés puis tués, fut le point de départ du génocide. Dès que l’élite Arménienne fut anéantie, le massacre des populations Arméniennes commença en deux phases successives de mai à juillet 1915 dans les sept provinces, vilayets orientales d’Anatolie, quatre proches du front Russe, Trébizonde, Erzurum, Van, Bitlis, trois en retrait, Sivas, Kharpout, Diyarbakır, où vécurent près d’un million d’Arméniens, puis, à la fin de 1915, dans d’autres provinces de l’Empire. L’éloignement de nombre des victimes du front, lors des différentes phases des massacres, enleva toute vraisemblance à l’accusation de collaboration avec l’ennemi.

 

L’Empire ottoman dura de 623 ans de 1299 à 1922, pour laisser la place à la république de Turquie. l’Empire ottoman s’étendait, au faîte de sa puissance, sur trois continents, toute l’Anatolie, le haut-plateau Arménien, les Balkans, le pourtour de la mer Noire, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, la péninsule Arabique et l’Afrique du Nord (à l’exception du Maroc).

 

La culpabilité de Mehmet Talaat Pacha, et Enver Pacha et autres dirigeants Jeunes-Turcs, a été reconnue en juillet 1919 par la cour martiale Ottomane qui les condamna à mort par contumace «pour l’extermination d’un peuple entier constituant une communauté distincte», avec cette précision dans le réquisitoire, les déportations furent conçues et décidées par le Comité Union et Progrès. Ayant pris la fuite en 1918, juste après avoir détruit la plupart des documents compromettants. La cour martiale établit la volonté du CPU, d’éliminer physiquement les Arméniens, via son organisation spéciale.

 

21 janvier 1920, une «loi de restauration des propriétés Arméniennes», comprenant trente-trois articles, est adoptée par le Parlement ottoman, mais ne sera jamais appliquée.

 

Printemps 1920, les services sociaux du Patriarcat arménien de Constantinople estiment que 6 000 femmes et enfants sont encore captifs dans les régions de Constantinople, Ismit, Bursa et Eskisehir, 2 000 à Karahisar, 1 500 dans le district de Bolu, 3 000 à Konya, 500 à Kastamonu, 2 000 à Trébizonde, 3 500 à Sıvas, autant à Kayseri, 3 000 à Erzerum, 25 000 à Dyarbekir-Mardin, 3 000 à Harpout, et 5 000 dans les vilayet de Bitlis et Van.

 

15 mars 1921, Berlin, l’ancien grand vizir Mehmed Talat, réfugié en Allemagne depuis novembre 1918, est assassiné par un militant Arménien, Soghomon Tehlerian.

 

17 avril 1922, Berlin, Bahaeddin Sakir et Cemal Azmi sont abattus en pleine rue par deux militants Arméniens. 25 juillet 1922, Tiflis, Géorgie, Ahmed Cemal, tous des militants du CPU, est assassiné par un militant Arménien.

 

Dans le reste de l’Empire, le programme prend les formes d’une déportation, conduite par chemin de fer sur une partie du parcours, les familles restant parfois réunies. Les convois de déportés, environ 870.000 personnes, convergent vers Alep, en Syrie, où une Direction générale de l’installation des tribus et des déportés les répartit selon deux axes, au sud, vers la Syrie, le Liban et la Palestine, une partie survivra, à l’Est, le long de l’Euphrate, où des camps de concentration, véritables mouroirs, sont improvisés. Les déportés furent peu à peu poussés vers Deir ez-Zor. Là, en juillet 1916, ils furent envoyés dans les déserts de Mésopotamie où ils furent tués par petits groupes ou moururent de soif. Les derniers regroupements de déportés le long du chemin de fer de Bagdad, à Ras-ul-Aïn, à Intilli sont, eux aussi, exterminés en juillet 1916. Seul survit un tiers des Arméniens, ceux qui habitaient Constantinople et Smyrne, les personnes enlevées, les Arméniens du vilayet de Van, furent sauvés par l’avancée de l’armée Russe, soit deux cent quatre-vingt-dix mille survivants. Quelque cent mille déportés des camps du sud survécurent également.

 

La propagande Turc accusant une quelconque entente entre les Arméniens ottoman et les Russes est difficile à montrer.