Siné relaxé : à la niche, la Licra et les Asko, BHL, Joffrin, Adler !

"Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter, avait écrit Siné. Le parquet (encore lui !) a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit !" Claude Askolovitch, le journaliste néo-sarkoziste, avait alors crié à l’antisémitisme, accusation suivie par Laurent Joffrin de Libération, Alexandre Adler du Figaro et Bernard-Henri Lévy d’un peu partout : jolie brochette ! Siné avait eu beau faire valoir que c’était l’arrivisme de Jean Sarkozy qu’il dénonçait et qu’il aurait écrit la même chose s’il avait envisagé de se convertir à l’islam pour épouser la fille d’un émir, rien n’y avait fait. Le triste Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, qui a consciencieusement entrepris de saborder l’ex-brûlot soixante-huitard pour en faire un journal politiquement correct et néo-conservateur, assoiffé de gloriole personnelle, pour s’assurer un rond de serviette d’intellectuel médiatique – il chronique sur France Inter ! -, a licencié le vieux Siné et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) lui a intenté un procès en sorcellerie "incitation à la haine raciale".

"La lecture de ces chroniques, on ne peut pas la faire en faisant abstraction de l’hebdomadaire dans laquelle elles ont été publiées, avait déjà estimé le procureur, réclamant la relaxe. Charlie Hebdo est un journal satirique, on est sur le terrain de la provocation". Le président du tribunal de Lyon, Fernand Schir, l’a suivi : "Le tribunal considère que (Siné) s’est autorisé à railler sur le mode satirique l’opportunisme et l’arrivisme d’un homme jeune, engagé sur la scène politique et médiatique. Il ne creuse pas le préjugé antisémitisme". Le jugement se permet même le luxe de se moquer ouvertement de Philippe Val, en reprenant à son compte la phrase qu’il avait prononcée à l’occasion du procès des caricatures de Mahomet : "Le crime est dans l’œil de celui qui lit" ! Voilà les choses remises à leur place et les accusateurs renvoyés dans leurs vingt-deux mètres, bhlpour filer la métaphore rugbystique. Quels tombereaux de boue avaient-ils déversé sur le vieux gauchiste ! "Voilà un humoriste – Siné – qui donne à son journal une chronique où il dit, en substance, que la conversion au judaïsme est, dans la France de Sarkozy, un moyen de réussite sociale", écrivait ainsi Bernard-Henri Lévy dans Le Monde. C’est faux ! L’utilisation du terme "en substance" est la clé qui permet de faire dire au caricaturiste ce qu’il n’a jamais dit. Là où il fustige un arriviste prêt à tout, y compris à une conversion religieuse, pour épouser une riche héritière, Lévy veut voir une attaque antisémite, ce qu’il explique ainsi : "Ce qui compte ce sont les mots. Et ce qui compte, au-delà des mots, c’est l’histoire, la mémoire, l’imaginaire qu’ils véhiculent et qui les hantent. Derrière ces mots-là, une oreille française ne pouvait pas ne pas entendre l’écho de l’antisémitisme le plus rance". Il faudrait savoir : sont-ce les mots qui comptent ou ce qu’il y a "au-delà", "derrière ces mots-là" ? Le jugement de Lyon lui répond précisément sur ce point : "Très prudent à l’égard de témoignages à charge qui voulaient trouver par delà l’explicite des messages implicites, "au-delà des mots", le tribunal rappelle que "les restrictions à la liberté d’expression appellent une interprétation étroite", raconte LibéLyon. aaLe procédé utilisé par BHL, qui accuse Siné d’insinuation, est puant. Mais comment qualifier le texte d’Alexandre Adler dans Le Figaro ? De pestilentiel ! "Le cas Siné est éminemment plus simple, en ce que l’auteur n’a jamais été anarchiste mais bien davantage stalinien endurci. On le retrouve ainsi quasi-éditorialiste graphique de la revue Révolution que le communiste néostalinien d’alors, Jacques Vergès, édite à la fin des années 1950 pour fustiger le XXe congrès du Parti communiste de L’Union soviétique, et exalter la résistance de Mao et de l’Albanais Enver Hodja" : voilà qu’Adler, pour salir Siné en juillet 2008, convoque la fin des années 50 ! Faut-il lui rappeler que lui-même fut membre du Parti communiste de 1969 à 1980 ? "Qu’est-ce qui unit de part le monde un islamiste marocain, un communiste russe déçu, un pasteur africain-américain ségrégationniste à l’envers, un intellectuel anglais semi-aristocratique et antiaméricain… et un adversaire rabique du président Nicolas Sarkozy, qui voit en lui l’inacceptable promotion de l’étranger ? L’antisémitisme sert ici de ciment à un authentique vertige identitaire", poursuit le fourbe. Voilà donc que l’anti-sarkozysme est un antisémitisme ! À pleurer de rire. "Mais revenons un instant sur la haine antisarkozyste : on aura beau rappeler que le président n’est ni juif par la religion ni même très majoritairement par l’origine, de même qu’on constatera que le président s’est illustré depuis un an par une attention sans faille aux difficultés du monde arabe et a incarné, parfois à tort à mon avis, un recentrement assez sceptique de la politique européenne de la France : qu’importe, dans une mondialisation impétueuse que certains, à droite comme à gauche, vivent comme une agression permanente, un homme, Nicolas Sarkozy, proclame, sans cesse, qu’il est une opportunité pour une France qui peut se secouer de la rancœur petite-bourgeoise de la corporation et de l’éloge de la paresse, et voici que les antisémites, comme un essaim de mouches, s’en prennent à sa personne, ou, le cas échéant, à celle de son fils." Reproche-t-on à Sarkozy son bouclier fiscal qui exonère les privilégiés de solidarité nationale ? Antisémite ! S’élève-t-on contre la vassalisation de la France et la braderie de son indépendance nationale qui sera concrétisée sous peu par le retour au sein du commandement intégré de l’Otan ? Antisémite ! Proteste-t-on contre la fourbe réécriture en version illisible du Traité constitutionnel européen, largement rejeté en 2005 par référendum, pour imposer la ratification parlementaire du traité de Lisbonne (avec la complicité des traîtres socialistes) et ainsi proprement cocufier la volonté du peuple ? Antisémite ! Chez Adler et ses amis, le sarkozysme est décidément une pathologie.

ljUn mot sur Laurent Joffrin : le patron de Libération s’est parfaitement ridiculisé en écrivant que "Réprouver l’intégrisme musulman et dénoncer le pouvoir supposé des juifs ce n’est pas la même chose. On est anti-intégriste dans le premier cas, raciste dans le second. On choisit sa religion, on ne choisit pas sa race". Comme si le judaïsme était une race ! Il corrigera ensuite son propos sur la version en ligne de son texte – trop tard pour le papier : "On est anti-intégriste dans le premier cas, raciste dans le second", avec cette explication : "Note de la rédaction : Plusieurs lecteurs ont été choqués par l’emploi du mot « race » dans le texte. Ce mot est mal choisi. Communauté ou origine sont plus justes". Mal choisi, c’est le moins qu’on puisse dire !

afficheLa décision du tribunal de Lyon désavoue donc tous ces odieux chasseurs de sorcières et c’est la liberté d’expression qui triomphe. Champagne ! Et finalement, ce qui restera de l’affaire, c’est la création de Siné Hebdo, conséquence directe du licenciement du caricaturiste de Charlie Hebdo. Les lecteurs ne s’y trompent pas : Siné est à 130 000 exemplaires quand Charlie peine à 85 000 ! Bien fait pour Val, ce charognard qui a dévoyé à son propre profit l’héritage du professeur Choron. Amusant du reste que ce soi-disant défenseur de la liberté d’expression ait intenté un procès au film Choron dernière, il est vrai éloquent sur la dérive valesque de Charlie.

Le paysage de la presse française a gagné avec Siné Hebdo le vrai titre rebelle, iconoclaste et franchement à gauche qui lui manquait. Merci Val !