Japan Expo 2015 : la rentabilité muselle la liberté de la presse

De 3000 visiteurs en 2000 à 240 000 en 2014, le salon dédié à la culture japonaise connaît un succès grandissant. L’organisation et les équipes changent avec le temps, mais pas dans le bon sens. Depuis quelques années, il faut bien avouer que la rentabilité prend le pas sur tout le reste. Dommage, car l’esprit de petit salon qui attirait les indépendants disparaît peu à peu. Pourtant, c’est ce qui a fait le succès de Japan Expo : pas de discrimination, juste un amour commun pour la culture japonaise.

D’accord, il y avait quelques dérives mais il était facile de filtrer les petits blogueurs désireux de ne pas payer l’entrée et de ne conserver que ceux qui font un travail de qualité professionnelle, sans forcément en avoir la reconnaissance. Encore faut-il se demander comment mesurer cette reconnaissance. Cette année, on nous a d’abord dit que les accréditations presse étaient données en fonction du nombre de visites pour les médias internet. Mais quelles sont les conditions ? C’est assez nébuleux, et surtout très restrictif et peu logique. Alors que certains couvrent l’événement depuis des années, en insistant sur les petites choses que les gros médias ne mettent pas en valeur, ils se voient cette année privés de Japan Expo car ils ne sont pas assez "bankable". C’est inadmissible. La liberté de la presse est réduite à ses visiteurs, gonflés artificiellement par les robots google et les sommes versées pour apparaître en première page tandis que ceux qui ont moins d’argent sont relégués bien plus bas, même si leurs articles sont intéressants. Lamentable. On exclue arbitrairement des gens qui ont discuté, échangé des emails avec les organisateurs précédents pour améliorer l’accueil et l’organisation, sans rien demander en échanges. Des gens qui ont chercher à ce que Japan Expo devienne un événement plus agréable pour que chacun puisse y trouver sa place. Tout ça balayé juste pour des prétextes économiques.

Pourtant, cette approche mercantile se fait sentir depuis quelques années comme en témoignent plusieurs articles :

http://www.kanpai.fr/societe-japonaise/japan-expo-pompe-fric-otaku

http://www.cafegaming.fr/2009/07/11/10-ans-de-japan-expo-mais-pour-quel-resultat/

http://www.p-nintendo.com/articles/dossiers/japan-expo-la-giga-deception-228279

http://neko-cafemanga.over-blog.fr/article-de-retour-de-la-japan-escroc-101166630.html

http://www.kanpai.fr/societe-japonaise/japan-expo-pompe-fric-otaku

Vous en voulez encore ? Une petite recherche google vous donnera la preuve qu’il y a un gros malaise !

Quelle est la réponse des organisateurs ? Ne donner des accréditations qu’aux journalistes non passionnés mais populaires, comme ça le problème est réglé. Mais ils se trompent. Ce vernis ne pourra pas masquer les faiblesses qui pourraient être rattrapées par les articles des petits passionnés, moins populaires en apparence certes mais plus nombreux et qui ont su attirer les foules pour faire de Japan Expo un succès. Un très mauvais calcul de la part des organisateurs qui ne réfléchissent pas beaucoup : quand on est indépendant, on écrit des articles pour plusieurs plateformes, diverses et variées. Si on a des statistiques peu impressionnantes sur l’une, cela ne veut pas dire qu’on n’est pas très lu sur une autre ! Ce système débile conduit ainsi à rejeter des personnes qui ont plus de 3 millions de visites sur leurs articles en 5 ans, ce qui n’est pas rien ! Une moyenne de 1500 visites au moins par jour, juste pour un seul journaliste. Mais ça, les organisateurs ne le voient pas car il faut faire des synthèses complètement inutiles car cela conduit à tout résumer à des chiffres pour tomber dans des cases qui font plaisir aux sponsors. Une mauvaise mentalité qui ne fait pas honneur aux prestigieux invités japonais. Certes, les faire venir coûte cher, mais les visiteurs le paient assez comme ça, pas besoin d’en rajouter !

 

Je viens maintenant d’apprendre que le nombre d’accréditations est passé de 1200 à 400, d’où beaucoup de refus, et qu’il fallait être très réactif pour obtenir une place. Argument peu valable car si on est immédiatement averti par email que notre demande d’accréditation est en cours d’étude, on n’est pas mis au courant de la réponse. Et comme, les années précédentes, on avait la réponse presque au dernier moment, tout semblait normal. En gros, il fallait vérifier sans arrêt si on était accepté ou pas afin d’être parmi les premiers à râler pour voir son cas réglé au plus vite. Franchement, c’est n’importe quoi : entre l’E3 un peu avant et la préparation du salon, on n’a pas forcément le temps de penser à tout, surtout quand on est censé être prévenu ! Excuse débile qui masque une organisation boiteuse ?

Franchement, ce genre de comportement m’agace et il faudrait vraiment appeler au boycott pour leur apprendre le respect des gens. Cependant, il y a des petits exposants qui méritent d’être soutenus, donc par respect pour eux et pour le Japon,je préfère m’abstenir. Mais les organisateurs ne méritent pas de travailler sur salon pareil, qu’ils dénaturent un peu plus chaque année.