Irak, Syrie : émergence d’un califat de pacotille

 

La création d’un califat, l’EIIL, à cheval entre  l’Irak et la Syrie s’apparente à une ineffable farce. Affublé de cet air solennel de circonstance, Abou Bakr el Baghdadi, autoproclamé calife du califat, a poussé la plaisanterie jusqu’à en appeler à tous les musulmans de lui obéir:"Je suis le wali désigné pour vous diriger, toutefois je ne suis pas meilleur que vous ; si vous pensez que j’ai raison, aidez-moi et si vous pensez que je suis dans l’erreur, mettez-moi sur le droit chemin ! Obéissez-moi de la même façon que vous obéissez à Dieu". S’il suffisait de s’ériger en "émir des croyants" pour faire des émules, on aurait eu vent de l’adhésion massive à cette formation née sur des décombres syro-irakiennes…

Qui sème le vent récolte la tempête, dit-on. Inscrits qu’ils sont dans le déni, nos ingénus samaritains habiles à fomenter des plans machiavéliques, crient haro sur le dénommé califat pour lequel ils ont soigneusement balisé la voie ; toujours prompts à donner d’une main pour  reprendre de l’autre ! 

Et comme si séparer le bon grain de l’ivraie était chose aisée, il est encore question dans les hautes sphères de poursuivre le soutien à l’opposition syrienne, non dans son ensemble mais via sa seule branche…modérée. Au nom de la "protection du peuple syrien", lequel peuple, sans avoir le couteau sous la gorge, a renouvelé sa confiance en son président Bachar el Assad. 

Jugé de par sa politique d’ostracisation des sunnites, comme  responsable de la montée en puissance des jihadistes,  Nouri el Maliki lui, est cloué au pilori par ceux-là mêmes qui soutiennent ces derniers entre les rives du Barada. 

Un démantèlement en bonne et due forme s’opère en direct sous nos yeux ; et alors que résonne le glas de ces unités territoriales, est brandi le spectre d’un califat expansionniste de pacotille. La peur généralisée entretenue à coups de propagande fait craindre l’effet boule de neige et pour cause : les informations les plus banales nous sont montées en épingle au détriment de celles bien plus sérieuses : quand quelques paumés Français vont grossir les rangs des jihadistes à Damas, sans doute par bêtise plus qu’autre chose, la nouvelle tourne en boucle à s’imaginer que le siège de Poitiers est imminent; les divagations de ce fait vont bon train, entre les supposés jihadistes et Charles Martel : je te tiens, tu me tiens par la barbichette ! 

La paix trépasse là où passent ces guerriers propulsés dans cette folie meurtrière à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes. Au lieu de les asphyxier, on fait l’inverse au nom d’une politique scabreuse à la portée des seuls esprits éclairés.  

Washington vient de marteler pour la énième fois que sans solution politique  l’Irak ne sortira pas de cette impasse. Mais la politique est en panne ; le parlement irakien a repoussé au mois d’août une réunion censée faire avancer les choses. 

Irak, Syrie, la débâcle en choeur. Israël toujours prêt à faire feu de tout bois a saisi l’occasion, idéale, pour lancer une offensive contre Gaza. Caisse de résonances des misères politiques la région continuera d’essuyer ces coups de boutoirs venus de partout jusqu’à ce qu’advienne l’impossible…