« 9 Mois ferme », le film d’Albert Dupontel

Difficile de résister au battage médiatique du dernier film d’Albert Dupontel, « 9 mois ferme », même si l‘on n‘est pas vraiment du genre  friand de son humour noir, corrosif. Inspiré du documentaire, la 10e chambre, instants d’audience, de Raymond Depardon, Albert Dupontel affublé d’une triple casquette de réalisateur, de scénariste et d’interprète nous offre là une comédie noire décoiffante. 

Ariane Felder (Sandrine Kiberlain), juge d’instruction pudibonde tombe de très haut en apprenant sa grossesse par hasard, au cours d’une visite médicale. Et de savoir, preuves à l’appui, que Bob Nolan ( Albert Dupontel) en chair et en os, un criminel en cavale, dit  « globophage », est l’heureux père de son futur bébé finit par l’assommer : par une nuit de réveillon, la juge de nature particulièrement coincée se déchaîne sous l’emprise de l’alcool donnant ainsi libre cours à des pulsions longtemps brimées ! 

Une histoire surréelle sous tendue par des drames que le réalisateur tourne allègrement en dérision. En découle une critique cinglante d’une société peu compassionnelle pétrie d’hypocrisies. Il y bouscule justement les idées reçues qui nous conduisent à cataloguer les êtres de manière passive sans jamais aller au-delà des apparences trompeuses. 

Et sur  fond d’envolées, des institutions en prennent  au passage chacune pour leur grade. Il y a ces drôles de journaux télévisés pimentés par les opinions d’anonymes sur un fait divers, toutes sorties du même moule ; et Jean Dujardin dans son second rôle hilarant de traducteur en langue des signes vient compléter le tableau ; il y a ces erreurs judiciaires édifiantes malgré les plaidoiries grandiloquentes des avocats dont celle de ce bègue, commis d‘office, interprété par Nicolas Marié ; le voyeurisme de ce flic assigné aux caméras de surveillance jette aussi le discrédit sur les fonctionnaires en question ; les médecins ne sont pas en reste et en témoigne le sérieux de celui qui pratique une autopsie, faisant gicler le sang de partout ! 

Entre la mise en scène, le jeu des acteurs, la satire pétille. Même Sandrine Kiberlain qui jusque là donnait plutôt l’impression de s’écouter parler est parvenue à s’oublier au profit de son rôle. Un film fou truffé de gags qui peuvent faire sourire et déranger parfois par l’insupportable lourdeur de certaines doses d’humour. 

L’ennui survient malheureusement devant certaines scènes balourdes où Albert Dupontel donne l’impression de vouloir à tout prix nous fabriquer de l’émotionnel tiré par les cheveux. Dans ces cas particuliers d‘insipidité, le résultat est navrant mais la durée du film assure l‘équilibre entre le positif et le négatif. Il faut vraiment aimer ce genre d’humour sinon on risque de bâiller par moments… 

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