Vatican : les enjeux du Conclave

Alors que le Vatican est en « sede vacante », que sa Sainteté Benoit XVI, pape émérite s’est provisoirement reclus à Castel Gondolfo, ce matin se déroule à huis clos la seconde congrégation. Pris de court par  cette abdication inattendue, les cardinaux à la ceinture et calotte rouges continuent, l’âme en peine, d’affluer vers Rome, sous les ors des palais pontificaux pour mener à bien la tâche qui leur incombe. Electeurs ou pas, les cardinaux du monde ont répondu présents à la convocation ; seuls les plus malades d’entre eux ont été dispensés. 

Le vent de contestation qui souffle à travers le monde se serait engouffré à travers les fissures du Vatican faisant sauter certains tabous. Tous les scandales venus émailler ce pontificat, comme les précédents d’ailleurs, seront traités donnant aux convives  pas mal de fil à retordre : abus sexuels, pédophilie, lobby gay, corruption, opacité, réformes, mariages des prêtres, ordination des femmes. 

Ce départ précipité de Joseph Ratzinger dont on ignore les tenants et aboutissants ouvre aussi la voie à une tentative d’extraction  de la papauté, de son enfermement dans une tour d’ivoire vermoulue par le poids des omerta. Au cœur des préoccupations, il y a aussi la baisse de la vocation sacerdotale et le souci d’évangélisation. 

Comme si qualité rimait forcément avec quantité, les religieux de toutes obédiences, compteur d’une main, bâton de pèlerin de l’autre, sont empêtrés dans une course poursuite  effrénée : ostensible ou pas les conversions visent à rafler par les protagonistes en lice le plus grand nombre « d’Ingénu »  vers leur propre chapelle ; l‘enfer est pavé de bonnes intentions ! La probabilité étant faible que l’Ingénu croise en cours de parcours son « Gordon »,  la porte du fanatisme est large ouverte à tous les vents. 

D’ailleurs les effets indésirables de cette course renforcent la tournure tragique des évènements qui secouent certaines régions du monde. Et ce n’est pas demain la veille que les choses vont changer si l’on s’en tient à une des dernières phrases de Joseph Ratzinger : « Nombreux sont prêts à déchirer leurs vêtements face aux scandales et aux injustices commises par les autres mais peu semblent disposés à agir sur leur cœur, sur leur propre conscience, sut leurs propres intentions en se laissant renouveler, transformer, convertir par le Seigneur ». Une dernière signature du pape émérite empreinte d’un profond pessimisme, devant un monde en perdition qui en dit long sur sa renonciation de charge de souverain pontife.  

La date du conclave qui se tiendra à la chapelle Sixtine devrait être connue dans les prochains jours. Bientôt sa Sainteté Benoit XVI qui a déjà entamé la dernière phase de son pèlerinage sur terre, devrait dans le courant du mois prochain se réinstaller dans un monastère du jardin du Vatican. Sans doute aura-t-il l’occasion de croiser son successeur qui a de fortes chances d’appartenir à son école : la majorité des électeurs ayant été nommés par lui ou par son prédécesseur. Cependant rien n’étant à exclure, le choix des électeurs pourrait, contre toute attente, se porter sur une personnalité ayant des orientations en porte à faux avec celles de leur maître à penser. 

Pour le moment,  d’après les rumeurs qui circulent, Angelo Scola, archevêque de Milan, le plus prestigieux des diocèses du monde, serait le favori au détriment des autres papabiles d’Afrique, d’Amérique latine, des Etats-Unis.