L’herboriste des pauvres

 Peu connu en France, Nicholas Culpeper était apothicaire et astrologue. L’homme n’avait qu’un seul but dans la vie : rendre les soins accessibles au plus grand nombre. 

Considéré comme le père de la médecine moderne dans les Pays de langue anglaise, il ne craignait pas de dire tout haut ce qu’il pensait en matière de médecine et qui n’allait pas du tout dans le sens du pouvoir.

 

 Lui, sa vocation, c’était la vulgarisation de ses connaissances médicales, particulièrement sur les plantes, avec pour objectif des soins à moindre coût. L’homme se passionna pour la botanique et l’anatomie depuis sa plus tendre enfance. Il ne sera malheureusement jamais médecin car orphelin très tôt par son père, il sera alors envoyé à l’âge de six ans à l’université de Cambridge pour suivre des études de théologie. Seulement voilà, Nicholas Culpeper ne va guère s’y intéresser et se montrera plutôt attiré par les écrits sur le corps humain et les remèdes naturels.

 

 A la suite d’un douloureux drame amoureux, c’est vers le métier d’apothicaire que le jeune-homme va se tourner, meurtri par la mort prématurée de sa fiancée. Une fois à Londres en tant qu’apprenti, il va étudier avec fougue les différentes plantes médicinales. C’est à ce moment-là de sa vie qu’il va faire la connaissance d’un astrologue. Celui-ci aura la bonne idée de l’initier à son métier, ce qui permettra à Nicholas Culpeper de sonder par la suite les influences des astres planétaires de ses patients pour les soigner avec une plus grande précision.

 

 Les pauvres vont rapidement se presser chez lui. C’est environ 40 patients par jour qu’il devra soigner gratuitement, ou presque, au nez et à la barbe de ses confrères. En plus, il n’hésitera pas à dévoiler ses remèdes aux patients, tout en leur indiquant dans quels endroits trouver les fameux végétaux. Autant dire que tout cela lui vaudra d’être très mal vu par les autres médecins en exercice.

 

 Sa renommée ne cessera évidemment de grandir et plusieurs ouvrages vont confirmer sa notoriété. Tous ces livres auront un succès fulgurant, au plus grand bonheur de Nicholas Culpeper. L’homme providentiel mourra trop vite et trop tôt, emporté par une probable tuberculose. Il n’avait alors que 38 ans…

 

 Mais aujourd’hui encore, certaines boutiques anglaise qui vendent des herbes et des épices   continuent de proposer les remèdes de  l’herboriste des pauvres. Apparemment, elles n’auraient plus les mêmes propriétés, ni les mêmes valeurs humanitaires  qu’à l’époque du fameux Nicholas Culpeper. Dommage !

 

 

 Voici, à travers les siècles, quelques ouvrages marquants sur les plantes médicinales et leurs auteurs :


  • 1500 av.J-C :
  • Plus ancien recueil consacré aux plantes médicinales : le papyrus égyptien Ebers, qui répertorie plus de 85 plantes.Les Veda, poèmes épiques hindoues contiennent des témoignages de la connaissances des plantes.

  • 400 av.J-C :
  • Le Charaka Samhita succède aux Veda et décrit environ 350 plantes médicinales.

  • 460-v.377 av.J-C :
  • Le grec Hippocrate, surnommé le « père de la médecine », recense plantes, remèdes et traitements dont les applications restent valables aujourd’hui encore.

  • 1er siècle ap.J-C :
  • Médecin grec, Dioscoride est l’auteur du premier herbier rédigé en Europe : De materia medica, qui recense environ 600 plantes et qui aura une influence considérable sur la médecine occidentale.

  • v.131-v.201 :
  • Médecin de l’empereur Marc Aurèle, Galien, aura aussi une influence non négligeable sur le développement de la médecine par les plantes.

  • 23-79 :
  • Amiral, écrivain et naturaliste, le romain Pline l’Ancien a écrit une Histoire naturelle en 37 volumes.

  • Ve-XVe siècles :
  • Les arabes (Rhazès, Avicenne), puis les moines en Europe, enrichirent et traduisirent les travaux sur les herbes médicinales de leurs illustres prédécesseurs grecs et romains.

  • IVe-XIVe siècles :
  • On conserve le souvenir de sainte Hildegarde, « la sainte guérisseuse », dont les traités, connus sont sous le nom de Physica.
  • L’école italienne de Salerne a marqué la médecine de son temps.

  • 1493-1541 :
  • Paracelse, surnommé le « père de la chimie », a établi un parallèle entre dosage et toxicité des plantes. Il a aussi affirmé la supériorité des plantes locales, sur les espèces importées.

  • 1616-1792 :
  • Nicholas Culpeper partagera cette prédilection pour les plantes locales et rédigera un célèbre herbier intitulé : The English Physician ou The Complet Herbal, encore réédité de nos jours.
  • Louis XIII fonde en 1635 à Paris le Jardin du Roy, ancêtre de l’actuel muséum national d’histoire naturelle.
  • Tournefort, botaniste, ramènera d’Orient en 1792, 1356 plantes nouvelles !
  • En 1735, les efforts de classification aboutissent grâce à Carl Von Linné.

 Cette liste provient d’une association qui s appelle Santorum. Plus de détails sur leur site :

               http://www.santorun.com/science_tradition/science_tradition.htm

Une réflexion sur « L’herboriste des pauvres »

  1. [b]En France, la formation et le diplôme d’herboriste ont été supprimés en 1941 et ce ne sont pas les laboratoires pharmaceutiques qui ont aujourd’hui vocation à diffuser gratuitement cette science (et surtout à la conserver) … en revanche chez nos proches voisins, tout ce que vous voulez ![/b]

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