Le silence des fours!

 

Il y a des silences qui sont comme des cris de désespoir.

Sous leurs parois de tôles, les cœurs d’aciers ne battent plus!

 


Les fusions ne réchauffent plus les corps frêles.

Pourtant, leurs mains savaient façonner la matière.

Pourtant, les yeux savaient doser la couleur invisible de l’émail.

 

Les ronces ont envahi les machines.

Le vent est le locataire de ces ruines.

Il reste dans quelques recoins, des traces d’une vie passée.

Ici, la veste de chaleur attend encore son protégé,

Là, la balance ne pèse plus que la poussière déposée par le temps.

L’horloge s’est arrêtée, figée par le séisme des rois de l’argent.

                                              

Sur le sol, il reste des traces de ce qui fut réalisé par les hommes.

Comme des soldats pétrifiés, comme ces guerriers de Xian,

Elles resteront à jamais, le souvenir de Marat assassiné

La vidange du loup a hurlé son dernier laitier.

La coulée s’est cristallisée sur les bords du cubilot.

 

La sirène n’indique plus le premier mercredi.

Il ne reste plus que leurs trompettes perchées.

Muettes, elles sont les nichoirs d’oiseaux maudits.

 

Les rivières rouges se sont taries.

Les bruits des machines on été étouffés.

Ne restent que les cris de révolte, figés dans les murs.

                                  

Quel monstre s’est introduit dans ma vallée ?

Avaleur d’acier et de fonte, la finance est sa seule quête !

Son escorte s’est parée des habits de la démocratie.

 

Quelques âmes errent encore dans ces allées.

Elles ne peuvent se résigner à quitter les lieux

Elles  racontent les douleurs et les rires passés

L’espoir est encore là, caché au fond des yeux !

Ce n’est pas seulement un travail qui disparaît,

C’est une culture qui meurt !

 

Je sais un pays, où la rouille est la couleur dominante,

Où le temps des cerises n’est plus le rêve de Clément !

13 réflexions sur « Le silence des fours! »

  1. …le temps des cerises n’est plus le rêve de Clément !
    chapeau bas, très bien écrit Jo, je cache mes larmes dans mes poches. le plus dure reste à venir. Combien de temps pourront nous encore reste au milieu des forets ardennaises ?!

  2. Humm…ça…à voir 🙂
    J’ ai oublié une phrase avant « Combien de temps pourront nous encore reste au milieu des forets ardennaises ?! « …mais bon vous m’ avez comprise..la situation est partout la même de toute façon !! 🙂

  3. pour changer de sujet vous devriez a-coller votre textes aux images, la presentation serait bien plus claire…

  4. Chère Nadine,
    Le rêve de J.B Clément n’était certes pas l’aciérie (fonderie dans ce cas), mais l’émancipation de la classe ouvrière.
    Hors, la spéculation et la recherche du maximum de profit, tuent le monde ouvrier.
    Ils ne laissent même plus le moindre espoir de « lendemain de fêtes ».

    Merci, Jiminix !
    Tu as raison pour a-coller le texte. Il faudra que tu me montre 

  5. [quote]Quelques âmes errent encore dans ces allées.

    Elles ne peuvent se résigner à quitter les lieux

    Elles racontent les douleurs et les rires passés

    L’espoir est encore là, caché au fond des yeux [/quote]

    [b]très beau ce poème et j’aime particulièrement ces phrases![/b]

    [b]Un poète est né ou un poète sommeillait?[/b]

  6. [b]Joaq,

    j’aime beaucoup, félicitations, et je dois avouer que tu m’as inspiré pour le coup, sourires. Merci 😉

    Amitiés

    Tom[/b]

  7. JOAQ08

    Je l’aime bien votre Clément à la résistance et à la bonne humeur des gens simples que la toute puissante finance a réduit à la désespérance.
    Je rêve pour lui d’un refuge moins éprouvant que la chaleur apocalyptique des hauts fourneaux, qui liquéfie les métaux et martyrise les alvéoles pulmonaires.

  8. Merci Mozarine et Tom,
    J’aimerai avoir ce talent, mais je suis conscient qu’il y a encore beaucoup de travail.
    La visite dans cette usine, ce vendredi après-midi, m’a bouleversée.
    Le salarié qui m’a ouvert les portes était encore très bouleversé.
    La voix tremblante, il m’a raconté ses 35 années passées et son sentiment de gâchis.
    Depuis la fermeture, il y passe ses journées.
    En rentrant chez moi, j’ai ressenti un besoin urgent de coucher ces mots (ses maux).

  9. [b]Joaq,

    c’est nous qui te remercions d’avoir couché ces maux/mots, car à travers ces derniers, nous avons pu nous aussi faire cette visite intemporelle avec toi. Par ailleurs, cette « complainte » fait subitement rejaillir hors du temps une vie révolue et passée qui pourtant était en son temps le poumon de la vie en France. Merci pour ce fantastique partage, et pour ces moments que tu nous offres.

    Amitiés

    Tom

    PS: Au vu du titre je m’attendais à tout autre chose, et tu m’as séduit autant que surpris, sans compter que tu m’as vraiment inspiré, et qu’il m’a fallu du coup moi aussi faire quelques chose d’écrit, sourires. Merci, ce fut un réel plaisir et un honneur. [/b]

  10. Tu es très doué pour retranscrire tes maux…. et les maux de notre vallée…
    Superbes photos au passage (les baignoires… très touchant !)

Les commentaires sont fermés.