Yes, we can !… suite

Dans un article précédent (Yes we can !… http://www.come4news.com/yes,-we-can-511835), je me référais à un discours, vous laissant entendre que je vous le donnerais un jour en partage.

Ce discours, Michel Serres (membre de l'Académie Française, professeur de philosophie à la Sorbonne et professeur d'histoire des sciences à l'Université de Stanford) l'a prononcé le 11 décembre 1997, dans le cadre d'une table ronde (« La société en réseau ») organisée par un grand éditeur informatique lors de sa manifestation annuelle.

Ce n'est certes pas le lieu où l'on s'attend en général à entendre ce genre de dissertation philosophique. Les auditeurs en furent donc d'autant plus heureusement surpris et remarquèrent encore davantage la formule la plus récurrente, en forme d'invitation à réfléchir. « Je vous invite à réfléchir … » : quel vaste et enthousiasmant programme, en vérité !

Cochon qui s'en dédit ; voici donc le discours, en intégralité. Bonne lecture. Je vous invite à vous en régaler !

« La question qui m'a été posée est si globale, si mouvante qu'il faudrait pour y répondre disposer à la fois d'un point de vue très élevé dans l'espace et d'un œil prophétique dans le temps.

Peut-être même faudrait-il être un oracle !… »

(rires)

« Tout ce que je peux faire pendant les quinze à vingt minutes qui me sont imparties c'est de commencer à comparer ce qui nous arrive aujourd'hui, dans l'évolution contemporaine, et ce qui se passa dans des circonstances historiques analogues.

D'abord de quoi s'agit-il ?

Il s'agit du codage, du stockage et de la transmission de l'information et de l'ensemble des techniques qui concernent leur traitement et les supports qui la reçoivent.

Or si nous avons, jusqu'à maintenant, de très longues histoires des techniques concernant les outils qui travaillent à l'échelle entropique, nous disposons de très, très peu d'histoire concernant les technologies à l'échelle informationnelle. Autrement dit, la transformation et la mutation d'aujourd'hui nous conduisent à relire notre passé. Et sur le passé, pour éclairer de nouveau le présent, je vois deux événements sur lesquels je vous convie, pour commencer, à réfléchir.

De quoi s'agit-il à nouveau ?

D'une révolution considérable concernant la technologie des supports. Or cette technologie, à mon sens, changea deux fois et il faut interroger les conséquences de ces deux premiers changements.

D'abord, il y a très longtemps (disons au premier millénaire avant Jésus-Christ), l'humanité, au moins occidentale, celle que je connais, a connu un passage très, très rapide de la transmission orale à la transmission écrite, mouvement qui prit son origine comme l'on sait au Moyen-Orient.

Or quelles conséquences eut cette transformation ?

J'en vois trois.

La première c'est que nous sommes passés à ce moment là, de la préhistoire à l'histoire.

Pourquoi ? Parce que les historiens ont coutume de dater justement l'histoire à partir de la transmission écrite, c'est-à-dire du changement de support, du changement de transmission de l'information. Et c'est à ce moment-là que l'on vit se construire des villes, que l'on inventa conjointement ce que nous appelons aujourd'hui la politique, qu'on vit la formation des premiers États et que, plus curieusement et de façon intéressante, l'on inventa à peu près à la même époque la monnaie. Probablement, une des premières écritures fut justement la frappe des pièces, donc un changement considérable à l'échelle de la vie en commun.

Deuxième changement, l'humanité connut alors un passage vraiment rapide aussi entre ce qu'on pourrait appeler les savoirs traditionnels, véhiculés par la transmission orale, et ce que l'on appelle depuis lors la science. On assista à l'invention de la géométrie en Grèce, de l'arithmétique, de la première astronomie et ainsi de suite … Et (il faut le souligner parce que nous allons en parler) de l'invention de ce dont nous sommes aujourd'hui les héritiers directs, c'est-à-dire de ce que les grecs appelèrent la pédagogie : la "paideia" grecque fut inventée à l'occasion du passage de la transmission orale à la transmission écrite.

La troisième conséquence, encore plus profonde sans doute, concerna le passage du polythéisme ambiant à cette époque au monothéisme ; c'est-à-dire qu'apparut chez les prophètes écrivains d'Israël ce qu'on appelle désormais la religion du livre et la religion de l'écrit. Et pour faire une boucle sur le tableau que je viens de faire, je crois bien que les prophètes écrivains d'Israël inventèrent, dans ce livre là, la notion de temps historique, d'où je reviens à l'invention de l'histoire.

Vous voyez donc que le bilan au moment du passage de la transmission orale à la transmission écrite est non seulement considérable mais qu'il fonde de manière très puissante la civilisation que nous connaissons jusqu'à aujourd'hui.

Voilà, je crois le premier tableau d'un changement violent et rapide de supports, de transmission de codage, de stockage d'information, puisque l'écriture sur des papiers de riz ou sur des tablettes cunéiformes (tablettes de terre cuite), date techniquement ce premier codage, stockage et transmission.

Le deuxième changement de support, que nous connaissons, et qui a donné lieu à des résultats peut-être pas aussi forts mais presque aussi puissants, a été au moment de la Renaissance européenne, en Italie, en France et dans le nord de l'Europe, le passage relativement rapide aussi de la transmission écrite des copistes du moyen âge, des moines copistes, à l'imprimerie de Gutenberg. Je vois là, à la Renaissance, trois transformations à peu près du même type que celles que je viens de décrire pour le passage de la transmission orale à la transmission écrite.

D'abord, on vit se transformer complètement l'idée de démocratie. Il y a eu des changements politiques tout à fait considérables. Il y a eu, selon les historiens, la première formation du capitalisme, ce qui est très important pour l'histoire postérieure.

Deuxièmement, de la même façon qu'à la période que je viens d'envisager, on avait inventé des sciences formelles type mathématique, biologie ou astronomie, de la même façon, en 1543 très exactement, disons 70 ou 80 ans après l'invention par Gutenberg de la première presse à imprimer, on vit arriver ce qu'on pourrait appeler les sciences expérimentales. Je dis 1543 parce qu'à cette date là, la même année, apparaissent trois grands noms. Copernic transforme complètement notre vision du monde en changeant complètement l'idée des mouvements astronomiques. Mercator change complètement notre vision de la terre puisqu'il invente des projections pour la géographie. La même année, à Louvain, paraît sous la signature de Vésale, un atlas complet du corps humain qui change complètement notre vision de l'anatomie. Je crois qu'à ce moment-là ces trois grands noms montrent bien une révolution profonde qui, tout d'un coup, nous fit changer de vision du monde, de vision de la terre et de vision du corps vivant de l'homme.

Bien entendu, la troisième conséquence de ce passage de l'écrit à l'imprimé a été l'invention du livre et ce que l'on appelle le passage de la catholicité à la réformation.

Conséquences politiques et économiques, conséquences scientifiques, conséquences de type religieux.

Toute la question est de savoir aujourd'hui si une transformation profonde de codage, stockage, transmission de l'information nous conduit en ce moment, aujourd'hui même, à une troisième rupture comparable aux deux ruptures que je viens d'envisager, si les conséquences peuvent être les mêmes que celles que je viens de décrire devant vous, s'il y a des conséquences politiques, économiques, financières, intellectuelles, scientifiques, pédagogiques, et pour finir religieuses au moins au sens global du terme religion qui veut dire relier les hommes entre eux.

On pourrait faire de ce changement que nous sommes en train de vivre deux tableaux. Un tableau violemment négatif qui est souvent fait, surtout en France puisque la critique et la négation sont le type français par excellence.

J'ai choisi aujourd'hui d'en faire une présentation positive d'abord à cause de mon âge (je suis extrêmement jeune comme vous le voyez), et d'autre part parce que je suis relativement enthousiaste et positif ou optimiste de tempérament.

Je crois qu'aujourd'hui nous vivons trois grandes transformations dans l'ordre de celles dont je viens de faire le tableau historique. Je les grouperai je crois, en trois parties. Nous vivons premièrement des changements objectifs, deuxièmement des changements subjectifs, troisièmement des changements collectifs.

Premièrement, les changements objectifs me paraissent très importants et je les grouperai volontiers autour de la notion de concentration. Autrefois les biens, et je vais simplement me réduire aux biens du type de l'information, étaient concentrés dans les livres (le livre est une concentration), dans les bibliothèques (une bibliothèque est une concentration de concentration), dans une université, qui est encore un autre type de concentration.

Livre, bibliothèque et université étant concentrés dans des villes, dans des bâtiments, pour ce qui concerne le travail, dans des usines et pour ce qui concerne la pensée dans des concepts. Et même j'irai jusqu'au bout de la concentration en faisant allusion philosophiquement à ce que Descartes appelait le "moi qui pense", qui est une sorte de concentration ponctuelle dans le sujet.

Cette notion de concentration, qui est fondamentale dans les civilisations qui nous précèdent, la culture qui nous précède, est aujourd'hui en train de basculer de la concentration vers la diffusion. Pourquoi ?

Vivant à l'est de Paris, lorsque je viens vers le centre de Paris, je passe toujours devant la grande bibliothèque et je la regarde avec une certaine nostalgie, me disant que cette grande bibliothèque ressemble très fortement à ces immenses cadrans solaires géants que les Maharajas hindous firent construire, à l'aube du 17ème siècle, ignorant l'arrivée de la lunette de Galilée. »

(rires, applaudissements)

« (Vous voyez qu'en France les seules choses qu'on applaudisse ce sont les critiques …) »

(rires)

« Je crois que, effectivement, dès le moment où l'on pense à notre culture ancienne sous la fonction de concentration, on s'aperçoit que ces concentrations créent dans un espace de la rareté. Or aujourd'hui, toute la forme du réseau consiste à diffuser, à distribuer, et à répandre ce qui autrefois était pensé sous le chef de la concentration et nous pourrions en discuter très longuement. Je pense aujourd'hui en effet que l'espace est nouveau, que ce qui autrefois était de l'ordre de la concentration et de la rareté est devenu aujourd'hui de l'ordre de la diffusion et de l'expansion. Ces conséquences de type objectif sont intéressantes mais elles m'intéressent moins pour mon propos sur la question que vous m'avez posée que les conséquences de type subjectif.

Je crois que le fait que nous vivions aujourd'hui dans un espace de l'information, que nous nous mouvions aujourd'hui dans un espace à peu près dense d'informations, transforme complètement notre rapport au savoir et aussi à ce qu'on appelait autrefois les facultés intellectuelles. Je vous invite à réfléchir au moins deux minutes sur au moins deux ou trois facultés intellectuelles type la mémoire, l'imagination et même la raison.

Revenons, je vous prie à la Renaissance. Lorsque Montaigne, dans sa librairie, invitait ses contemporains à avoir non plus la tête bien pleine mais la tête bien faite selon l'aphorisme que vous connaissez tous, il ne faisait que consacrer là l'idée que je viens de décrire, à savoir le passage de la transmission copie, copiste à la transmission d'imprimerie.

Pourquoi ? Parce qu'il y a en lui-même, autour de lui, la totalité ou la quasi totalité des livres imprimés de son temps et les ayant mis dans les rayons de sa bibliothèque, il n'avait plus besoin de mémoire. Autrefois, avant l'invention de l'imprimerie, on raconte qu'un étudiant qui était en train d'écouter un professeur faisant un cours d'une heure à la Sorbonne, pouvait le restituer mot à mot sans aucune faille, quatre ans après, pour un autre public. Il avait de la mémoire. Dès le moment où le livre imprimé se trouve dans la bibliothèque, la tête est dégagée de l'écrasante obligation de se souvenir.

Par conséquent Montaigne, dans sa pédagogie, prend acte du fait de l'existence de ces livres imprimés et dit "mieux vaut avoir une tête bien faite qu'une tête bien pleine". Cela veut dire que nous n'avons plus besoin de mémoire, pour retenir par cœur les livres imprimés.

Alors ce que nous appelons la faculté de mémoire descend de la tête ou du cognitif vers les pages et les copies des livres ; du coup ce qui est plein, c'est la librairie de Montaigne et ce qui est vide, c'est sa tête. Nous perdons la mémoire depuis que nous changeons de supports. Dès que nous avons écrit sur des tablettes, nous avons déchargé notre mémoire ; dès que nous avons imprimé des livres, nous avons encore plus déchargé notre mémoire et aujourd'hui où nous pouvons nous déplacer dans l'espace de l'information, nous n'avons plus du tout de mémoire et c'est là que je touche la discussion entre un diagnostic pessimiste et un diagnostic optimiste.

Que perdons-nous ?

Que gagnons-nous ?

Question : Que veut dire perdre ? Que veut dire gagner ?

Réponse : lorsque nous étions des animaux à quatre pattes, nous nous sommes mis un beau jour (il y a bien longtemps bien sûr) debout. Par la station debout, nos mains n'eurent plus la fonction de porter.

Elles furent donc tout à coup libérées de l'écrasante obligation de porter. Elles ont perdu la fonction de portage et du coup, devenues libres de cette fonction, elles ont inventé la fonction de préhension. Du coup, le museau, qui lui-même avait la fonction de préhension, a été libéré de l'écrasante obligation de prendre et il s'est mit à parler. Par conséquent, chaque fois qu'une partie de notre corps perd une fonction, on peut interpréter cette perte comme la libération de l'écrasante obligation de cette fonction. Du coup, l'organe est libre pour inventer une nouvelle fonction et je crois que le tableau que j'ai fait tout à l'heure de l'invention à telle et telle époque, de telle et telle science, de la transformation du lien social, de la transformation de telle et telle tradition tient au fait que nous avons perdu à un moment une fonction donnée, la fonction mnémonique.

Mais cette perte, nous pouvons la réinterpréter dans l'idée que notre mémoire à été tout d'un coup libérée de l'écrasante obligation de se souvenir. Du coup, cette connexion mnémonique est devenue libre d'inventer une autre fonction.

D'où l'invention, à chaque fois que nous changeons de support, des sciences formelles dans l'antiquité, des sciences expérimentales à la Renaissance, et du coup aujourd'hui (vous pouvez me croire sur parole parce que j'ai publié un gros livre de dictionnaire des sciences), je me suis aperçu à quel point depuis six ou sept ans – c'est-à-dire le moment de l'invention de l'ordinateur – les sciences actuelles s'étaient transformées de façon très fondamentale.

Donc le problème c'est que chaque fois que nous avons une perte et que vous entendez des gens se plaindre d'une perte, moi je traduis, il y a libération de l'écrasante obligation d'une fonction donnée et cette libération est contemporaine d'une capacité nouvelle d'invention.

Je crois que nous sommes en train de perdre la mémoire (mais encore plus que nos ancêtres la perdirent), qu'avec les écrans nous perdons beaucoup d'imagination et qu'avec les facultés opératoires des computers nous perdons une grande partie de ce que nous appelions autrefois la raison.

Mémoire, imagination, raison : perte ou plutôt libération précisément de l'écrasante obligation de se souvenir, d'imaginer, ou de nous livrer à des activités opératoires. Et du coup, à ce moment là, notre cerveau (ou plutôt notre faculté cognitive) est libre d'inventer de nouveau.

Je vous donnerai pour bien illustrer ce point, une image de ce que je veux dire. La légende dorée raconte de cette manière le martyre de l'Évêque Saint-Denis. Elle relate que les bourreaux le décapitèrent et qu'au moment de sa décapitation, il se pencha pour ramasser sa tête qui était tombée par terre et la tint un moment dans ses mains face à l'assemblée réunie devant lui.

Et bien cette tête de Saint-Denis, je pose toujours la question : « l'assistance voyait la tête, mais Saint-Denis la voyait-il, sa tête à lui ? » Et la réponse est « oui », tout comme si l'ancienne tête était objectivée et qu'il avait tenu devant lui des facultés qui étaient passées du subjectif à l'objectif, comme autrefois, la mémoire est passée dans l'écrit, puis dans le livre, puis dans l'ordinateur. Comme l'imagination est en train de passer dans l'ordinateur, comme nos facultés opératoires sont en train de passer dans l'objectif. Vous voyez là, une tête transparente et vide désormais, capable d'inventions nouvelles, tenir les vieilles facultés qui autrefois étaient subjectives et qui sont devenues objectives.

Lorsque je suis devant mon ordinateur, lorsque vous êtes devant votre ordinateur, dites-vous que c'est votre ancienne tête qui traîne sur votre table ?… »

(rires, applaudissements)

« Je ne voudrais pas dépasser le temps qui m'est imparti, mais nous avons promis avec mon voisin de droite de parler longuement des conséquences pédagogiques.

Il y a très longtemps que je m'occupe de ces problèmes puisque Édith Cresson m'avait chargé, voici déjà plusieurs années, de lui remettre à la fin de l'année un rapport sur l'enseignement à distance et beaucoup de gens qui ont collaboré avec moi à ce moment-là se trouvent dans la salle. C'est dommage que nous ayons pris un peu de retard, comme vous me le disiez tout à l'heure, sur ces questions là puisque nous avions vraiment beaucoup d'avance. Je crois qu'en effet, cette logique en réseau, le réseau qui désormais recouvre l'univers, comporte des changements complets en matière éducative puisque, si ce que j'ai dit change le livre, la bibliothèque, l'université, etc … en tant que concentration, je crois que l'on peut désormais penser de façon très, très réaliste et technique ce qu'on appelait autrefois l'enseignement à distance puisque dans la pratique on peut réduire beaucoup de distances spatiales, géographiques, temporelles, linguistiques, même un peu sociales, financières aussi. Pathétiques aussi, parce que cette espèce de parcours du combattant faisait que quelqu'un qui était éloigné des sources du savoir devait traverser des déserts terribles avant d'arriver aux sources alors qu'aujourd'hui, au contraire, c'est le savoir qui se dirige vers lui.

Je crois voir très fondamentalement dans les prochaines années tout le système éducatif qui va se transformer. Il est en train de se transformer à peu près dans tous les pays et c'est de cela dont je voudrais parler avec vous, avec Pier Carlo, mais aussi avec la salle parce que cela me tient beaucoup à cœur.

Je crois que nous sommes aujourd'hui à la veille d'une révolution tout à fait fondamentale en matière de savoir ; que la vieille "paideia" grecque, à laquelle je faisais allusion, est en train aujourd'hui de se transformer. Elle se transforme surtout sur un point sur lequel je vais finir.

Je crois qu'autrefois, étant donné les réseaux de concentration dont j'ai parlé tout à l'heure, le flux de l'information était unidirectionnel, c'est-à-dire qu'il allait de celui qui sait à celui qui était censé ignorer. C'est-à-dire qu'il était vraiment en semi-conduction et que la logique du réseau ne va plus être cette logique de la chaîne.

Je dis chaîne parce que ce n'est pas seulement dans la pédagogie qu'il y avait un transport de flux d'informations unidirectionnelles, mais également vers les médias tels que nous les connaissons aujourd'hui : télévision, radio mais aussi comme vous l'a dit l'orateur précédent, dans l'entreprise. Puisque à partir de la forme en réseau, des flux et des directions peuvent être des deux côtés, c'est-à-dire non seulement unidirectionnels mais aussi de chaque côté. Donc le partage peut être tout à fait intéressant et concluant et du coup, je crois qu'est fondé ce mot que j'utilise très souvent pour dire ou pour résumer en un seul mot les transformations complètes en matière de pédagogie. Je crois qu'aujourd'hui "c'est la toile qui va tuer la chaîne". Autrefois, Victor Hugo disait : "le livre tua l'édifice". Ceci tua cela parce qu'il retentissait lui aussi déjà d'un changement de support. Je crois qu'aujourd'hui la toile tue la chaîne, c'est-à-dire qu'une nouvelle logique, celle en réseau, est en train de rendre désuètes les vieilles logiques en chaîne.

Discutons là dessus, c'est mon vœu le plus cher.

Merci. »

Après un discours de Michel Serres, le silence qui s'ensuit est encore de Michel Serres !…