Un voyage sans retour…

J’ai quitté mon pays natal, le Vietnam, à l’âge de 4 ans, en 1982. Je ne comprenais pas pourquoi mes grands parents, ma tante et mes oncles pleuraient autant. Je leur ai dis, du haut de mes quatre ans que j’allais revenir le plus rapidement possible auprès d’eux. Il ne fallait pas qu’ils pleurent..

Et puis, je suis partie avec maman en France. La vie dans un pays étranger me paraissait si difficile. Je ne comprenais rien à ce qui se passait autour de moi. Et puis, la vie auprès de mon père maltraitant ne fut pas de tout repos. J’ai commencé à regretter ma vie passée. Même si on ne roulait pas sur l’or, je recevais énormément d’amour de mes grands parents. Ce jour-là, je me suis rendue compte à quel point ils me manquaient. J’ai commencé à espérer très fort les revoir.

Mais, les années ont passé. Un peu trop rapidement. Je suis devenue une adulte avant même d’avoir pu réaliser mon rêve. Cela fait maintenant presque trente ans que je n’ai pas pu revoir mon cher pays natal. Le manque d’argent y est, hélas, pour quelque chose.  Et puis, j’ai également fondé une très grande famille, ce qui m’a davantage éloigné de mon but : celui de revoir ma famille restée au pays.

Mes pires craintes ont fini par arriver. Mes grands-parents ne sont plus de ce monde ainsi que l’un de mes oncles, fauché, à l’âge de quarante cinq ans, par un cancer foudroyant. Depuis que j’ai appris la nouvelle, je m’en veux énormément. Je n’ai pas réussi à revoir mes grands-parents et mon oncle une dernière fois. Je me sens si nulle de n’y être pas parvenu.

Parfois, les larmes se mettent à couler toutes seules sans que je puisse faire quoique ce soit. La tristesse et la culpabilité me serrent le ventre et me pourrissent la vie, chaque jour un peu plus. Alors, j’essaie de m’abrutir de divertissements afin de ne pas penser à mes souffrances. Il faut constamment que je sois en train de faire quelque chose, que cela soit m’occuper de mes petits ou jouer comme une cinglée sur mes consoles de jeux vidéos..

J’espère que le reste de ma famille ne va pas s’éteindre elle aussi… Il faut qu’ils attendent mon retour… Sinon, je ne sais pas comment je réagirais si un autre de mes proches venait à me quitter pour toujours.