Un illustre inconnu, le film de Matthieu Delaporte

 Il était une fois un certain Sébastien Nicolas, (Mathieu Kassovitz), agent immobilier, célibataire, sans enfants qui menait une vie plutôt austère. Affublé toujours d’un costume, d’une cravate, il avait toutes les apparences d’un homme tout à fait normal. En réalité, il n’en était rien. C’est dire si les apparences sont trompeuses ! 

Entre détestation de sa petite personne et de sa petite vie, Sébastien Nicolas, incapable de composer avec ses propres éléments, ne faisait que végéter. La fascination qu’exerçait sur lui la vie des autres aura raison de sa torpeur presque congénitale ; elle finira par faire de lui un Arsène Lupin d’un nouveau genre : un cambrioleur de vies ! 

Gage de sensations fortes, ce chapardage inoffensif aura en plus l’effet d’anesthésiant par rapport à toutes ces questions existentielles qui turlupinaient cet homme égaré ! Dévisager, scruter, se déguiser, encore et toujours, pour s’approprier avec brio ces identités "passionnantes"à ses yeux de mort-vivant. L’illusion de ressusciter, de vivre plusieurs vies à la fois ! Se mettre tour à tour dans la peau d’un client puis d’un autre : participer à une séance pour alcooliques anonymes alors que la sobriété sous tend sa vie ; jouer à l’acquéreur qui visite son futur appartement, etc… 

La boîte de Pandore ainsi ouverte, l’agent immobilier est pris à son propre piège. La rencontre avec Henri de Montalte, un illustre violoniste, sera l’occasion de l’ultime usurpation d’identité, laquelle le mènera le plus loin possible de lui-même, aux confins de la folie. Pour mériter ce rôle qu’il décide d’endosser, Sébastien Nicolas, le croyant, acceptera de bien gros sacrifices, histoire d’expier ses pêchés. 

Dérangeant, intrigant ce film de Matthieu Delaporte porté avec brio par Mathieu Kassovitz  réussit à tenir en haleine du début jusqu’à la fin. Scénario, mise en scène, bande son y sont aussi pour quelque chose. Un drame d’actualité qui explore les méandres de la dépersonnalisation, une pathologie qui, par les temps qui courent défraye la chronique. En témoigne l’actualité :  Mickaël Dos Santos, Maxime Hauchard, tous ces paumés qui s’engouffrent en vrai dans des jeux de rôles complètement ahurissants qui s’apparentent à s’y méprendre à des usurpations d’identité. 

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