Le volcanisme énigmatique des Îles Canaries : Informations géologiques existant dans le domaine III

Chapitre 4 : L’hypothèse de la submersion de l’Essaouira Promontory Rise à cause de la déglaciation ou d’un impact massif.

Formuler et soutenir l’hypothèse de la submersion de l’Essaouira Promontory Rise c’est poser le postulat que tout le plateau continental, en marge des côtes Nord-Ouest de l’Afrique, a subi une immersion, le portant à sa profondeur actuelle, – une profondeur de -522 mètres pour son point culminant, en son Est, et -3.592 mètres pour son point le plus bas, en son Nord-Ouest, à laquelle il serait opportun d’ôter la hauteur des dépôts sédimentaires de l’Éocène/Oligocène à nos jours -, des temps après la formation de l’Agadir Canyon. Vraisemblable ? Invraisemblable ? Lente ou rapide, la probabilité de l’immersion est une théorie utopiste, reconnue comme un mythe par les scientifiques et un non-sens, et seuls les tenants de l’Atlantide(6), une île, de localisation inconnue(7), qui aurait été engloutie durant la pré-Antiquité, – vers -25.000 ans pour les uns et vers -9.000 ans pour les autres -, la soutiennent.

Ils y énoncent que « la submersion de l’Essaouira Promontory Rise correspond à celle du plateau Antarctique et est survenue soit :
– pour certains, au cours de l’interglaciaire suivant la glaciation würmienne, la glaciation de Würm plus ou moins synchrone aux glaciations du Wisconsinien en Amérique du Nord, du Weichselien en Europe du Nord, du Vistulien en Allemagne du Nord et du Devensien en Angleterre, dont la limité supérieure correspond au début de l’Holocène, il y a environ 10.000 ans ;
– pour d’autres, la Terre n’étant pas parfaitement sphérique mais ellipsoïdale, le rayon équatorial étant supérieur au rayon polaire de 21 kilomètres, à la suite de l’enflement de la terre autour de l’Équateur, un gonflement qui pourrait résulter d’un impact massif près de la région polaire et qui aurait recouvert complètement d’eau le cercle Arctique et les plateaux continentaux du cercle Antarctique sous des milliers de mètres et un gonflement impliquant que les plateaux continentaux des régions équatoriales auraient, eux-mêmes, été submergés par l’Océan. »

Et étançonner avec des incohérences et des imprécisions, à défaut d’étayer, l’hypothèse de la submersion de l’Essaouira Promontory Rise sur la base de telles théories manque de logique et frise l’ineptie. En effet, pour les théories reposant sur la glaciation, lors de la dernière, celle de Würn, -110.000 à -10.000 ans, la glacio-eustasie(8) provoqua une baisse du niveau des océans de l’ordre de 120 mètres et l’émersion d’une partie des plateaux continentaux, mais pas celle du plateau Essaouira qui culmine à -522 mètres. Il est donc inadéquat d’affirmer que l’Essaouira Promontory Rise s’est retrouvé immergé à cause de la subsidence du fonds océanique sous la masse d’eau qui résulte conjointement des effets de la fonte des inlandsis(9), des glaciers et des calottes polaires, de l’expansion thermique de l’eau sous l’effet de sa température, etc…

Il est tout autant inadéquat d’attribuer un enflement de la Terre, en sa zone équatoriale, suite à un choc massif sur sa zone polaire même si deux théories s’opposent, en apparence, sur les impacts massifs. En effet, – et restant volontairement schématique afin de ne pas verser dans le hors sujet -, les uns préconisent une explosion de la météorite entre 27 et 8/11 kilomètres d’altitude, les autres la percussion de celle-ci, mais les uns et les autres concèdent que l’énergie libérée est de l’ordre, suivant le volume du bolide, de dizaines, de centaines ou de milliers… de mégatonnes de TNT et que l’onde de choc génère des cratères d’impacts sur le sol ou des tsunamis en cas d’arrivée en mer, la modification des roches du sous-sol sur plusieurs kilomètres de profondeur, – entre 5 et 10 kilomètres pour ceux de l’Astroblème de Rochechouart-Chassenon, Charente, France, cratère de 23 kilomètres de diamètre, 215 Millions d’années ; de la Météorite de Chicxulub, péninsule du Yucatan, Mexique, cratère de 170 kilomètres de diamètre, 65 Millions d’années ; de l’Astroblème de Ries, Bavière, Allemagne, cratère de 24 kilomètres de diamètre, 15 Millions d’années… et, les derniers en date, du Meteor cratère, Arizona, Etats Unis, cratère de 1,2 kilomètre de diamètre, 490.000 ans et du Tenoumer, Mauritanie, cratère de 1,9 kilomètre de diamètre, 21.400 ans ± 9.700 ans -, et l’inflation du sol suivie, par effet élastique, d’une déflation.

Chapitre 5 : L’hypothèse de la subsidence de la marge passive du Nord-Ouest africain à l’ouverture océanique de l’Atlantique.


Par définition, une marge passive, – présentant une faible activité sismique -, aussi dénommée marge continentale, – rebord immergé et zone intermédiaire entre une croûte marine et une croûte continentale -, correspond, par un effet initial de rifting, première étape majeure quant à la formation d’un océan, à une ouverture océanique au sein d’une étendue de terres d’un seul tenant.

La formation du rift continental, un fossé dissymétrique bordé par de grandes failles normales courbes, – dites failles listriques -, délimitant des blocs basculés, ou l’effet rifting, se caractérise par une tectonique en extension, un amincissement de la croûte continentale et la subsidence. Au cours de ce phénomène trois stades de sédimentation se produisent, le premier, antérieur au rifting, – ante-rifting -, constitue le sommet des blocs basculés, le second, contemporain à la phase d’extension, – syn-rifting -, les sédiments disposés en éventails au-dessus des blocs entre deux failles actives, accompagne le basculement des blocs, et le troisième, postérieur au basculement des blocs, – post-rifting -, recouvre l’ensemble sans être déformé. Généralement le phénomène de rifting s’étale sur une durée moyenne de l’ordre de 10 à 15 millions d’années, mais il est commun, les sédiments pouvant être datés à l’aide des fossiles, de constater que l’effet rifting peut se prolonger sur des périodes temps de 60 millions d’années, voire 280 millions d’années. Ayant débuté au cours du Permien, – 299 à 251 Millions d’années -, plus précisément au Guadalupien, – 271 à 260 Millions d’années -, le rift continental s’est achevé, avec l’ouverture océanique de l’Atlantique, l’apparition de croûte océanique, l’installation définitive d’un milieu marin, l’immersion des marges passives et une sédimentation importante toujours associée à la subsidence, il y a 180 millions d’années, durant le Jurassique, – 199,6 à 145,5 Millions d’années. – De fait, le plateau d’Essaouira, – l’Essaouira Promontory Rise -, sur la marge passive du Nord-Ouest africain, et le canyon d’Agadir se sont trouvés immergés, de même que les grabens, – bassins et plaines abyssales -, et les horsts, – les rides et les bancs -, qui forment les fonds marins des domaines canarien et madèrien, lors de la mise en eau du rift continental.

 

Décembre 2011 © Raymond Matabosch

 

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A suivre, chapitre 6 : L’hypothèse de la subsidence de la partie océanique de la plaque africaine.