FAUDEL itinéraire d’un enfant de cité .

 Coincé dans le rayon de la librairie ,entre quelques autres biographies je viens de découvrir le livre de faudel …il a été publié il y a quelques mois déjà mais on n'a pas toujours le temps de lire! mon regard est attiré par la jaquette …

…. sobre , comme je les aime : en noir et blanc …Le portrait de Faudel est beau , il est tellement charismatique, que même sans son sourire, ce garçon sait accrocher le regard des autres. Je retourne le livre pour en lire les lignes de présentation . Quelques courtes phrases qui me font un peu mal , pourquoi doit on dire de quelqu'un qui sourit qu'il est « niais » ou « con », cela me rappelle lorsque mon fils à qui j'avais appris d'être un enfant poli n'a pas compris pourquoi un jour, je lui avais ajouté: « mais maintenant, tu a 4ans, il ne faut plus dire bonjour à tout le monde ». Il m'avait regardé étonné. J'avais eu tellement mal en entendant un jour, une dame dire d'un enfant inconnu qui avec toute sa candeur lui avait lancé un « bonjour » en la croisant dans la rue , « il est gentil! » sachant ce que cette phrase, prononcée dans ma région par un adulte, peut etre chargée de « mepris :«  il est « gentil! » ça veut dire , suivant l'intonation, « il est un peu bête , il est niais !

Alors mon petit garçon qui souriait au monde n'a plus dit bonjour aux inconnus… comme Faudel ne sourit plus .

Cela m'a donné envie de le mieux connaître , ce garçon dont j' ai écouté parfois les chansons entre les « sum41 » »green day »ou « linkin park » à tue tête de mon ado !

Une chaise installée dans un rayon de soleil sous l'olivier de mon jardin , je suis partie à la découverte de cette homme , encore si jeune et pourtant si mature …  quand j 'ai refermé le bouquin j'avais un peu froid .. le thé à la menthe ne fumait plus depuis longtemps dans ma tasse …et le petit goût amer que j'avais dans la bouche ne venait pas de mon breuvage mais de ce que je venais de lire … la journée s'était achevée sans que j'en prenne conscience , j'avais partagé me semblait il quelques heures avec Faudel , l'écoutant me raconter son histoire …Comme cela a dû être difficile à Faudel , toutes ses choses qui laissent un peu de leur venin chaque jour dans nos vies, de les avouer ainsi …mais peut être est il comme moi , « écrire » c'est plus facile que « dire ».

Ce livre dépasse le fait d'être un joli livre qui nous raconte la réussite d'un jeune gars des cités …il nous fait prendre conscience de ce qui est difficile pour ceux qui sont écartelés entre deux cultures , deux continents mais aussi deux vies sociales si différentes ….être étranger partout ..

Il ne se déclare pas comme un petit ange qui a grandi dans le droit chemin, Faudel , il nous raconte ses « incartades » comme il le ferait d'un secret …il nous présente ceux qui ont croisé sa vie dont il nous brosse parfois des portraits hauts en couleur comme le caïd du coin par exemple; mais il ajoute toujours cette touche émouvante :« il était beau quand même, dans mon regard de gosse »

La cité sous son écriture devient palpable , on y découvre un monde avec ses familles , ses coins secrets , ses bandes mais aussi ses « gentils »…

Les mots qu'utilisent Faudel sont plein de charme, qu'importe que ce soit lui qui les ait trouvés ou la personne qui l'aide à mettre au clair ses idées …ces mots sont devenus siens dans ce livre , car ils épousent ses idées son récit, sa vie …j'aime quand il ne parle pas d'enfants dissipés mais effervescents; sa gentillesse transparaît même dans ce vocabulaire .

Il a eu des désaccords avec certains il n'est pas acerbe en parlant d'eux , il constate simplement , et regrette que de tels moments aient existé.

C'est sa sensibilité qui fait de Faudel ce qu'il est , c'est cette sensibilité aussi qui parfois le perd . Comment ne pas ressentir sa détresse lorsqu'il nous parle de celle qu'il aime toujours .Combien on comprends son désespoir de ne plus entendre les bruits de la vie qui accompagne la présence d'un enfant !

Le texte est frais quoique parfois lourd d'émotions …je ne glisserai pas dans le « people » en vous racontant les évènements qui ont émaillé ces dernières années la vie de Faudel et que les journaux , à renfort de manchettes percutantes ont mis au premier plan . Ecrire leurs papiers en choisissant la phrase qui fait mal , l'événement le plus vendeur , le moment le plus tragique , quitte à parler du livre en se basant sur une poignée de pages alors que le bouquin raconte pendant près de 170 , une tranche de vie !

Quant à ceux qui n'ont pas accepté ses choix, ils devraient peut être se souvenir que, si nous sommes un pays qui se prétend celui de la liberté , «  la liberté de pensée » , est la première à respecter. Ce qui rend riche notre pays ce sont ses différences , mais parfois il faut des ponts entre ces différences pour que l'on puisse les mieux comprendre et les accepter.

Les choses auraient elles été différentes si Faudel avait été artiste peintre , grand cuisinier ou top model ? Faudel est ce qu'il est ,et ne se prétend pas quelqu'un d'autre, un gars qui a su comprendre le clin d'oeil que lui envoyait le destin. Chanteur , acteur et aujour'hui écrivain , qu'importe si certains lui ont tourné le dos , d'autres l'accueillent sous les applaudissements : la suisse la syrie la jordanie la palestine l'allemagne auquel le maroc en 2009 se joindra , mais il n'oubliera pas pour autant « mon pays » qui est aussi le sien .