Armstrong : la chute d’un système !

Le 26 octobre dernier, l’UCI (Union Cycliste Internationale) a décidé de ne pas réattribuer les victoires du coureur américain Lance Armstrong entre 1999 et 2005 sur le Tour de France. Une décision, qui si elle avait été dans un autre sens, aurait été particulièrement absurde. Cela permettait de mettre le doigt sur le fléau du dopage touchant le cyclisme professionnel, loin de se limiter au cas emblématique de Lance Armstrong. 

 

L’Américain est l’exemple parfait des dérives du système, notamment de la politique de l’autruche menée par l’UCI. Aujourd’hui, Pat McQuaid a beau jeu de déclarer que "Lance Armstrong n’a aucune place dans le cyclisme", mais l’institution qu’il préside depuis 2005 a de nombreuses fois couvert l’Américain, l’innocentant systématiquement au moindre doute sur sa probité. 

 

Il en fut ainsi en 1999 quand Le Monde révéla que Armstrong avait été contrôlé positif aux corticoïdes, l’UCI se contentant d’accepter un simple certificat médical antidaté pour le dédouaner, et ainsi, lui ouvrir la voie vers le premier de ses 7 titres sur les routes du Tour de France. Idem en 2005 quand L’Equipe avait ressorti des tiroirs un contrôle positif à l’EPO, toujours constaté en 1999, que l’UCI s’était empressée de démentir. Dernièrement, l’USADA (l’agence antidopage américaine) a montré qu’un contrôle positif réalisé en 2001 sur le Tour de Suisse – étrangement remporté par un certain… Armstrong Lance ! – avait été couvert par l’UCI, contre le versement d’une forte somme d’argent.  

 

Mais Armstrong n’est que la partie immergée de l’iceberg ! De ce mal rongeant le cyclisme. Ainsi, pourquoi aurait-il été absurde de réattribuer les victoires de l’Américain à ses divers dauphins, de 1999 à 2005 ? Tout simplement car ceux-ci ont tous été, à un moment ou à un autre, confondus pour dopage. De fait, faisons l’inventaire : 

 

– Alex Zülle, coureur suisse, dauphin de l’Américain en 1999, a été pris par la patrouille un an auparavant dans le cadre de l’affaire Festina. 

– Jan Ullrich, coureur allemand, dauphin de Armstrong en 2000, 2001 et 2003, a été emporté dans le cadre de l’affaire Puerto en 2006, et il a été prouvé qu’il était un des "clients" du sulfureux docteur Eufemiano Fuentes. 

– Andreas Kloden, coureur allemand, 2ème du Tour en 2004, n’a jamais été condamné, mais fût accusé par son coéquipier chez T-Mobile, Patrick Sinkewitz d’avoir eu recours à des pratiques dopantes avant le Tour de France 2006. 

– Joseba Beloki, coureur espagnol, 2ème du Tour en 2002, a tout comme Jan Ullrich été impliqué dans l’affaire Puerto ; idem pour Ivan Basso, l’Italien, dauphin de Armstrong en 2005. 

 

Sans compter le Tour 1996, où le Danois Bjarne Riis a avoué eu recours au dopage pour l’aider à remporter la victoire ; le Tour 2006, où Floyd Landis s’est vu destitué suite à un contrôle positif à la testostérone ; et 2010, où l’Espagnol Alberto Contador a été contrôlé positif au clenbuterol. 

 

Mais si l’on veut être parfaitement exhaustif, pour ces 20 dernières années, on doit aussi retirer des palmarès le Tour 1997 remporté par Jan Ullrich, le Tour 1998 de Marco Pantani et les Tours 2007 et 2009 dominés par Alberto Contador. 

 

Bref, derrière l’emblématique cas Armstrong, on retrouve surtout un système pourri par le dopage, où toute victoire et toute performance semble prête le flanc à la controverse et à la suspicion.