GROBSCHNITT: Histoire d’un groupe culte outre-Rhin.

 

Le Rock en Allemagne : un désir viscéral de se forger une nouvelle identité.

La guerre est terminée, le procès de Nuremberg, la dénazification a bel et bien eu lieu, malgré tout l’Allemagne s’enferme dans un mutisme profond. La nouvelle génération se doit de prendre le relais, et tout naturellement c’est dans l’aventure du rock que cette jeunesse allemande va se forger, petit à petit, une nouvelle identité.

Ce qui caractérise la scène rock allemande des années 1960/70 c’est la faculté d’expérimentation dû en grande partie  à l’absence de maisons de disques imposant un certain diktat dans les autres pays européens. Sans doute les premiers musiciens à posséder leurs propres studios, et libres de toute contrainte commerciale et mercantile.

Cette nouvelle génération se retrouve dans la création du courant Krautrock. De Klaus Schulze (batteur de Tangerine Dream) en passant par Karlheinz Stockhausen, Kraftwerk et tant d’autres dont je ne vais pas faire le descriptif sinon l’article en deviendrait imbuvable.

Non je n’ai pas omis volontairement Scorpions, ce groupe méritant également que je lui consacre un article prochainement. Tout comme Tangerine Dream, mais là l’article sera plus complexe tant la diversité des membres ayant fréquenté ce groupe est impressionnante, un gros travail d’archives à prévoir.

Donc aujourd’hui je vais vous faire découvrir ou redécouvrir l’un des fleurons de la scène rock allemande, j’ai nommé GROBSCHNITT. J’ai cette chance d’être frontalier et d’avoir souvent fréquenté les scènes rock outre-Rhin. Lors d’une de mes incursion j’ai découvert ce groupe (mythique en Allemagne) théâtral à l’extrême, dégageant une énergie folle, certains concerts pouvant durer jusqu’à cinq heures ! Allez un premier morceau :

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Grobschnitt devient un groupe culte outre-Rhin.

Je ne vais pas m’ingénier à vous livrer la discographie complète de ce groupe, je vais me concentrer sur la meilleure partie qui s’échelonne de 1970 à 1980.

1971, Grobschnitt donne son premier concert, le début d’une belle aventure. De toutes les façons, Grobschnitt était avant tout un groupe de scène favorisant l’improvisation, leurs performances scéniques en deviennent légendaires, tout simplement leur marque de fabrique.

1972, un premier disque « Grobschnitt » sur le label Brain, un grand classique du groupe. J’aime cet album et plus particulièrement une attirance vers l’incroyable morceau « Sun Trip », une merveille sous fond de « duel » de guitares, et force est de constater la qualité des arrangements, qui frise avec la perfection.

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1974 (Ballerman), un album avec une grosse tonalité hard-rock, et il faut écouter la qualité des solos de guitare qu’on peut qualifier de phénoménal ! Là nous découvrons aussi une autre facette du groupe, un humour grinçant qui démystifie la « frilosité » du rock progressif. Bien évidemment en ressort le morceau le plus légendaire du groupe « Solar Music ». Un morceau qui impressionne par sa virtuosité et qui se décline en deux parties. D’ailleurs ce morceau sortira  en deux autres versions, toujours de qualité mais en ayant peut-être perdu ‘l’improvisation qui caractérisait la première version, mais c’est un avis personnel.

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1975, « Jumbo ». Un album qui je dois reconnaitre ne m’a pas marqué.  La musique n’est pas mauvaise, mais on ressent trop par instants la présence d’une inspiration captée chez YES, et plus particulièrement le son de la guitare qui biaise vers le son de Steve Howe. Ce n’est pas un reproche, mais je vais occulter cet album qui en soi n’est pas mauvais, loin de là, mais j’estime qu’il n’est pas marquant dans la discographie du groupe.

 

1977, « Rockpommel’s Land ». Pour ma part le meilleur album du groupe, le plus abouti. Certes l’influence de YES est toujours présente mais malgré tout n’imprègne pas l’album. Pour un groupe plus enclin à s’épanouir sur scène, cet album est un travail remarquable, sans doute le meilleur de Grobschnitt en studio. Un opéra rock méconnu, à ma connaissance le groupe n’a jamais franchi les frontières de l’Allemagne.

Tout y passe, l’humour typique du groupe, les sublimes solos, une musicalité qui ne se dément pas. Pour établir une hiérarchie dans cet album, on peut longuement hésiter. « Anywhere’, un court morceau acoustique sublimé par le solo de guitare. « Rockpommel’s Land », près de vingt minutes, un véritable clin d’œil au rock progressif (qui amorce son déclin), étalant toute une virtuosité instrumentale, sa longueur lui conférant ce côté épique tant apprécié par les fans. « Severity Town » est sans doute le morceau phare de cet album, intensifiant le côté dramatique par toute une série de bruitages pour le moins inquiétant, qui ne font que renforcer l’angoisse à l’arrivée du « mal ». Allez on écoute ce morceau :

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SOLAR MUSIC LIVE : l’un des meilleurs live de tous les temps !

1978 « Solar Music Live ». Indispensable, Grobschnitt dans son meilleur élément : la scène.  Tout simplement exceptionnel, sans doute l’un des meilleurs albums live de tous les temps. Un début à l’image du groupe, oscillant entre son humour, des bruitages, une variation de son de plus en plus étrange, le tout entrecoupé de voix gutturales, et l’apparition délicate de la guitare. Puis au bout d’un long moment (une dizaine de minutes), la guitare passe en mode solo, le tout sans l’ombre d’une percussion. L’apparition de la seconde guitare en devient détonnant, surtout avec le retour des percussions. Tout simplement dantesque ! Allez ouvrez vos esgourdes :

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Le déclin.

Par la suite  j’ai un peu perdu le fil avec ce groupe, et je dois reconnaitre que je n’ai entendu que l’album « Illégal », ou il ne reste plus que deux membres de la formation première, et cela se ressent, il est bien loin le temps de la flamboyance musicale, la folie permanente qu’engendrait ce groupe légendaire outre-Rhin. Il faut bien reconnaitre que le groupe a adopté un son plus « commercial » au détriment du son « symphonique » qui se voulait l’âme du groupe. Il est vrai que la formation n’a plus rien à voir avec le groupe initial et cela se ressent au travers des compositions. Malgré tout la tournée qui s’en suit démontre une fois encore la place prépondérante de Grobschnitt sur la scène outre-Rhin.

Le 4 décembre 1989 l’histoire de Grobschnitt se termine par un concert mémorable de près de cinq heures à Hagen leur ville natale.

Grobschnitt n’est pas mort !

17 ans après, Grobschnitt est de retour !

 Mais là je ne vais pas me lancer dans une nouvelle approche, désormais cette seconde génération du groupe, avec plusieurs fils des membres fondateurs. La magie fonctionne toujours, et quelque part cette transition n’est pas sans me remémorer la saga familiale qu’est devenue « Ange », avec Christian Descamps infatigable, et son fils Tristan.

Wolgang Jäger  est décédé le 3 mai 2007, à l’âge de 55 ans.

Mist (Volker Kahrs) est décédé le 20 juillet 2008, à l’âge de 57 ans.

 

SOURCES :

-Wikipedia

-Progarchives

-Allusson Hubert