Affaire Jérôme Kerviel

Dis moi, ce que tu manges ou qui tu fréquentes et surtout ce que tu fais, je te dirai peut-être qui tu es. Sans même t’avoir vu ! Jérôme Kerviel devenu depuis 2008 le plus célèbre des courtiers aimait à se shooter désespérément à la spéculation boursière. Moins qualifié  que ses collègues, il avait quand même réussi  l’exploit  de renflouer les caisses de la Société Générale avec la modique somme d’un milliard et demi d’euros de plus-values. Depuis, il a dû prendre la grosse tête si bien que la terre entière ne pouvait plus le contenir ! 

Et comme la laitière et le pot au lait, il s’est mis à devenir boulimique, à construire force châteaux en Espagne : détrôner ses collègues surqualifiés, pour être consacré au Panthéon comme le plus grand courtier de tous les temps ! Et à tout seigneur, tout honneur. Le voilà à l’oeuvre avec une barre très haute et cerise sur le gâteau , avec pour unité de mesure le milliard :  au diable scrupules, moralité, quand on est au-dessus de la mêlée ! 

Le courtier s’évertue donc à déjouer avec brio tous les systèmes de surveillance à coups de faux courriels, de fausses contreparties. Cinquante milliards d’euros engagés sans coup férir alors que la Bourse traverse une sinistre zone de turbulences consécutive à la crise des subprimes ; ça passe ou ça casse… 

Sauf que derrière chaque montée, il y a toujours comme une indéniable descente : liquidation de l’intégralité des  positions par la banque prise en étau, laquelle sera amenée  à essuyer une perte de cinq milliards d’euros. Adieu veau, vache, cochon, couvée ! Et contrairement à la laitière qui, en grand danger d’être battue par son mari, s’empressa au quart de tour de lui présenter des excuses, Jérôme lui se veut l’ ultime victime expiatoire de ce scandale financier ; mis en examen pour abus de confiance, faux, usage de faux, " le délinquant"s’indigne carrément; il s’inscrit illico dans le déni arguant que la Société Générale, les rouages du système financier, responsables de complicité par passivité, l’ont roulé dans la farine, à l’insu de son plein gré.

Le travail colossal de la justice est venu démentir les subterfuges montés de toutes pièces par Jérôme Kerviel ;  sans venir à bout de ses sempiternelles rodomontades… Jamais à court d’idées, l’ex trader a joué toutes les cartes pour s’attirer la bienveillance de Tous susceptible à elle seule de lui attirer la grâce présidentielle ; comme les parents de la petite Maddy volatilisée par une de ces nuits d’été, il a eu l’outrecuidance de serrer la main du pape. En vain, le retour de bâton est inévitable. 

Il y a  en liberté de ces spécimens bien pires qu’un fraudeur de cette envergure, atteint de la folie des grandeurs, qui ne connaîtront jamais eux les maisons d’arrêts. Malheureusement. Les bagnes quant à eux, ils débordent d’un trop plein de gueux au ventre creux, de ces voleurs de miettes alors qu’à l’abri prospèrent les opulents qui vendent "à faux poids"  . Si en plus de l’injustice de la justice, on se mettait à indexer cette dernière sur la propension des victimes à médiatiser leur malheur, on court  à la catastrophe. 

Une fois n’est pas coutume, Marine Le Pen, Jean Luc Mélenchon dénoncent à tue tête, d’une même voix, l’injustice dont est victime celui a  qui après l’épuisement de tous les recours est désormais derrière les barreaux pour purger sa peine confirmée par Cours et magistrats.