ELECTIONS 2009 : QUELS DEFIS POUR L’OPPOSITION ? POUR NE PAS SE TROMPER DE BATAILLE

L’échéance de 2009 se rapproche rapidement. Elle se caractérise d’abord par une campagne prématurée de la part du RCD et de ses clients comme si il y avait un doute sur l’issue du scrutin et qu’il vaut mieux partir tôt pour s’assurer du suffrage populaire dans une élection serrée. La situation politique par rapport à 2004 n’a pas beaucoup varié sur le fond avec un climat de verrouillage quasi-total empêchant la voix de l’opposition démocratique d’arriver à la population grâce à un contrôle strict du champ médiatique. Sur d’autres plans les choses se sont plutôt aggravées avec une ligue des droits de l’homme mise presque en état d’hibernation et des procès contre une jeunesse qui n’a trouvée de refuge que dans une idéologie passéiste porteuse de chimères. Ces procès entachés, d’après les observateurs nationaux et étrangers,  de nombreuses irrégularités et de retournements de situations inexpliquées (des condamnations à 20 ans de prison passant en appel à 2ans voire à l’acquittement). Enfin un bâclage ridicule du procès des événements de Slimane dont le but semble être de ne pas faire la lumière   sur la réalité des faits. A cette situation politique s’ajoute une situation économique peu rassurante avec une détérioration du pouvoir d’achat et une aggravation du chômage des jeunes comme l’ont démontré les événements de la région minière.

La tâche de l’opposition démocratique n’est pas aisée d’autant plus qu’une impression d’impuissance se ressent au sein d’une population quadrillée par un système policier et/ou clientéliste. L’objectif essentiel de l’opposition doit être de mobiliser les forces vives de la nation pour quelles reprennent l’initiative et reconsidèrent que l’action politique peut permettre de changer la situation du pays. Il s’agit de redonner de l’espérance dans la lutte pour une citoyenneté réelle. L’échéance électorale doit être considérée comme un moment de lutte privilégié et non comme une course vers des postes hypothétiques ou des positionnements sectaires. La population nous attend pour voir notre capacité à relever le défi de la lutte pour un état de droit et des élections crédibles. Le parlement de décor instauré depuis 1994 doit être relégué aux oubliettes. La présidence à vie est d’un autre âge.

Toutes ces tâches ne peuvent se concevoir que dans le cadre d’un rassemblement large de l’opposition en vue d’exiger des conditions minimales pour un scrutin transparent. Ce rassemblement doit dépasser les clivages partisans et personnels. Il ne s’agit pas de dire qui a la primauté de représenter l’opposition pour la présidentielle mais de dire d’abord quelles sont les conditions minimales à accepter pour participer. Rappelons nous la candidature de Med Ali Halouani en 2004 ; certes elle a permis de rassembler une certaine mouvance autour des mots d’ordre démocratiques, cependant elle n’a pas permis de mobiliser suffisamment la population pour aboutir à un tournant dans le rapport de force obligeant le pouvoir à faire au moins quelques concessions à la mouvance démocratique. Certes la bataille pour le droit à la candidature à la présidentielle est légitime mais il ne pourra être utile que s’il s’inscrit dans une logique globale d’unité de l’opposition sur la base de conditions minimales, de contrôle réel et impartial du scrutin et de refus de résultats pouvant entamer la crédibilité du mouvement démocratique lui conférant le statut d’opposition alibi. Redonner de l’espérance à nos concitoyens c’est d’abord leur démontrer que l’on ne recherche  ni les compromis boiteux ni un vedettariat de quelques minutes à la télévision.

Un rassemblement pour des élections démocratiques doit être notre objectif principal immédiat. Ce rassemblement doit dépasser tous les clivages. Il doit être porté par la société civile dans son ensemble. Les structures partisanes doivent savoir mettre en place le cadre adéquat pour que l’ensemble des forces vives (organisations et personnalités indépendantes) puisse établir un cahier de revendications claires et consensuelles préparant à une véritable campagne politique. La participation et ses différentes modalités viendront après (coalition, accord pour une candidature consensuelle à la présidentielle, etc).

Tabler aujourd’hui essentiellement sur le droit à la candidature est prématuré et surtout restreint. Faut il accepter toutes les conditions s’il y a une ouverture pour la présidentielle ?

Faut il accepter les résultats d’élections manifestement manipulées ?

Faut il se contenter d’une non participation certes logique face aux conditions électorales ?

Toutes ces questions doivent être débattues avec profondeur.

Le scénario de 2004 ne doit pas se répéter avec une frange qui a participé avec peu d’effets tangibles sur la vie publique, une non participation qui n’a pas su s’élever au niveau du boycott et enfin une troisième position qui a appelée au boycott uniquement des présidentielles puis s’est retirée au dernier moment des législatives.

Cette dispersion de l’opposition doit être évitée à tout prix. Nous connaissons bien les capacités du pouvoir à créer et à insinuer insidieusement la division. A nous de savoir garder la tête froide et à ne pas nous tromper d’adversaire. Il s’agit de définir en commun l’objectif principal qui, dans les conditions actuelles, n’est certainement pas électoral ni surtout celui du statut de leadership.

Il s’agit de réveiller la société et de lui redonner l’espoir pour que nos enfants ne vivent plus ce qu’ont vécu les militants démocrates durant ces dernières cinquante années.

Dr  Khelil Ezzaouia- Journal Mouatinoun

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