« Antimidation. »

 Antimididation, oui; la faute est voulue. Antimidation ou : «contre l’intimidation». Oui mais pourquoi? Pourquoi une autre opinion, me direz-vous? Vous en avez marre d’en entendre parler, n’est-ce pas? Je le sais… mais quelle est la vision d’une personne l’ayant vécu? 

 

L’intimidation ça fait mal, «ça fesse!» comme on dit. On voit souvent des personnages dans des films qui vivent ça, on voit des gens autour de nous vivre l’intimidation. On en parle à la télévision, on dit que c’est horrible mais pourtant on ne fait rien pour arrêter cela. Bref, c’est un sujet d’actualité. Vous vous demandez probablement la raison pour laquelle je vous parle de ce sujet épineux. Le 25 janvier 2013 (oui, ça fait un certain moment), l’émission québécoise J.E. a fait un reportage sur un jeune garçon de 6 ans qui s’était fait intimider à l’école. On voyait les démarches de sa mère, elle parlait des évènements avant/pendant/après l’intimidation. Des spécialistes abordaient les sujets suivants : la sécurité des enfants et les séquelles psychologiques de l’intimidation sur la victime de celle-ci.

 

Peut-être que certains d’entre vous ont subi de l’intimidation. Peut-être même que votre expérience après avoir subi de l’intimidation sera différente. Toutefois, je crois que mes propos pourront toucher certaines personnes qui ressentent ce que je ressens. On nous présente souvent des gens qui ont survécu à de l’intimidation, ils sont confiants, heureux, souriants et leur vie est rendue si belle; ils ont passés au travers comme dans du beurre. Malheureusement, certains ne s’identifient pas à ces personnes. 

 

J’ai vécu l’intimidation pendant environ 12 ans. Sur le moment, on se sent mal, on se sent minuscule… comme un moins que rien. Je suis entré au cégep (l’école juste avant l’université, c’est un établissement unique au Québec. Je vous invite d’ailleurs à vous informer sur celui-ci.) et plusieurs choses ont changés. L’intimidation s’était arrêté au courant de l’année précédent mon entrée au cégep. Malheureusement, j’ai eu à faire une plainte puisque parler des évènements aux professeurs et directeurs n’avaient rien fait durant mon enfance. J’avais fini par laisser tomber. Je m’étais résigné à vivre ça. À mes yeux, même si je changeais d’école, ce serais la même chose. On nous dit de tous les côtés que ça s’améliore mais on en doute fortement. Plusieurs me disaient que si je changeais d’école, ça arrêterait mais je n’y croyais pas. En fait, l’intimidation détruit tout espoir de voir cela s’arrêter. Mes parents me disaient toujours : «plus tard, quand tu seras grand, tu te retrouveras dans un monde différents. Les adultes ne font pas ça.» C’est probablement ce qui m’a aidé beaucoup. Je ne dis pas que je n’ai jamais pensé à terminer tout ça, ce serait faux. J’ai pensé que mourir était peut-être l’unique solution, j’y ai pensé souvent. 

 

Revenons au sujet principal. Comment est la vie après? Oui, ça s’améliore mais pas complètement. On s’entoure de gens qui nous ressemble puisque nous arrivons dans un domaine où nous, comme ceux qui nous entoure, sommes passionné par un domaine commun. Nous partageons les même goûts. Toutefois, on devient, d’une certaine façon, paranoïaque. On voit des regards qui se tournent vers nous, on pense à chacun de nos gestes. On se demande ce que penseront les autres si on porte tel ou tel vêtement, si on marche de telle ou telle façon, si on fait un certain geste ou si on dit telle ou telle chose. On a toujours une certaine crainte des jugements. J’espère qu’un jour, j’oublierai totalement ça.

 

En conclusion, il est vrai que la situation s’améliore mais on ne s’en remet jamais complètement. Je souhaite de tout coeur que la prochaine fois que vous verrez une personne subir de l’intimidation, vous agirez pour l’aider. Intimider, ce n’est pas cool. Apprenez à vos enfants que la différence, c’est bien

 

Simon Lachance.