j’irai seule
tu crieras les mots impossibles
dans le désert des cailloux
l’herbe sera pétrifiée
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j’ai la saveur amère des orties
je me glisse dans le feutre des mots
je me gomme
pour vivre
j’ai improvisé tant de pays
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j’existais
ailleurs
tu cherchais le chèvrefeuille
j’étais une courbature de la nuit
un enfantement du désarroi
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qui m’a couverte de ruines
pendant que je respirais
le temps
de l’aubépine
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caresse la terre
caresse les feuilles
mon corps remue sous la glaise
je suis née de tes moissons
par le veine et l’eau
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s’avança un enfant
dans la blessure de l’aube
parlez bas
son corps est une architecture de racines
des tuiles rouges sur la peau
parlez bas
c’est la vie qui coule
les fleurs qui chantent sur les cicatrices
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on m’envahit
on pèse sur ma vie
on pése ma mesure
je suis un paysage désolé
d’un nivellement parfait
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