Le Carnaval de Salvador de Bahia (2ème partie)

 

 

Dans cette seconde partie consacrée au Carnaval de Salvador de Bahia, on lira, en quelques mots, quelles furent ses origines et son histoire. On y lira également comment s’organise, chaque année, ce carvanal.

 

Pour ce faire, je vais donner la parole à ma femme, qui s’exprima sur le sujet, au nom du Brésil,  au cours d’une journée conférence organisée par l’Alliance Française de Lausanne (Suisse), où les élèves de l’école purent présenter les meilleures traditions de leur pays. 

La présentation que fit ma femme, à cette occasion, du Carnaval de Salvador, comporte deux volets : a) des renseignements sur le carnaval proprement dit; et b) une partie plus personnelle qui est présentée ici afin de montrer comment les organisateurs du carnaval vivent, de l’intérieur, la préparation d’un pareil événement. 

 

Voici donc cette présentation.

 

Carnaval de Salvador de Bahia,  Brésil

Salvador, une ville qui attire les gens par ses beautés naturelles, la sympathie de sa population et le carnaval, cette manifestation de grande joie et d’allégresse. Le carnaval de Salvador est une fête de participation populaire comme il n’en existe nulle part ailleurs, vibrant au son du Trio Electrique.

 

L’historique du carnaval se divise en trois grandes périodes :

1) la naissance
2) la période intérmédiaire
3) la période récente

 Le carnaval prend forme au 19 ème siècle. En 1882 des hommes noirs, masqués, se réunissent pour la première fois le dimanche précédent le Carême. Cette manifestation, appelée entrudo, est rapidement interdite par l’Eglise Catholique. L’entrudo se poursuit néanmoins chaque année dans les rues de certains quartiers de la cité. Tandis que les Noirs arpentent la rue en chantant et en dansant au rythme des airs venus d’Afrique, les Blancs, gagnés eux aussi par l’envie de faire la fête, s’organisent en clubs privés. Polkas, valses et quadrilles agrémentent les festivités, lesquelles s’inspirent du carnaval de Venise.

 

 La  période intermédiaire s’étend de 1884 à 1949 et se caractérise par la prépondérance du char allégorique, lui-même remplacé en 1949 par le trio électrique. En 1888,  l’entrudo, cette manifestion interdite au départ, est finalement officialisée sous la pression populaire et devient le carnaval de Salvador. En 1895 les Noirs Nagos organisent le premier afoxé, qu’ils nomment Embaixada Africana. L’afoxé est un groupe de gens qui défilent, jouent et dansent dans la rue avec des costumes et objets venus d’Afrique. Avec le temps, les afoxés défilent dans des endroits toujours plus élégants. En 1949, année du 4ème centenaire de la ville de Salvador, se constitue l’afoxé « Fils de Gandhi», en hommage au mahatma Gandhi qui vient d’être assassiné en 1948.

 

 La période récente se caractérise par un mélange de différents rythmes  (frevo, axé, samba, MPB, etc.) pour le plus grand plaisir des carnavaliers.

 

Expérience personnelle

Je participai pour la première fois au carnaval lorsque, enfant de 3 ans, j’accompagnai ma famille. Ma mère aimait beaucoup cette manifestation.  A 19 ans, je reçus une invitation pour faire partir de la direction de l’afoxé Filles de Gandhi, créé le 2 juillet 1979 par l’un des directeurs de l’afoxé Fils de Gandhy. A cette occasion, j’entendis les nombreuses protestations des femmes et des jeunes filles à l’encontre du bloc Fils de Gandhi, qui refuse l’accès aux femmes depuis sa création en 1949. Dès mon entrée au sein du groupe, je m’occupai des affaires sociales et de l’organisation. A 20 ans, je fus chargée des relations publiques. Plus tard, je participai à la coordination du carnaval en concertation avec les entreprises touristiques et la préfecture.  Avant d’avoir 19 ans,  je fus punie plusieurs fois par ma mère. En effet, si durant l’année je n’obtenais pas de bonnes notes à l’école, elle me privait de carnaval un jour ou deux. A cette époque, je commençai à sortir avec le bloc Afro Ilé Aiyé, sortie qui dura une bonne dizaine d’années.

 

La préparation du carnaval

Celle-ci commence dès que le précédent carnaval s’achève (plus précisément 2 semaines après son achèvement) et dure 8 à 10 mois. Tous s’activent aux préparatifs : membres de la famille, amis, collègues des écoles ; ce beau monde se réunit pour organiser le plus beau des carnavals, cette fête à nulle autre pareille. Sa préparation est une entreprise hautement gratifiante bien qu’occasionnant beaucoup de travail, de fatigue et de nuits sans sommeil. Durant la période du carnaval, Salvador reçoit des touristes venus du monde entier. La ville est alors pleine de couleurs, de soleil, d’harmonie et de beauté.  Auparavant, et pour des mois, les délégués des blocs se réunissent pour préparer le carnaval. Le comité d’organisation s’occupe entre autres des activités suivantes : décoration de la ville, préparation du cortège, planification des jours réservés à chaque bloc au sein du défilé, positionnement des blocs, etc. Plusieurs tracés sont discutés, chacun mesurant de 3 à 5 kilomètres. On débat également pour savoir quels vêtements seront portés par les différents blocs et quels thèmes accompagneront la décoration de la cité. Au total un immense travail est donc dépensé pour une  fête qui durera finalement 7 jours, où les gens dansent, boivent, mangent et sont heureux.  Car c’est l’été (il fait 40 degrés) et l’été est synonyme de joie de vivre.

 

Les organes responsables du carnaval sont  :

– la préfecture
– le gouvernement de l’État de Bahia
– Bahiatursa (organe touristique)
– les directeurs des blocs et groupes participant à la fête

 

Fiche de quelques blocs très connus

Les Cameleõ (bloc de trio)  : apparaissent en 1978, sous l’égide d’un groupe d’amis de l’université. Leur nom est un hommage aux caméléons de la place de la piedade.

Ilé Aiyé (bloc afro) : apparaît en 1974 et est à l’origine du mouvement de réafricanisation de la fête. Il fut lui aussi créé par un groupe d’amis.

Alerta geral (bloc de percussion) : se distingue des autres blocs par le port du chapeau panama.

Afoxé Filhos de Gandhy : bloc composé uniquement d’hommes et conçu pour rendre hommage au célèbre Mahatma Gandhy, grand pacifiste indien et fondateur de l’Inde moderne.