La réforme pénale de Christiane Taubira

Depuis qu’elle est devenue cette icône du mariage pour Tous, Christiane Taubira s’est vue comme définitivement clouée au pilori. Malgré ce désamour ambiant, la garde des Sceaux a maintenu le cap : son projet de loi sur la réforme pénale vient d’être consacré haut la main, en première lecture, avec 328  contre 221 voix, au grand dam de tous ses détracteurs. 

A en croire les rumeurs alimentées par les minutieux soins de ces derniers, Christiane Taubira, partisane forcenée du laxisme, serait partie pour ouvrir grand les portes de ces cages aux fauves afin de les désengorger ; quitte à payer le prix fort, mettant ainsi à mal la sécurité déjà en berne de ses concitoyens ! 

Son projet de loi, "peine de probation" avant de devenir "contrainte pénale", taxé "d’instaurer une impunité légale", ne concerne pourtant pas les auteurs de meurtres, de viols ou de quelconques délits passibles d’une incarcération de plus de cinq ans ; il s’adresse aux personnes qui se sont rendues coupables de petites infractions, comme celles de conduire avec une alcoolémie déconseillée, de ne pas s’être acquitté de leurs pensions alimentaires, d’avoir commis de petits larçins,etc,etc. 

Quel mal y a-t-il à ce qu’une réforme pénale s’intéresse à la finalité de la sanction plutôt que d’appliquer mécaniquement, dans ces cas précis, un système inquisitoire, voué à terme à l’échec. Exit donc les peines plancher datant de l’ère Rachida Dati où le durcissement de peine tenait lieu à lui seul de remède à la récidive ; méthode qui s’est soldée par un échec traduit par des chiffres croissants en terme de suicides et de récidives. 

Place désormais à un appel d’air avec cette formule sur mesure destinée à donner une chance à ces délinquants qui ont eu le malheur de se perdre. Au menu, une prison hors les murs comprenant une panoplie de mesures restrictives, y compris des travaux d’intérêt général, l’indemnisation de la victime et une obligation de soins. 

Une approche pétrie d’humanité avec pour objectif de guérir le délinquant plutôt que de le punir à la mode des pays tiers-mondiste, les jetant tels des déchets dans les prisons. Si toutefois le délinquant ne saisit pas la perche qui lui est tendue en ne respectant pas les obligations qui lui incombent, la révocation de la contrainte pénale entre en jeu : se profile alors pour lui le retour  au milieu carcéral. 

La contrainte pénale, une réforme à priori ambitieuse mais encore faudrait-il qu’elle puisse se concrétiser tant sont gigantesques les moyens humains  qu’elle nécessite, nous dit-on. Savoir cerner un délinquant pour trouver le traitement adéquat est une toute autre paire de manches, non moins complexe ! Après la grotesque loi sur le mariage pour tous,  cette réforme  qui fait polémique me semble mériter bien plus d’intérêts qu’elle ne suscite…