Et si l’anguille disparaissait ?

    L’anguille qui peuple nos rivières, celle qui nait dans la Mer des Sargasses et arrivent trois ans plus tard sous le nom de civelle puis grandit et repart pour de nouveau se repeupler là où elle est née, l’anguille va certainement être une espèce préservée dans les années à venir. 

En effet, elles sont de moins en moins nombreuses à arriver sur nos côtes ces petites civelles qui ont défié les courants marins et les prédateurs. 

La faute à qui ou à quoi ? 

Au changement de destination des courants marins,  à la multiplication des navires qui rejettent des déchets dans l’Océan sur le parcours des civelles, également à l’accroissement du nombre de ces mêmes bateaux. En effet, les turbines broient des milliers voire des millions de ces minuscules poissons… 

Et puis, plus près de nous, les barrages qui sont un frein à l’arrivée des civelles dans les cours d’eau comme la Vilaine qui est "fermée" depuis quelques années maintenant à Arzal. Les civelles ont non seulement beaucoup de mal à entrer en eau douce mais en plus elles sont pêchées à 90% à cet endroit par les pêcheurs professionnels ou non. 

 

Celles qui arrivent à passer à travers, remontent ensuite difficilement vers le haut du fleuve. Pourquoi ? simplement parce qu’il est entrecoupé de nombreux barrages qui ralentissent la progression des alevins. Les turbines installées sur les barrages ou les éclusent aspirent et broient les civelles ou plus tard les anguilles devenues adultes.

Et puis, ensuite, lorsque la civelle se transforme et grandit, elle est la proie des prédateurs comme les silures de plus en plus nombreux en Vilaine. 

La pêche professionnelle est aussi montrée du doigt. Il y a quelques années, la pêche n’était pas réglementée et on pouvait prendre autant d’anguilles que l’on voulait que ce soit en pêche professionnelle que particulière. 

D’autres causes encore contribuent à sa disparition, les déchets rejetés par les usines, la navigation de plus en plus présentes sur les cours d’eau font que cette espèce est maintenant considérée comme espèce à risque.

 

Il est vrai que l’on ne voit plus autant d’anguilles qu’il y a quelques années. Il était courant de se faire "couper" le fil de la canne à pêche par une anguille maintenant c’est beaucoup plus rare. 

Comment ? 

L’anguille attrape sa proie et va se cacher au fond de la rivière ou dans des cailloux pour la manger. Au moment de la touche, le pêcheur sent une résistance, il ferre et c’est à ce moment que l’anguille se cache. Et le pêcheur essaye vainement de tirer sur le fil pour ramener sa prise, le fil finit par couper sous la pression : chacun tirant de chaque côté !!

Et tous les pêcheurs vous le diront, la touche de l’anguille est spéciale justement parce que le poisson ne bouge plus !

 

En attendant, des directives devraient être prises pour limiter encore plus ou même interdire la pêche à l’anguille. 

Cela devrait limiter le dépeuplement. 

Mais qu’en est-il des barrages qui détruisent la plupart des spécimens ? Là aucune réponse !

 

En attendant, une petite recette qui me vient de ma grand mère. 

1 kg d’anguilles pas trop grosses

3 belles échalotes

sel et poivre

farine

1/4 de litre de vin blanc moelleux (Jurançon par exemple)

beurre

 

Coupez les  anguilles en tronçons, essuyez-les puis farinez. 

Mettez le beurre à fondre dans une poêle, ajoutez les échalotes hachées. Faites blondir.

Ajoutez les tronçons d’anguilles, faites dorer légèrement puis déglacez avec le vin blanc. 

Baissez le feu, couvrez et laissez mijoter pendant 15 minutes environ. 

Salez et poivrez, vérifiez la cuisson. 

 

Servez avec des pommes de terre à l’anglaise.

 

Il y a bien longtemps que je n’ai pas mangé une bonne matelote !