Réforme du système de notations: entre mythes et réalités…

 

Réforme du système de notations : entre mythes et réalités

 

Depuis des années on nous ressasse sans cesse qu’il faut supprimer les notes au collège et au Lycée. Mais d’où vient cette idée de supprimer ce moyen d’évaluation? Pourquoi faut-il s’en défaire? Et que mettrons-nous à la place?

 

Au départ, l’intention était louable. On voulait une école plus égalitaire où tout le monde pourrait réussir indépendamment des origines socio-culturelles. Alors, des ministres (toute tendances confondues) ont proposé d’amener 80% d’une classe d’âge au bac. Mais après l’annonce faite aux français, il fallait passer de l’effet d’annonce aux faits. Pour cela, on pouvait compter soit sur un miracle, soit sur l’avènement d’une génération de génies, soit sur des professeurs utilisant des méthodes magiques ou de manière plus pragmatique, il fallait baisser le niveau.

Comme cela était insuffisant, lors des examens, des consignes de correction permettaient de majorer le nombre de candidats reçus. Malgré tous ces efforts, on ne réussissait toujours pas (même si on s’en rapprochait) à atteindre les objectifs fixés. Devant l’impasse où se trouvaient les "partisans des 80%", on a décidé de faire appel à de savants psychologues. Ces derniers se sont alors armés de tout leur savoir pour en arriver à la conclusion qu’il fallait réformer les rythmes scolaires et supprimer les notes.

Ici, nous ne nous intéresserons qu’à la notation.

Quelle merveilleuse idée! Si un élève a des difficultés d’apprentissage, en supprimant les notations chiffrées, il deviendra sans doute un admirable érudit en route vers le prix Nobel. Dans le même ordre d’idées, on pourrait envisager de supprimer les salaires pour mettre un terme aux inégalités sociales. Et pourquoi ne supprimerait-on pas le travail, après tout? Trêve d’ironie et essayons de comprendre quels arguments permettent d’envisager d’éradiquer les notes. Le plus fort est celui qui prétend que la note démotive un élève en difficulté. Or, il suffit de mettre assez souvent les pieds dans une salle de classe pour comprendre que certains élèves (surtout au collège) ne travaillent que pour la note. Et il est assez fréquent de voir des élèvent qui n’ont pas fait un devoir parce qu’il n’était pas noté en ajoutant: "Ca sert à rien! C’est pas noté".

Mais en réalité que propose-t-on à ces élèves en difficulté? Rien, malheureusement, et c’est là que se trouve le véritable "sadisme" du système. En effet, on ne propose aucun moyen pédagogique, aucune méthode de remédiation aux difficultés des élèves en difficulté. Pire, on supprime les rares outils existants, comme ce fut le cas des défunts dispositifs RAZED. On mène royalement la politique de l’autruche, comme s’il suffisait de supprimer le système de notation pour effacer miraculeusement les difficultés scolaires. La note chiffrée ou non est un indicateur comme un autre mais ce n’est pas en la supprimant qu’on résoudra les problèmes du système éducatif français qui est beaucoup plus profond. Aujourd’hui, il semble que l’objectif de la France est de terminer au dernier rang du classement PISA, mais après tout, on s’en fout, nous on supprime les notes et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais pourquoi veut-on mettre fin au système de notation chiffré qui est utilisé depuis des siècles.

 

La première raison est semble-t-il, d’ordre idéologique. Des psychologues, autoproclamés pédagogues, se sont penché sur la question avec tout le sérieux des gens qui n’y connaissent rien. Et par le petit bout de leur lorgnette on trouvé que supprimer les notes permettrait aux élèves en difficultés de mieux réussir. Il est évident que ne plus évaluer un élève ou lui donner une évaluation incompréhensible ne le dévalorisera certainement pas. Mais il n’aura pas pour autant un bon niveau. Il s’agit là d’une réelle avancée sociale. Pour vivre heureux et ne plus recevoir de mauvaises nouvelles, supprimons le messager. C’est comme si on voulait supprimer les analyses médicales pour éradiquer les maladies. Après tout, c’est aussi angoissant.

Si on se penche sur les pays qui ont déjà supprimé les notes le bilan est plutôt mitigé. Certains pays (généralement nordique) ont réussi à abandonner une système de notation chiffré. Mais c’est généralement au primaire et plus rarement au secondaire. D’autre comme la Belgique, sont sur le point de revenir à un système chiffré. De plus, ce système, malgré tous ses défauts paraît le plus efficace et le plus synthétique. Il est aussi trop ancré dans la culture française pour être défait sans réticences.

Cependant, il n’est pas question d’abolir tout système d’évaluation mais plutôt d’effectuer un remplacement. Mais alors, par quoi remplacera-t-on la note chiffrée ?

 

Personne ne propose la suppression de toute évaluation, mais de changer la manière de rendre compte du niveau scolaire. Certains proposent de mettre en place un système de points de couleurs (par exemple vert, jaune, orange et rouge) que ce soit au collège ou au lycée. Or cette méthode utilisée en maternelle risque d’infantiliser les élèves, en particulier au lycée. Imaginons la scène surréaliste suivante : un adolescent 17 ou 18 ans rentre chez lui en disant à ses parents ; « aujourd’hui, j’ai eu trois point verts et un point jaune ». Pourquoi ne pas lui donner des bonbons ou des images ? Cela tend vers le ridicule absolu.

Qu’est-ce que cela va apporter ? Logiquement, un élève qui a eu un point rouge sur une leçon comprendra qu’il n’a pas compris et ne se sentira pas forcément valorisé si cela devait perdurer. Or, 3/20 ou rouge, ou est la différence pour l’élève ?

 

 

Changer le système de notation est une absurdité qui empêche de réfléchir aux véritables moyens à mettre en œuvre pour tenter de résoudre le problème de l’échec scolaire. Ce n’est certainement pas en mentant aux élèves, leur laissant espérer un meilleur niveau que le leur qu’ils apprendront. Ce qu’il faut en réalité, c’est donner des moyens de remédiation et créer des systèmes qui permettent aux élèves décrocheurs, à un moment donné de leur scolarité de retrouver un niveau acceptable. Mais le système de notation n’est pas la cause du problème. Ce n’est pas en changeant le miroir que le reflet deviendra plus joli !