Noé, le film de Darren Aronofsky

 Il a fallu cent vingt cinq millions de dollars pour l’adaptation de Noé, récit biblique à la sauce Darren Aronofsky. Le film nous rappelle les origines de l’implantation du mal sur terre avant sa généralisation à travers l’humanité : depuis qu’Adam et Eve ont eu le malheur de croquer dans la pomme, le jardin d’Eden s’est mué en enfer ; leurs enfants ont suivi leurs traces sur le chemin du Mal : Caïn tua Abel. Puis de  génération en génération, de péché en péché, l’humanité a fini inéluctablement par tomber en putréfaction… 

Les foudres divines ont été redoutables pour expurger ce fléau ; l’eau a tout englouti. Noé,(Russel Crowe) élu de Dieu, avait pour mission de construire l’Arche pour épargner du déluge les couples de chaque espèce animale. Des anges déchus, condamnés à supporter jusqu’à l’éternité leur carapace de pierre, étaient venus lui prêter main forte. Mathusalem semble veiller au grain. 

La suite, on la connaît, après le déluge, la décrue; l’Arche se retrouve enfin dans un petit paradis où les enfants de Noé sont appelés à croître et à se multiplier, ainsi que les animaux. Pour un film qui se rapporte au créationnisme, la violence tient une place prépondérante au point de rendre certaines séquences suffocantes. Noé n’irradie pas de lumière autour de lui.  D’une dureté implacable, il a ses propres faiblesses, ne fonctionne que par injonctions. Les tensions avec les membres de sa famille sont conséquentes. 

Aronofsky profite de son film pour notamment condamner la consommation de la viande quitte à faire une entorse à la parole de Noé, dictée par le Créateur. C’est comme une sorte de mise à jour de la mythologie censée sans doute la rapprocher de l’air du temps qu’il nous a concoctée. 

Noé, une prouesse cinématographique où la dimension esthétique est souvent époustouflante: un scénario grandiose à grands renforts d’effets spéciaux où musique et interprétation sont au diapason. Un casting de rêve entre Russel Crowe, Jennifer Connelly, Emma Watson, Logan Lerman, etc. 

Quant à l’essentiel inhérent à la mythologie, il n’est pas du tout palpable à mon goût, tout au long du film. Sauf si Aronofsky a voulu nous prouver qu’il y a défaut de fabrication de la création divine, que le ver est dans le fruit. Côté chrétien, ça a quelque peu dérangé ;  dans certains pays musulmans comme la Jordanie, le Qatar, l’Egypte, le film n’a pas eu droit de cité.

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